Aménagement - Terres agricoles : l'urbanisation se poursuit à bon rythme
Avec 45.000 hectares cédés pour un montant cumulé de 4,5 milliards d'euros, le marché des terres agricoles destinées à l'urbanisation (infrastructures, zones d'activité, de loisirs, logements individuels et collectifs) a régressé en 2008 tant en nombre (-10,6%), qu'en surface (-8,4%) et en valeur (-8,6%), selon la dernière étude sur le marché immobilier rural présentée ce 28 mai par la Fédération nationale des Safer. Il s'agit du premier recul sensible observé depuis 1997-98, a souligné Robert Levesque, directeur de Terres d'Europe-Scafr, le bureau d'études de la FNSafer. Il est dû au retrait des acteurs privés qui a commencé à se manifester à la fin 2007 pour les personnes physiques et, avec quelques mois de décalage en 2008 pour les personnes morales. Par contre, la crise n'a pas ralenti les interventions des collectivités sur ce marché puisque leurs acquisitions ont continué à augmenter en nombre et en valeur jusqu'à la fin 2008. La pression urbaine reste particulièrement forte sur le littoral, dans le périurbain proche des grandes agglomérations et le long des grands axes de communication. Au rythme actuel, l'artificialisation absorbe plus de 70.000 hectares par an. "On continue à poursuivre le gaspillage des terres agricoles. Alors que la moyenne mondiale pour fournir des logements et des infrastructures à 1.000 personnes est de 40 hectares, ce chiffre est multiplié par deux en France", a mis en garde André Thévenot, président de la FNSafer. L'étalement urbain est donc loin d'être freiné et les équilibres écologiques et territoriaux en pâtissent. Mais pour le président de la FNSafer, la préservation des espaces agricoles n'est pas qu'un enjeu environnemental. "La question de la sécurité alimentaire est devant nous, au même titre que celle de la ressource en eau. Au moment où l'on assiste de la part de certains Etats à une ruée sur les terres agricoles de plusieurs pays, on peut se demander si la France restera longtemps épargnée par le phénomène et si elle dispose de protections suffisantes." Selon lui, le Grenelle de l'environnement n'a pas prévu de solutions pour mieux protéger les terres agricoles et la législation actuelle est insuffisante. "Les ZAP (zones agricoles protégées, NDLR) et les PAEN (périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains, NDLR) ne produisent aucun effet. Nous demandons aujourd'hui un zonage pérenne et généralisé des terres agricoles pour freiner l'hémorragie."
Anne Lenormand