Transition écologique : comment le SGPE veut adapter l’offre aux besoins de formation

Alors que la territorialisation de la planification écologique suit son cours, le secrétariat général à la planification écologique a présenté ses démarches visant à mieux anticiper les formations nécessaires à la décarbonation de l’économie, lors de la troisième conférence des métiers et des compétences de France Stratégie. 

Comment adapter les formations à la planification écologique ? L’état de ce chantier complexe mais urgent, confié au secrétariat général à la planification écologique (SGPE), a été présenté à l’occasion de la troisième conférence des métiers et des compétences, organisée par France Stratégie le 8 octobre dernier. L’organisme interministériel créé à l’initiative d’Elisabeth Borne chiffre à 2,8 millions le nombre de personnes à former d’ici à 2030 pour répondre à ces besoins ainsi qu’au renouvellement générationnel. 

Une tâche bien moins simple qu’elle n’en a l’air. "Ce qui est frappant, c’est que, vu de loin, on pourrait croire qu’il n’y a pas de problème de moyens [...] Lorsqu’on fait la somme brute, on a le bon nombre de places, mais le diable est dans les détails : on a plus d’offres de formation dans certains secteurs, l’offre n’est pas adaptée aux territoires, et les gens ne veulent pas forcément y aller", constate le secrétaire général adjoint à la planification écologique, Frédérik Jobert.  Il faut aussi parvenir à un "langage commun" au niveau interministériel, un travail fastidieux qui entraîne bien des questions. Le métier d’éleveur est-il important pour la transition écologique ? Quid des éleveurs porcins, laitiers, etc. ? L’éleveur de visons est-il un métier vert ? "Malheureusement, cet exemple est réel [...] Il faut qu’on passe le temps nécessaire pour passer cette barrière, sinon on restera chacun dans nos silos à parler de nos chiffres, à faire nos propres rapports", a illustré l’ex-senior partner du Boston Consulting Group. 

Une territorialisation des besoins grâce aux Cop régionales

Néanmoins, le dossier avance. La territorialisation des besoins en compétences devrait se préciser dans le cadre des Cop régionales chargées de déterminer des actions concrètes à mettre en place en matière de transition écologique et énergétique. Le SGPE indique avoir reçu la "quasi-totalité" des feuilles de route issues de ce processus de concertation. En septembre, le Grand Est est la première région à avoir officialisé la sienne. (lire notre article). 

Ce travail est en cours en Provence-Alpes-Côte d’Azur, où le cap général est déjà fixé : économiser 6 millions de tonnes de CO2 d’ici à 2030. "On est en train de mettre en place la comitologie pour l’emploi", déclare Didier Mamis, secrétaire général aux affaires régionales de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans le bassin industriel du Fos-Berre, illustre-t-il, dix mille créations d’emplois sont déjà envisagées, notamment dans le photovoltaïque ou l’éolien en mer. "Les besoins s’affinent, sont très précis, quantifiés, et donc on peut mettre en face l’appareil de formation initiale et continue", annonce-t-il. Les fonds issus de l’AMI "Compétences et métiers d’avenir" de France 2030 ainsi que le Fonds de transition juste peuvent permettre de soutenir ces investissements. 

Un "observatoire emploi compétences 4.0" d’ici à 2025

France Travail est également à la manœuvre pour faciliter les transitions professionnelles. Avec la refonte de son répertoire opérationnel des métiers et des emplois, l’opérateur veut enrichir la description des métiers avec des compétences socles et additionnelles qui sont nécessaires. 3.000 fiches seront disponibles d’ici à 2025 dans lesquelles les métiers verts et verdissants sont présents. 

Outil complémentaire, l’Observatoire emploi compétences 4.0 qui a été construit avec le réseau des Carif-Oref verra le jour en 2025. "Il permettra aux décideurs, aux organismes de formation, aux entreprises, de visualiser à la fois les données du marché du travail, de l’offre disponible, et les données économiques", précise Charline Nicolas, directrice générale adjointe de la stratégie de France Travail. Et ce, par-delà des limites administratives régionales. 

Enfin, la Dares développe de nouveaux outils. Le premier outil permet de suivre l’évolution des compétences demandées par les entreprises dans le contexte de la transition écologique. Ses résultats ont été présentés sur 6 métiers : mécanicien, couvreur, façadier, chauffagiste, avocat, et architecte. Leur déclinaison au niveau départemental souligne de fortes disparités locales des besoins en compétences vertes. Le second outil propose une description très fine des transitions professionnelles qui permet de chiffrer et de mieux comprendre les problématiques autour des reconversions et des viviers de main-d’œuvre. 

Des plans nationaux sectoriels

L’Etat met également en œuvre des plans sectoriels visant l’adaptation à la transition écologique, dans des secteurs comme le bâtiment, l’énergie, le transport, l’agriculture, l’industrie, l’automobile, ou encore l’eau et les déchets. D’après un bilan publié en juillet 2024, plus de la moitié des emplois en lien avec les leviers de planification écologique sont couverts par des plans d’actions. 

La rénovation énergétique des bâtiments, où il faudrait former 650.000 personnes selon les estimations du SGPE, fait l’objet d’un plan d’action. Le transfert du référentiel RGE (garant de l’environnement) au sein des formations initiales "est un chantier qui prend du temps", a souligné le coordinateur du plan de rénovation énergétique des bâtiments Simon Huffeteau. La priorité a été pour l’instant donnée à la structuration de la filière, afin de "faire en sorte d’avoir une offre qui correspond à la demande des ménages".