Tests salivaires à l'école : les personnels de l'Éducation et des collectivités en renfort
Alors que les tests salivaires de dépistage du Covid-19 se déploient à grande échelle avec la rentrée des élèves de la zone C, les personnels de l'Éducation nationale et des collectivités ont été invités à participer aux opérations de prélèvement. Une participation qui pose question et a entraîné une mise au point de Jean-Michel Blanquer.
Comment les personnels de l'Éducation nationale et des collectivités territoriales vont-ils encadrer les prélèvements salivaires pour le dépistage du Covid-19 à l'école ? C'est la question qui préoccupe le monde de l'éducation alors que Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, était aujourd'hui, lundi 1er mars 2021, en déplacement dans une école de Vésoul dans le cadre du déploiement de la campagne de tests.
Les tests salivaires, autorisés par la Haute autorité de santé (HAS), sont les moins contraignants de tous les tests disponibles et donc particulièrement adaptés pour les enfants. Jeudi 25 février, lors de sa conférence de presse, le Premier ministre Jean Castex avait fixé l'objectif : "L’accès aux tests est facilité, notamment dans les établissements d’enseignement avec le déploiement des tests salivaires qui doivent rapidement nous permettre de tester 300.000 enfants par semaine – près de six fois plus qu’aujourd’hui."
Mis en œuvre dès la semaine dernière chez les élèves de la maternelle et du primaire – sur la base du volontariat et avec accord des parents – de la zone A (Poitiers, Bordeaux, Limoges, Clermont-Ferrand, Lyon, Grenoble, Dijon, Besançon), les tests salivaires vont connaître à partir du 1er mars une accélération avec le retour en classe des élèves de la zone C (Paris, Versailles, Créteil, Toulouse, Montpellier).
"Étiquetage des flacons"
C'est dans ce contexte qu'une "notice pour l'organisation du recueil salivaire dans les écoles" a fuité sur les réseaux sociaux. On peut y lire : "Un personnel du laboratoire est présent sur chaque opération de dépistage. Lors de la première intervention du laboratoire dans l'établissement, il présente les modalités du dépistage et forme les personnels à la supervision du recueil des prélèvements. L'encadrement de ces prélèvements est par la suite assuré par les personnels de l'Éducation nationale et des collectivités territoriales." La notice cite ensuite les opérations que ces personnels devront assurer, outre la supervision du prélèvement lui-même : étiquetage des flacons et contrôle des conditions de prélèvement préconisées par le laboratoire.
Si cette notice n'a pas la valeur d'une circulaire ministérielle, son contenu est confirmé par un communiqué de l'agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France daté du 1er mars : "Les prélèvements sont supervisés par le personnel des laboratoires intervenant dans l’école, qui y acheminent directement le matériel de prélèvement. Des agents des rectorats de Paris, Créteil et Versailles pourront être mobilisés, ainsi que des médiateurs de lutte anti-Covid voire des renforts des collectivités locales."
Le "coup de main" des collectivités
Les syndicats enseignants n'ont pas tardé à réagir. Pour le Snuipp, si "ces tests sont un élément incontournable dans la politique de détection et la gestion des cas de Covid, […] pour l’instant, les équipes des écoles n’ont que très peu d’informations sur la mise en œuvre de cette campagne de tests, […] le panel des écoles testées recèle des méthodologies très différentes [et] le choix semble laissé à l’appréciation de chaque rectorat ou direction académique". Pour le syndicat majoritaire chez les enseignants du premier degré, l'inquiétude porte surtout sur la participation des enseignants à la campagne de prélèvements. "Dans certains départements, les équipes enseignantes seraient même mises à contribution pour réaliser les tests après une 'formation' expresse délivrée par un personnel de laboratoire d’analyses médicales", dénonce-t-il. L'Unsa, alertée "par des retours de l’académie de Lyon selon lesquels les prélèvements seraient effectués par les personnels des écoles et collèges", est plus réticente encore : "Les enseignants, les CPE, les assistantes d’éducation, les personnels administratifs, techniques, les AESH ou encore les assistants de service social n’ont pas à enfiler un équipement de protection individuel pour recueillir la salive des enfants et des jeunes, même après avoir suivi une 'formation'." Lors de son déplacement à Vesoul, Jean-Michel Blanquer les a en partie rassurés. Les seuls personnels directement impliqués seront ceux des ARS, ainsi que les personnels de santé de l'Éducation nationale. "Le reste des personnels de l’Éducation nationale peuvent être volontaires pour aider dans la supervision vis-à-vis des enfants ou le suivi administratif", a précisé le ministre.
Du côté des collectivités territoriales, le son de cloche est différent. Elles sont prêtes à aider mais se posent encore des questions en termes d'organisation et de moyens. "Depuis le début de la crise sanitaire, les collectivités sont là pour donner un coup de main et il n'y a pas lieu de modifier cette doctrine", estime Agnès Le Brun, référente-experte sur les questions d'éducation à l'Association des maires de France (AMF), jointe par Localtis. Mais, ajoute-t-elle, "il faut que ces opérations soient coordonnées" : "Les prélèvements vont-ils se faire sur le temps scolaire ou périscolaire ? Va-t-on recourir aux Atsem ou à des personnels extérieurs à l'école ? Étant donné que certaines structures municipales ont fermé avec la crise, il pourrait y avoir une mise à disposition de leurs personnels sur la base du volontariat, et bien évidemment selon les moyens dont chaque collectivité peut disposer. De toutes façons, le déploiement de ces tests va prendre du temps."