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Environnement - Tarifs de l'eau : le grand écart

11 milliards d'euros : c'est le montant de la facture d'eau domestique qui a été acquitté en 2004 par les ménages mais aussi par les artisans, les petites entreprises et les administrations, selon les premiers résultats d'une enquête publiée le 13 mars par l'Institut français de l'environnement (Ifen). Ce chiffre global, en progression par rapport à 2001 du fait de la croissance de la consommation et de la hausse des tarifs, masque des différences sensibles d'une région à l'autre.
Pour une moyenne nationale de 177 euros par personne en 2004, la facture s'élève à 270 euros en Provence-Alpes-Côte d'Azur et à 190 euros ou plus dans les départements d'outre-mer, en Aquitaine, en Languedoc-Roussillon et en Corse. A l'opposé, elle se limite à 140-150 euros par personne en Franche-Comté, dans le Nord-Pas-de-Calais, en Auvergne et dans le Limousin. La facture plus élevée dans le sud "reflète au moins autant des modes de consommation que des tarifs onéreux. Elle intègre également les volumes nécessaires aux flux touristiques", indique l'étude de l'Ifen, co-réalisée avec le Service central des enquêtes et études statistiques (Scees) du ministère de l'Agriculture et de la Pêche.
La consommation domestique d'eau potable a augmenté de 1% par an depuis 2001 pour atteindre en moyenne 165 litres par habitant et par jour en 2004. Mais les méridionaux et les habitants des DOM battent des records d'utilisation : 211 litres en Languedoc-Roussillon, 230 litres en Corse, 239 litres en Pacza, 269 litres à la Réunion. Le tourisme mais aussi l'augmentation de la population, de ses revenus, l'extension de l'habitat individuel, avec jardins et piscines expliquent cette sur-consommation.

 

Un tarif moyen de 3 euros/m3

En 2004 toujours, le tarif moyen du mètre cube d'eau s'élevait à 3 euros dans les communes dotées d'un assainissement collectif. De 2001 à 2004, il a augmenté de 2,4% par an, un rythme supérieur à l'indice général des prix sur la période (2%). La partie relative à l'eau potable, taxes et redevances comprises, est tarifée 1,46 euro contre 1,55 euro pour l'assainissement. "Les augmentations de tarifs peuvent être effectuées à services inchangés. Elles peuvent aussi refléter des améliorations portant notamment sur la desserte, la surveillance, l'état de la ressource ou encore la dépollution des eaux usées", note l'Ifen.
Les tarifs varient du simple au double entre les départements de métropole. Le prix du m3 est facturé plus de 4 euros dans le Morbihan et entre 3,60 et 3,90 euros en Ille-et-Vilaine, dans la Manche, le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône, les Côtes-d'Armor et la Loire. A l'autre extrémité de l'échelle tarifaire, le m3 vaut moins de 2,50 euros dans la plupart des départements d'Auvergne et de Rhône-Alpes. Pour la seule partie assainissement, les disparités sont du même ordre de grandeur : le traitement des eaux usées coûte au moins 2 euros le m3 dans le Pas-de-Calais, l'Aisne, la Seine-et-Marne et en Charente-Maritime alors qu'il vaut à peine plus d'un euro dans certains départements du Massif central. Mais c'est entre communes que l'écart des tarifs est le plus fort : 10 % d'entre elles facturent le m3 d'eau moins de 1,30 euro et la même proportion le font payer plus de 4,02 euros, le prix médian s'établissant à 2,99 euros le m3.
Avec une hausse de 2% par an entre 2001 et 2004, l'abonnement qui donne droit à l'eau courante et à l'assainissement et tient compte des charges d'accès à l'eau potable, a augmenté un peu moins vite que le prix du m3. Mais il varie aussi fortement selon les communes et son poids dans la facture sera d'autant plus fort que la consommation est faible. Il a atteint en moyenne 56 euros en 2004 mais dépassé les 80 euros en Corse, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, en Bretagne, en Aquitaine et dans les Pays-de-la-Loire. Les abonnements les moins chers sont acquittés en Ile-de-France et en Lorraine.

 

Des traitements coûteux

"La proximité de la ressource, sa qualité, la densité de la population desservie sont autant de facteurs explicatifs des tarifs", indique l'Ifen. Les eaux superficielles sont ainsi plus faciles d'accès mais aussi plus polluées que les eaux souterraines et nécessitent des traitements plus complexes et plus coûteux. Avec un tarif moyen de 1,75 euro le m3 d'eau potable en 2004, elles alimentent 20% de la population, principalement en Bretagne, en Pays-de-la-Loire, en Midi-Pyrénées et à proximité du littoral provençal.
Les tarifs du service public de l'eau sont aussi déterminés par les modes d'organisation et de gestion. Dans une organisation strictement communale offrant un traitement des eaux usées, le m3 est payé en moyenne 2,59 euros contre 3,19 euros dans une organisation intercommunale qui développe en général des technologies plus complexes. Enfin, les tarifs des régies sont inférieurs à ceux du privé - l'écart atteint en moyenne 75 centimes d'euro par m3, en organisation communale ou intercommunale. Pour l'Ifen, ces écarts de prix s'expliqueraient en partie par le fait que les opérateurs privés auraient à supporter des conditions d'exploitation plus difficiles. Plus l'exploitation est complexe (nombre d'interconnexions élevé, densité du réseau, mise en oeuvre de traitements élaborés), plus les communes auraient en effet tendance à déléguer la gestion de leur service de production et de distribution d'eau.

Anne Lenormand

 

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