Team France Export : 26.000 entreprises accompagnées en région d'ici 2022
La Team France Export se met en route. Avec 250 conseillers spécialisés à disposition des entreprises, elle devrait permettre d'accompagner 26.000 entreprises pour l'exportation d'ici 2022. Une table-ronde organisée le 15 mai 2019 par la commission des affaires économiques du Sénat a mis en avant les avancées et les atouts de ce dispositif de guichet unique régional mené par CCI France, Business France et Bpifrance qui est annoncé depuis tant d'années… Déjà neuf conventions ont été passées avec les régions.
Déployée depuis plus d'un an en région, la nouvelle Team France Export, le guichet unique pour l'accompagnement des entreprises à l'international, est en bonne voie. C'est ce que semblent affirmer les principaux acteurs du dispositif. Au cours d'une table-ronde organisée par la commission des affaires économiques du Sénat, les représentants de CCI France, Business France et Bpifrance ont ainsi dressé un premier bilan de la mise en œuvre et annoncé les principales étapes à venir. Cette idée de regrouper l'offre des trois réseaux existants au niveau de chaque région est avancée depuis longtemps mais elle n'a jamais réellement réussi à prendre forme. Cette fois-ci, la refonte du dispositif public d'appui au commerce extérieur est en marche et recevra l'appui de la loi Pacte (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), adoptée par le Parlement le 11 avril 2019, qui vient d'être validée dans les grandes lignes par le Conseil constitutionnel. Celle-ci resserre fortement les missions des CCI vers l’appui à la création, à la transmission et à l’exportation des entreprises. Elles constitueront la pièce centrale du dispositif. La même loi vient réformer la gouvernance de Business France avec une place accrue pour les régions.
D'après les représentants concernés, les équipes sont en place en région. "Les conseillers de Business France ont rejoint les équipes des CCI sur les territoires", a ainsi indiqué Pierre Goguet, président de CCI France. Au total, les entreprises disposent ainsi de 250 conseillers, dont 170 issus des CCI et 80 de Business France, au sein d'un seul et même dispositif. Chacun doit prendre en charge un minimum de 175 entreprises. Objectif affiché : "qualifier", c'est-à-dire accompagner vers l'export, 26.000 entreprises supplémentaires d'ici 2022, selon une organisation sectorielle. Car chaque conseiller est spécialisé dans un secteur particulier, l'industrie étant le secteur le plus représenté (80 conseillers sur les 250). De quoi resserrer un peu l'écart entre la France et l'Allemagne ou l'Italie en nombre d'entreprises exportatrices.
Neuf conventions avec les régions signées
De fait, les régions qui avaient obtenu une compétence en matière d'export sous François Hollande (à travers les "Prie") auront plus un rôle de coordonnateur, à travers leur schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII), ou de financeurs. Elles étaient d'ailleurs absentes de la table-ronde. Les régions passent ainsi des conventions avec les opérateurs. Neuf ont déjà été signées et deux sont en cours de discussion en Bretagne et dans le Grand Est. Le dispositif sera aussi déployé en outre-mer. "Derrière ce principe de convention, il y a la reconnaissance par les régions que Business France, les CCI et Bpifrance sont les opérateurs du dispositif", a estimé Pierre Goguet. Et les collectivités peuvent aussi décider, dans le cadre de la loi Pacte, de confier totalement le rôle d'agence de développement économique aux CCI. "C'était déjà le cas pour certaines collectivités avant la loi", a indiqué le responsable de CCI France.
Autre aspect du dispositif : tout le territoire est ciblé. "L'organisation a vocation à être déployée dans toutes les régions, a ainsi assuré Pierre Goguet, avec une forte présence dans les territoires, y compris les plus ruraux." Et si dans ces derniers territoires, plus reculés, la présence physique ne peut être de mise, un repérage précis des entreprises qui ont le potentiel d'exporter ou d'exporter davantage sera réalisé. Cette information permettra de générer les conseils des experts concernés, par visioconférence ou par le biais d'outils digitaux, dans un principe de mutualisation.
La "révolution digitale" pour l'export
Le digital fait partie des axes principaux du dispositif, certains, à l'image d'Henri Baïssais, directeur général délégué Réseau France de Business France, n'hésitant pas à parler de "révolution digitale". D'un côté, treize plateformes vont être déployées, intégrant l'ensemble des solutions disponibles, les financements régionaux comme l'offre en commun et le financement issu du secteur privé. Une sorte de "coach virtuel", a expliqué Henri Baïssais, "une place des marchés des solutions, dans l'intention de pouvoir avec un seul et même outil être à la base du rayonnement pour l'ensemble de ces entreprises".
Ces plateformes sont déjà en test dans deux régions, Normandie et Auvergne-Rhône-Alpes, et le 17 juin, un lancement national aura lieu à Rouen. De l'autre côté, un CRM (customer relationship management), soit un outil commun de gestion de la relation entreprise, est en cours de déploiement. Il devrait être totalement déployé d'ici la fin de l'année, selon le calendrier annoncé l'an dernier. À l'heure actuelle, quatre CCI (Nouvelle-Aquitaine, Hauts-de-France, Île-de-France et Normandie) expérimentent ces outils digitaux.
Des acteurs privés pour les guichets à l'étranger
À l'international, des opérateurs privés sont choisis pour tenir le guichet unique dans les différents pays ciblés. "Nous construisons un réseau avec des acteurs privés puissants à qui nous donnons une concession de service public et la responsabilité de nous représenter à l'étranger, dans le cadre d'un appel d'offres, a détaillé Henri Baïssais. Cela demande un certain niveau de prestations ; il nous faudra évaluer la qualité de ce qui est fait."
Des concessions en Norvège, à Singapour, en Belgique, en Hongrie, aux Philippines et au Maroc ont par exemple déjà été attribuées. Les CCI françaises qui ont remporté ces contrats deviennent dans ces pays, dès le début 2019, le correspondant unique et identifié de la Team France Export.
Pour apprécier leur travail et celui du guichet unique installé sur le territoire français, des indicateurs concernant le nombre d'entreprises accompagnées, mais aussi et surtout l'impact du dispositif en termes de contrats conclus par ces entreprises à l'international, de chiffre d'affaires généré et d'emplois créés, devraient être mis en place l'année prochaine. Mais d'ores et déjà, les acteurs se félicitent des premiers signaux positifs : plus d'une entreprise suivie sur deux déclare avoir obtenu un contrat ou une négociation pour une commande à l'international.