Transformation numérique : le rétroplanning de l'État
Alors qu’il ne reste plus que 400 jours avant la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron, le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques (MTFP) a entrepris, jeudi 4 mars 2021, à l’occasion des dix ans d’Etalab, de donner un agenda pour cette période, une sorte de rétroplanning, afin "d’accélérer trois grands chantiers numériques".
Le premier concerne FranceConnect qui entend simplifier et sécuriser l’accès aux démarches en ligne. Les usagers étaient au nombre de 500.000 en 2017. Le MTFP en attend 20 millions en 2021 et se fixe pour objectif d'atteindre les 30 millions d'ici 2022. Ce calendrier de l’exécutif prévoit une ouverture de FranceConnect à Pôle emploi en mars 2021, à la CAF en juillet 2021, le lancement de FranceConnect+ pour les démarches demandant un niveau de sécurité plus élevé d’ici mai 2021 ainsi qu’une connexion aux identités numériques européennes à l’été 2021.
Le deuxième chantier concerne les démarches en ligne. Le dossier de presse du MTFP rappelle que 75% des 250 démarches les plus fréquemment réalisées par les Français sont déjà disponibles en ligne. L’objectifs en 2022 est de rendre 100% des démarches disponibles en ligne. Il souligne que 2,5 millions de dossiers administratifs ont été déposés en ligne plutôt qu’en papier depuis 2018 grâce à demarches-simplifiees.fr. Pour supprimer les pièces justificative, l'État a entrepris un vaste chantier de dématérialisation des échanges de données entre administrations (lire notre actualité du 3 mars 2021). Le troisième et dernier chantier concerne l'équipement des agents publics. 160.000 ordinateurs portables déployés depuis mars 2020.
Ce jeudi 4 mars, le ministère a par ailleurs fait part de trois nouveaux projets phares pour 2021-2022. En fait, ces projets ne sont pas nouveaux, ils sont simplement bordés par de nouvelles deadlines. Ainsi concernant la "politique publique de la donnée" qu'il veut "ambitieuse", il annonce qu'une feuille de route devra être fournie par chaque ministère sur la gouvernance, l’ouverture et la valorisation de ses données en septembre 2021. Lors du Comité interministériel de la transformation publique du 5 février 2021, l'État avait déjà annoncé cette "ambition" et ces annonces s'étaient avérées bien en deçà des recommandations du rapport Bothorel dont la feuille de route revendique pourtant la filiation (lire notre article du 9 février). Il entend afficher onze nouvelles politiques publiques dans le baromètre des résultats de l’action publique en avril 2021 et ouvrir 60 jeux de données et codes sources en 2021. Le gouvernement a par ailleurs rappelé que 6 millions d’euros avait déjà été attribués depuis le 1er janvier 2021 par France Relance pour des projets liés aux données.
Concernant le cloud, une stratégie de l’État sera présentée en mars 2021 pour répondre à quatre enjeux. Il s'agira pour lui de mobiliser les "meilleures solutions numériques", "d'assurer la protection des données et la sécurité informatique", de "garantir la souveraineté numérique" ainsi que de contribuer "au développement de la filière numérique européenne".
Enfin, son troisième projet consiste à "penser le numérique public de 2030". Il pense pour ce faire mobiliser des méthodes de prospective "rigoureuses, en associant très largement des experts de toutes les disciplines (philosophes, sociologues, scientifiques, etc.) et la société civile".