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Transports - TER : la SNCF sur la voie de la régionalisation

Décentralisation de l'organisation pour faciliter le dialogue avec les régions, meilleure transparence sur les tarifs qui leur sont facturés : Alain Le Vern, directeur général TER et Intercités de la SNCF, a présenté sa feuille de route ce 8 avril.

Quatre mois après avoir troqué sa casquette de président de la région Haute-Normandie contre celle de directeur général Régions et Intercités de la SNCF, Alain Le Vern a présenté ce 8 avril sa feuille de route pour le TER, qui s'inscrit dans le cadre du plan stratégique "Excellence 2020" de l'opérateur ferroviaire. "Nous voulons renouer le lien avec les régions et rétablir un climat de confiance", a assuré l'ancien élu. Il est vrai que les occasions de friction n'ont pas manqué ces derniers mois entre les régions, autorités organisatrices des TER, et la SNCF. Une partie de bras de fer largement alimentée par des raisons financières : souvent premier budget des régions devant les lycées, le TER leur coûte de plus en cher (4,4% de hausse par an, selon les derniers chiffres de l'Association des régions de France – ARF). La qualité du service, et en premier lieu la question de la régularité des trains, fait aussi partie des griefs les plus fréquemment adressés à la SNCF. Pour élaborer sa feuille de route, Alain Le Vern a beaucoup consulté : il a entrepris un tour de France à la rencontre des équipes de la SNCF mais aussi de ses anciens collègues présidents de région, avec en point d'orgue une réunion le 11 mars au siège de l'ARF à Paris, le jour même de la présentation de la version actualisée du manifeste des régions pour le ferroviaire (lire ci-contre notre article du 11 mars 2014).

Améliorer la régularité des trains

Présentée le 27 mars au conseil d'administration de la SNCF, la feuille de route pour le TER entend d'abord améliorer la régularité des trains. Même si Alain Le Vern qualifie d'"injuste" le "bruit de fond" sur le sujet. "Depuis le transfert des TER aux régions en 2002, le taux de régularité a gagné plus de 12 points et on a battu un record au premier trimestre 2014", souligne-t-il. Au cours de cette période 92,3% des TER sont arrivés à l'heure et depuis trois ans, la régularité s'est stabilisée autour de 92%. Les 7.500 TER qui transportent chaque jour un million de personnes restent confrontés à des aléas difficilement maîtrisables : les intempéries (0,76% en 2013), les accidents de véhicules ou de personnes sur les voies, les actes de malveillance ou les intrusions (0,72%). Mais il est possible d'agir sur d'autres causes de retard : les attentes de correspondances (0,33%), l'affluence de voyageurs (0,21%) ou les défaillances de matériel (1,13%). La SNCF se fixe donc pour objectif de gagner un point de régularité en moyenne d'ici à deux ans par rapport au résultat 2013, soit une régularité moyenne de 93%. Ce qui, aux yeux d'Alain Le Vern, devrait être facilement atteignable, plusieurs régions étant déjà nettement au-dessus des 95% (Alsace, Basse-Normandie, Bretagne, Champagne-Ardenne, Haute-Normandie, Lorraine).

Des équipes dédiées aux activités TER

Le directeur général de l'activité TER de la SNCF mise aussi beaucoup sur la "décentralisation" et la "transparence" pour améliorer l'efficacité du système. Les 20 régions qui ont signé avec la SNCF une convention pour l'exploitation des services ferroviaires et routiers TER sur leur territoire disposeront de 20 équipes dédiées aux activités TER. Dans chaque région, le directeur des activités TER "aura des responsabilités importantes et travaillera directement avec le conseil régional", a déclaré Alain Le Vern. Cette organisation par région doit permettre d'"avoir le meilleur TER possible", a-t-il souligné. La direction générale TER elle-même sera décentralisée à Lyon au 1er janvier 2016.
En parallèle, le directeur général a promis plus de "transparence" sur les tarifs facturés par la SNCF aux régions afin de "leur proposer des leviers" lors des négociations des contrats. Les efforts de maîtrise des coûts devraient être facilités par l'arrivée de nouveaux matériels. A partir du 22 avril, de nouvelles rames Regiolis fabriquées par Alstom seront progressivement mises en circulation en Aquitaine, en Alsace, en Lorraine et Picardie. A l'automne prochain, ce sont les Regio2N de Bombardier qui entreront en service. Cela permettra de diminuer le nombre de séries de matériel roulant – elles passeront de 40 à 5 – et ainsi, "il y aura des gains en terme d'opérations de maintenance", assure Alain Le Vern. Sur 5 ans, la SNCF table sur un gain de productivité de 12% pour l'activité TER.

Innovations et lutte contre la fraude

La société ferroviaire veut aussi innover en termes de billettique. En juin prochain, les voyageurs TER de Basse-Normandie pourront acheter et valider leur billet directement sur leur smartphone. Ce service sans contact sera proposé en Haute-Normandie, en Lorraine, en Alsace et en Aquitaine d'ici la fin 2014 avant d'être généralisé. Les nouvelles rames TER qui vont bientôt circuler sont aussi équipées de technologies innovantes pour effectuer des comptages à bord. "Cela permettra d'avoir une meilleure connaissance des flux, ligne par ligne et aussi de mieux assurer la lutte contre la fraude", illustre Alain Le Vern, qui a aussi été chargé de ce dernier volet par le président de la SNCF. Le coût annuel de la fraude est évalué à 300 millions d'euros, soit "l'équivalent de 20 trains achetés par les régions", illustre le directeur général. "Sur le périmètre TER, un point de fraude gagné sur l'ensemble des 20 régions représente 15 millions d'euros de recettes supplémentaires", estime-t-on à la SNCF. Réduction de la durée de validité des billets de 2 mois à 7 jours, contrôles mieux ciblés à différentes étapes du voyage, amendes plus importantes et mieux recouvrées… : plusieurs actions sont à l'étude. Pour le TER, les mesures envisagées devraient réduire le taux de fraude de 35% d'ici à 2020.