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Intercommunalité - Transferts de personnels : un défi qui n'est pas gagné d'avance

Jusque-là peu abordé, le volet ressources humaines de la refonte de la carte intercommunale pourrait générer de sérieuses difficultés s'il ne fait pas l'objet d'une attention particulière. Une récente étude qui aborde le ressenti des agents apporte des clés pour réussir ce chantier, alors que le contexte financier morose ne facilite pas les choses.

Les agents qui oeuvrent dans les intercommunalités après avoir été employés dans les communes sont globalement satisfaits des conditions de leur intégration et de leur travail chez leur nouvel employeur. C'est ce qui ressort d'une étude du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et de l'Assemblée des communautés de France (ADCF) rendue publique au début du mois, qui s'appuie sur les témoignages de 70 agents issus de 7 communautés de toutes tailles. Une conclusion rassurante à l'aube d'une importante vague de transferts liés aux changements de périmètres et aux fusions qui seront consécutifs à la mise en œuvre de la réforme territoriale.
Rejoindre une intercommunalité n'est pourtant pas une mince affaire, quand on vient d'une commune. Le passage d'une structure de gestion à une administration de projet constitue un véritable "choc culturel". L'exercice exige de la part des personnels concernés "d'importantes capacités d'adaptation au changement", aussi bien "sur le plan des méthodes de travail que d'un point de vue organisationnel". Les agents se sont cependant, dans l'ensemble, prêtés au jeu. Il est vrai qu'ils portaient, avant leur transfert, un regard plutôt positif sur l'intercommunalité. Celle-ci étant fréquemment associée à une image de dynamisme, d'avenir, d'expertise et de moyens financiers supérieurs à ceux des communes. Les agents ont, aussi, vite perçu d'autres avantages, comme des opportunités de mobilité plus nombreuses, ou le fait de travailler avec des équipements neufs, en général.

Accompagnement des transferts

La transition d'un univers professionnel à un autre a aussi, souvent, été facilitée par un accompagnement des employeurs. Celui-ci est d'autant plus apprécié des agents que ceux-ci se sentent écoutés. Lorsqu'elle a eu lieu, la participation de l'ancien employeur au dispositif d'information a été un facteur de succès des transferts, relève l'étude. "La cohérence du discours, notamment entre structure d'origine et structure d'accueil, paraît être un élément déterminant dans l'adhésion des agents à leur nouvelle collectivité et pour fonder une relation de confiance", constate-t-elle par ailleurs.
Un autre facteur décisif de succès a résidé dans la mise à niveau des régimes indemnitaires, en prenant comme référence le régime le plus favorable. Bien que coûteuse, cette option a permis de déminer les craintes qu'avaient les agents s'agissant de l'évolution de leurs conditions de travail.

De nombreuses craintes chez les agents

Les communautés pourront-elles réunir toutes ces conditions pour réussir les transferts à venir ? Probablement pas l'ensemble des communautés : dans un contexte de tension sur les finances locales, les plus fragiles financièrement ne pourront pas faire de gros efforts sur les rémunérations ou les conditions de travail. Les nouveaux transferts vont donc probablement poser des difficultés à certaines communautés. D'autant plus que, dans le même temps, celles-ci vont voir monter l'inquiétude des personnels déjà en place. Ceux des petites communautés, en particulier, craignent que la croissance de leur structure n'entraîne "une perte de proximité et de qualité dans les relations humaines".
L'étude met aussi en garde les communautés contre la "lassitude" ressentie par certains agents communautaires face à la succession des changements opérés, parfois dans des temps très courts, par leurs structures.
Les défis à relever au cours des prochaines années pour les élus et les services des ressources humaines des communautés ne seront donc pas simples, d'autant que ces services s'avèrent, parfois dans les premiers temps, sous-dimensionnés, fait remarquer l'étude.