Sécurité - Surveillance des plages : Manuel Valls favorable au retrait des CRS
"Des évolutions sont nécessaires." C'est ce qu'estime le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, au sujet du dispositif de surveillance des plages qui associe aujourd'hui CRS et sauveteurs civils. "Ces évolutions seront bien entendu discutées dans la concertation avec les acteurs locaux, légitimement très attentifs à cette question", indique-t-il, le 7 mars, en réponse aux interrogations la sénatrice socialiste des Landes Danielle Michel. Dans une question déposée le 27 décembre, la sénatrice s'inquiétait des conclusions d'un rapport de la Cour des comptes du 12 novembre dernier sur "L'organisation du secours en montagne et de la surveillance des plages". Un rapport dans lequel les Sages qualifiaient le recours aux CRS pour la surveillance estivale des plages "d'irrégulier et inéquitable" et insistaient sur le fait que la surveillance des baignades ne fait pas partie des missions premières des CRS. C'est également la position du ministre pour qui "la police des baignades ne relève ni des missions régaliennes de l'Etat ni de ses obligations légales". Le Code général des collectivités territoriales dispose "que c'est le maire qui exerce la police des baignades et des activités nautiques", rappelle-t-il.
Le ministre entend rencentrer les CRS sur leurs missions premières et ouvre ainsi la voie à leur retrait de la surveillance des plages. Or, selon la sénatrice, "les maires des communes du littoral ainsi que les syndicats policiers" s'offusquent de la présentation de la Cour des comptes qui "ne tient pas compte des réalités". "Il y a de vrais enjeux sécuritaires sur les plages que les maîtres-nageurs-sauveteurs civils ne sont pas à même de relever. Si les jeunes de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer) sont aujourd'hui encadrés par des CRS bien entraînés, c'est justement pour que ces derniers puissent leur faire profiter de leur expérience", souligne la sénatrice pour qui la dualité CRS-sauveteurs est "exemplaire".
L'Etat n'a pas vocation "à se désengager unilatéralement ni soudainement"
En dix ans, le nombre de CRS déployés sur les plages en renfort des sauveteurs civils sous contrat avec les communes a déjà sensiblement baissé, passant 669 à 471 aujourd'hui. Les CRS interviennent désormais dans 99 communes au lieu de 125 en 2001. Ces effectifs ont été remplacés en partie par des nageurs-sauveteurs de la de la SNSM. Mais le ministre de l'Intérieur rappelle que la mise à disposition de ces CRS n'est pas totalement gratuite : les collectivités locales participent "à l'effort supporté par l'Etat, puisqu'elles lui remboursent les frais de mission et de déplacement des CRS (à l'exclusion des dépenses de rémunération)".
Manuel Valls assure toutefois que l'Etat n'a pas vocation "à se désengager unilatéralement ni soudainement". "Il a en revanche à rechercher, avec les collectivités territoriales, les moyens de progresser vers une organisation plus équilibrée de l'exercice de cette mission, dans le respect des responsabilités de chacun et du droit, pour parvenir à une solution juste, efficace et soutenable [sic], aussi bien pour les forces de l'ordre que pour les acteurs locaux", conclut-il.