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Logement - Sylvia Pinel, ministre du logement et de l'apaisement ?

"Ce que je m'emploie à faire en ce moment, c'est de rencontrer l'ensemble des acteurs, des partenaires pour trouver les bons équilibres et essayer d'apaiser et de réconcilier à la fois l'aspect social du logement mais aussi la dimension économique qui est pourvoyeuse d'emplois", a déclaré Sylvia Pinel sur I>télé, le 17 avril, quinze jours après sa nomination au ministère du Logement et de l'Egalité des territoires.
"Equilibre", "apaisement", "réconciliation" : les éléments de langage ne sont pas neutres dans un secteur où les intérêts économiques des uns se heurtent aux revendications sociales des autres. D'après son agenda, la ministre a déjà rencontré une quinzaine d'acteurs du secteur, publics, privés et associatifs - agents, lobbies et militants - (*), en débutant symboliquement avec Jean-Louis Dumont, président de l'Union sociale pour l'habitat, le 10 avril.
Le lendemain, sur le chantier de l'écoquartier de la Ceriseraie à Fresnes, la ministre rappelait d'ailleurs l'engagement du gouvernement "d'atteindre au plus vite l'objectif de financement de 150.000 logements locatifs sociaux par an". Au cours de ce déplacement, elle a surtout insisté sur sa volonté de "relancer la construction de logements en créant un choc de simplification des normes et des règles". Elle s'inscrivait ainsi dans la démarche "Objectifs 500.000" engagée par sa prédécesseure Cécile Duflot et évoquée par Manuel Valls, le 8 avril dans sa déclaration de politique générale prononcée à l'Assemblée nationale. "Pour produire davantage de logements, moins chers, plus vite, il faut simplifier", avait déclaré le tout nouveau Premier ministre en rappelant que 50 mesures de simplification de règles et de normes existantes en matière de logement, issues de la démarche "Objectif 500.000", seraient prises par arrêtés publiés d'ici à l'été.
Le 24 avril, sur Radio Classique, Sylvia Pinel a également dû montrer sa capacité à apaiser, en défendant la décision très impopulaire du gouvernement de geler les allocations logement (voir nos articles ci-contre). "La revalorisation, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est une vingtaine d'euros par an (...) mais c'est un effort qui est temporaire, un effort qui s'inscrit dans une logique d'ensemble", a-t-elle plaidé. "Ce qui est important sur la politique du logement, c'est de redonner confiance, de recréer un cercle vertueux pour à la fois agir sur la relance de la construction avec des offres de logement diversifiées correspondant aux attentes et aux besoins de nos concitoyens, et en même temps redonner du pouvoir d'achat pour permettre à beaucoup de nos concitoyens d'accéder au logement", a-t-elle poursuivi.
Concernant la loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) et ses futurs " 200 décrets d'application" à signer, Sylvia Pinel a évoqué comme priorité l'encadrement des loyers et la mise en place d'observatoires locaux des loyers. Elle a assuré : "En Ile-de-France, cet observatoire existe ; donc nous pouvons aller plus vite, dès l'automne (...). En revanche pour les 28 zones en France que l'on appelle 'tendues', les observatoires ne sont pas encore opérationnels". Quoi qu'il en soit, Sylvia Pinel y voit d'ores et déjà un dispositif... "équilibré".

Valérie Liquet avec AFP

(*) Les agents de la Dihal (délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement des personnes sans abri ou mal logées), Claudy Le Breton, président de l'Assemblée des départements de France (ADF), Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social, Pierre Guillon, président du conseil de surveillance de l'UESL (Union des entreprises et des salariés pour le logement), Etienne Ginot, président de l'Union des syndicats de l'immobilier (Unis), François Payelle, président de la Fédération des promoteurs immobilier (FPI), Florent Gueguen, directeur général de la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale), Christophe Robert, délégué général adjoint de la fondation Abbé-Pierre, Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA), Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Jean-François Buet, président de la fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), Patrick Liebus, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb)…