Transports - Transfert des Intercités ou TET aux régions : l'Occitanie n'est pas d'accord, les syndicats de cheminots non plus
"La région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée ne demande à l'Etat aucun transfert de gouvernance des Trains d'équilibre du territoire (TET). Parce que leur vocation, c'est-à-dire pallier les déséquilibres territoriaux de notre pays, relève bien pour moi de la compétence de l'Etat", a déclaré Carole Delga le 21 juillet, en réaction aux annonces faites par Alain Vidalies, secrétaire d'Etat chargé des transports, concernant l'avenir des Intercités ou TET.
Pour les TET de jour, "je souhaite de véritables liaisons inter-régionales avec une vision d'ensemble de la desserte nationale", a affirmé la présidente de région dans un communiqué, en rappelant qu'il s'agissait de l'"une des premières attentes" ressortant des Etats généraux du rail et de l'intermodalité clôturés le 9 juillet dernier. "Je défends une liaison Bordeaux/Toulouse/Montpellier/Marseille plus efficiente qu'elle ne l'est aujourd'hui et qui doit être pensée dans la perspective de l'arrivée prochaine de la LGV à Bordeaux, souligne Carole Delga. J'ai encouragé la modernisation des liaisons Paris/Orléans/Limoges/Toulouse (POLT) et Toulouse/Hendaye pour laquelle la région Occitanie/Pyrénées-Méditerranée soutient financièrement la régénération. Je souhaite, enfin, le maintien des lignes Béziers/Clermont-Ferrand (Aubrac) et Nîmes/Clermont-Ferrand (Cévenol). Parce que je considère que ces lignes, au sein de notre région, desservent notamment des territoires ruraux très enclavés et ont une véritable utilité sociale pour nos concitoyens."
Pour les TET de nuit, a poursuivi Carole Delga, "nous avions jusqu'ici l'assurance du maintien des lignes Paris/Rodez et Paris/Toulouse/Latour-de-Carol. L'incertitude demeurait concernant Paris/Toulouse/Cerbère et Paris/Toulouse/Tarbes/Hendaye dont le ministre a annoncé (…) le maintien jusqu'au 1er juillet 2017." La présidente de région rappelle avoir proposé à l'Etat d'ajouter aux services de nuit Paris/Toulouse/Rodez/Latour-de-Carol deux branches, permettant de conserver l'offre nocturne actuelle vers Cerbère et Hendaye. "L'examen conduit par les services de l'Etat et de la SNCF a montré toute la pertinence de cette proposition et ce particulièrement du point de vue économique puisqu'elle permet une rationalisation effective des moyens tout en préservant le niveau de service dont les usagers ont besoin", souligne Carole Delga. Selon elle, "les Régions n'ont ni la vocation ni les moyens de supporter le financement de l'exploitation des trains de nuit qui, par essence, relèvent de la responsabilité de l'Etat".
"Service minimum de l'aménagement du territoire"
Les syndicats de cheminots voient aussi dans les annonces d'Alain Vidalies concernant les Intercités et notamment ceux de nuit la marque d'un désengagement de l'Etat en termes d'aménagement du territoire. Le gouvernement "tire un trait sur la cohérence territoriale et l'aménagement du territoire assurés par ces trains", a réagi la CGT-cheminots dans un communiqué, en dénonçant une "saignée" pour les trains de nuit. Ces décisions "tournent le dos au nécessaire développement du service public ferroviaire ainsi qu'à une véritable réponse aux enjeux écologiques", souligne le premier syndicat à la SNCF, qui craint des "conséquences dramatiques" pour les usagers, l'emploi et les conditions de travail des cheminots.
Pour l'Unsa-ferroviaire, deuxième syndicat de l'entreprise, avec le transfert aux régions des TER, la suppression des trains de nuit, c'est "vraiment le service minimum de l'aménagement du territoire". Le gouvernement est "en train de sacrifier le ferroviaire au bénéfice des bus", "on le déplore fortement", a dit à l'AFP son secrétaire général Roger Dillenseger. L'Unsa aurait "aimé un plus grand engagement du ministère", "une politique plus dynamique en termes d'offres, de matériel" concernant les trains de nuit, a-t-il ajouté.
Quant au syndicat CFDT-Cheminots, il n'est "pas très content" non plus. "Rien n'a été fait depuis des années pour améliorer le service des trains de nuit et inciter les voyageurs à les prendre, donc automatiquement ils sont vides", a dit à l'AFP son secrétaire général adjoint Philippe Beaumont. A une période où "on parle d'environnement, d'aménagement du territoire", le gouvernement "abandonne ainsi l'équilibre du territoire", a affirmé le responsable du quatrième syndicat à la SNCF. Les usagers, dit-il, "au lieu d'avoir des bus sur la route, préféreraient avoir des trains de nuit à des prix abordables".
La Fnaut veut un "programme ambitieux de renforcement de l'offre"
La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a aussi accueilli les annonces gouvernementales avec inquiétude. Selon elle, "l'offre TET de jour reste à définir". La Fnaut se dit toujours dans l'attente d'"un programme ambitieux de renforcement de l'offre TET, intégrant toutes les dessertes à moyenne et longue distances hors TGV". Par contre, elle ne voit pas d'un si mauvais œil le transfert de 16 lignes TET aux régions. Celui-ci, qui "doit impliquer le maintien des subventions de l'Etat", "peut favoriser une meilleure cohérence TER/TET et conduire à une offre mieux adaptée aux besoins des territoires desservis, estime-t-elle. Mais l'offre Intercités doit rester clairement identifiable par le public, et intégrée en ce qui concerne l'information, la billettique et la tarification".
Pour la Fnaut, les besoins de déplacement ne se limitant pas aux seules relations entre les métropoles régionales et Paris, les trains de nuit restent aussi nécessaires malgré l'extension des dessertes TGV. Sinon, prévient-elle, la clientèle ferroviaire se reportera sur l'avion et la route. Selon elle, l'appel à manifestation d'intérêt lancé auprès des opérateurs privés, "et dont l'échec était prévisible", doit être revu : "les nouveaux opérateurs doivent pouvoir exploiter aussi des trains TET de jour, dont le bilan économique est plus favorable que celui des trains de nuit", propose-t-elle.