Suppression de 600 postes chez ArcelorMittal : les élus expriment leur désarroi
Trois régions - les Hauts-de-France, le Grand Est et les Pays de la Loire - sont directement concernées par la suppression de 600 postes envisagées par ArcelorMittal en France. Après s'être mobilisés ces derniers mois, leurs présidents demandent des "engagements" sur l'emploi et les investissements.

© Dominique FONTENAT-REA/ 'Usine sidérurgique ArcelorMittal de Florange
Le plan de sauvetage de l’acier et des métaux présenté par la Commission européenne le mois dernier n’y aura rien fait. Après voir sonné le tocsin en début d’année devant les députés, les dirigeants d’ArcelorMittal France ont annoncé, mercredi 23 avril, un plan d'économies qui pourrait concerner 600 postes en France, visant sept sites de production - Dunkerque, Desvres, Mardyck et Montataire dans les Hauts-de-France, Mouzon et Florange dans le Grand Est et Basse-Indre dans les Pays de la Loire -, ainsi que le siège du groupe à Saint-Denis où des fonctions support pourraient être délocalisées en Inde et en Pologne. En cause : la surcapacité mondiale, le coût élevé de l’énergie et le manque de compétitivité par rapport à l’acier subventionné chinois, et l’augmentation des droits de douanes américains.
Alors que la commission d’enquête sénatoriale sur les aides aux entreprises poursuit ses auditions de grands patrons (EDF, Atos, Airbus, Air Liquide…), cette affaire relance le débat ouvert avec l’annonce des fermetures de sites de Michelin en novembre (voir notre article). Surtout qu’ArcelorMittal est aux premières loges des dispositifs de décarbonation de l’industrie et du pacte pour une industrie propre que la Commission a présenté en février. Récemment, le groupe avait déjà suspendu un projet d'investissement de 1,8 milliard d'euros dans la décarbonation de l'acier à Dunkerque, l'un des plus importants hauts fourneaux d'Europe, pour lequel l’Etat avait proposé une aide de 850 millions d’euros.
"Florange, c’est plus qu’un site industriel"
"Nous nous sommes battus pour que le gouvernement et l’Union européenne accompagnent le financement de la décarbonation indispensable à ArcelorMittalF : il est temps que le groupe nous dise quand ces investissements se feront. Ils sont la seule garantie que l’acier continuera à être produit chez nous", a réagi le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand sur X.
Dénonçant une "très mauvaise nouvelle" pour l’avenir de la sidérurgie régionale, son homologue du Grand Est Franck Leroy demande "des engagements clairs", sur l’emploi, l‘investissement et l’avenir du site de Florange. "Florange, c’est plus qu’un site industriel. C’est un symbole de l’histoire et du savoir-faire sidérurgique de la vallée de la Fensch, un pilier de notre industrie régionale", s’émeut-il dans un communiqué, jeudi. La lutte des salariés des hauts fourneaux de Florange est restée dans les mémoires : ArcelorMittal les avaient fermés en 2012 pour se recentrer sur des métaux à haute valeur ajoutée, des aciers "revêtus", essentiellement utilisés dans l'industrie automobile. "Depuis des mois, nous nous sommes battus. Pour préserver l’activité. Pour soutenir la transition vers une sidérurgie plus propre. Pour garantir l’avenir d’une filière essentielle à notre souveraineté industrielle", souligne le président de région, annonçant qu’il proposera lors de la prochaine session du conseil régional une "motion pour mobiliser l’ensemble des forces vives autour de cet enjeu majeur". Il attend une "réponse forte" de la part du gouvernement et de l’Union européenne.
Clause de sauvegarde
Du côté de cette dernière, le commissaire européen à l’Industrie Stéphane Séjourné a fait part de son "incompréhension" face à la décision du groupe. Le plan qu’il avait présenté au mois de mars répond à "l'ensemble des demandes qui avaient été formulées par Arcelor Mittal pour maintenir les sites de production", affirme-t-il sur X. "Nous avons déjà renforcé la clause de sauvegarde qui protège le marché européen des surcapacités asiatiques, et nous continuerons de le faire", assure-t-il. Selon lui, le pacte pour une industrie propre mobilisera 100 milliards d'euros. Si Florange est un symbole pour le Grand Est, la sidérurgie l'est tout autant pour l'Union européenne. C'est par elle que tout a commencé, avec la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier).