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Ressources humaines - Télétravail dans la fonction publique : le gouvernement veut passer à la vitesse supérieure

Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique était en déplacement le 16 mai à Alençon pour dialoguer avec des agents du conseil général qui travaillent à distance depuis leur domicile. Le gouvernement prépare des mesures pour favoriser le télétravail, un mode d'organisation auquel une large majorité d'agents sont favorables.

Réduction des coûts liés au transport, amélioration du bien-être au travail, meilleure conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale… Les télétravailleurs du conseil général de l'Orne ont tiré un bilan très positif de leur expérience à l'occasion, le 16 mai, à Alençon, d'une table ronde à laquelle participait le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Georges Tron.
En 2009, une dizaine d'agents volontaires du conseil général a testé pendant un an cette nouvelle forme d'organisation du travail. Le succès de l'opération a conduit le président, Alain Lambert, à pérenniser cette expérience. Résultat : en 2011, 18 agents du département pratiquent le télétravail un à deux jours par semaine. Les agents concernés ont des métiers variés : l'un d'eux est juriste, un autre est chargé de communication, un autre encore animateur local d'insertion. D'autres sont comptable, gestionnaire, ingénieur ou encore contrôleur… Presque tous ont cependant en commun de relever de l'encadrement : 12 agents appartiennent à la catégorie A et 5 autres à la catégorie B. Enfin, ces agents sont très majoritairement des femmes (15 sur 18).
Le matériel qui a rendu possible cette façon de travailler est relativement basique. L'agent, équipé à son domicile d'un ordinateur, d'une connexion Internet et d'une ligne téléphonique, a accès à distance aux serveurs et à son poste de travail (messagerie, fichiers, applications métiers). Les nouvelles conditions de travail font l'objet de règles écrites noir sur blanc dans une charte du télétravail. Le document aborde la comptabilisation du temps de travail, le respect de plages fixes, les moyens de liaison téléphonique et informatique, ou encore la question de la responsabilité. En outre, un contrat d'engagement est signé par le télétravailleur et sa hiérarchie.

Bientôt des mesures

"Le télétravail, c'est l'économie de demain", a affirmé Alain Lambert. Mais sa collectivité fait encore figure de pionnier en France. Outre l'Orne, quelques départements se sont distingués ces derniers temps, en tant qu'employeurs, avec le lancement d'expérimentations dans le Finistère, le Puy-de-Dôme et le Cantal. Au total, les trois fonctions publiques ne compteraient que 1% de télétravailleurs.
Le ministre et le secrétaire d'Etat à la Fonction publique affirment vouloir rattraper le retard. Ils souhaitent dès cette année négocier des mesures favorisant le télétravail avec les organisations syndicales de la fonction publique. Selon le député Pierre Morel A l'Huissier qui, ce 16 mai, accompagnait le secrétaire d'Etat à Alençon, ces mesures s'intégreront au projet de loi sur les agents contractuels de la fonction publique que le Parlement examinera à l'automne. L'entourage de Georges Tron le confirme à demi-mot, tout en soulignant que "les ministres n'arriveront pas devant les syndicats avec des idées toutes faites".
D'ici là, le ministre et son secrétaire d'Etat se verront remettre – vraisemblablement début juin - le rapport issu de la mission confiée en janvier dernier au Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies dressant l'état des lieux du télétravail dans la fonction publique et formulant des préconisations.
On notera que Pierre Morel A l'Huissier travaille lui aussi actuellement à une contribution sur le télétravail dans la fonction publique. Auteur en 2006 d'un rapport sur le télétravail remis au président de la République, le député de la Lozère est, depuis, resté très actif sur le sujet.

Un mode d'organisation largement plébiscité par les territoriaux

Le syndicat CGC des territoriaux vient de remettre une étude à Pierre Morel A l'Huissier (à télécharger ci-contre). L'enquête organisée par le syndicat révèle un véritable plébiscite en faveur du travail à distance. Sur les 137 agents territoriaux interrogés, 130 sont "favorables au télétravail à domicile" et 124 sont "intéressés pour devenir des télétravailleurs chez eux".
Plus de 120 agents territoriaux estiment que ce mode de travail améliore les conditions de travail. Une meilleure organisation du travail, la souplesse des horaires de travail et la réduction de la fatigue sont les principaux avantages mis en avant par les agents. L'isolement, la peur d'être oublié et le risque de voir "sa carrière brisée" sont à l'inverse les principaux inconvénients qu'ils pointent.