StopCovid : un guide à destination des élus et des aidants
Avec plus d'un million de téléchargements en huit jours, le gouvernement a salué "un bon démarrage" pour l'application StopCovid. Pour aider à son adoption dans les territoires, clé de son efficacité, le secrétariat d'État au numérique a élaboré un guide à destination des élus et aidants conçu en collaboration avec la commission numérique des Interconnectés. De son côté, la Cnil reprend sa casquette de gendarme en entamant une campagne de contrôles sur l'arsenal numérique déployé pour lutter contre la pandémie.
Moins de huit jours après son lancement, l'application StopCovid avait été activée par plus d'1,25 million d'utilisateurs. "Un bon démarrage" pour le secrétaire d'État au numérique, Cédric O, "alors que la campagne de communication vient à peine de commencer". Ce chiffre ne fournit cependant pas le nombre d'utilisateurs effectifs de StopCovid. Pour que l'application répertorie les interactions sociales et puisse jouer son rôle d'alerteur, on rappellera qu'il faut qu'elle reste active, tout comme Bluetooth, sur le smartphone de toutes les personnes s'étant croisées plus d'un quart d'heure à moins d'un mètre.
Atteindre une masse critique
StopCovid doit donc atteindre une masse critique d'utilisateurs même si le secrétaire d'État a répété "qu'elle était utile dès les premiers téléchargements". Se refusant à fournir un objectif chiffré de téléchargements, le gouvernement table essentiellement sur un équipement des personnes fréquentant des lieux à risque au premier rang desquels figurent les transports en commun. C'est du reste ce qui a amené le secrétariat d'État au numérique à élaborer un guide, avec l'aide de la commission numérique France urbaine/ADCF des Interconnectés, à destination des collectivités territoriales. Ce guide est constitué de deux documents, l'un cible les élus, l'autre, en annexe, propose un "kit aidants". Leur diffusion est pour le moment assez confidentielle : seule l'Avicca – informée de ce guide le jour du vote au Parlement et qui n'a pas participé à sa rédaction – en fait état sur son site internet où les documents sont en accès restreint.
La communication locale en appui ?
Ce guide, que Localtis a pu consulter dans leur version du 29 mai, se présente sous forme de questions-réponses sur les objectifs de l'application, son fonctionnement et la protection des données personnelles. Concernant l'information des habitants, il indique l'existence d'un centre d'appel (0 800 130 000) et propose quelques bonnes pratiques pour les collectivités, telles que la promotion de StopCovid dans les transports, les lieux accueillant du public ou là où sont distribués des masques. Il recommande aussi une large diffusion de l'information dans les services en contact avec la population (CCAS, MSAP et services de santé…) et auprès des acteurs locaux (associations agissant dans le domaine de la santé et de l'inclusion, missions locales, parents d'élèves…). Le "kit aidant" est pour sa part constitué de fiches pratiques sur l'installation de l'application, son fonctionnement et sa sécurité. Il fournit notamment un argumentaire pour désamorcer les craintes des usagers sur les risques de pistage et d'espionnage de leur vie privée. Il détaille enfin les neuf questions auxquels un usager doit avoir des réponses pour fournir un "consentement éclairé".
SI-DEP, Contact Covid et StopCovid contrôlés
La Cnil a de son côté mis en ligne le 5 juin des questions-réponses sur StopCovid. La commission Informatique et Liberté insiste sur le cadre très strict qu'elle a imposé au gouvernement et sur son rôle de vigie dans la phase de déploiement de StopCovid. Elle rappelle ainsi le caractère temporaire de l'application, la durée de conservation des données limitée à six mois et la nécessité d'une évaluation régulière de son utilité au sein du dispositif sanitaire. Elle a du reste entamé dès le 4 juin une campagne de contrôles sur les trois outils numériques déployés par le gouvernement pour lutter contre la pandémie : les fichiers SI-DEP, Contact Covid et l'application StopCovid. La commission entend "vérifier, sur le terrain, le bon fonctionnement de ces dispositifs". Avec une attention particulière sur le recueil du consentement des personnes, la sécurité des systèmes d’information, les flux de données et les destinataires ainsi que le respect des droits d’accès ou d’opposition. Ces contrôles pourraient aboutir à des "mesures correctrices" voire à des "sanctions" en cas de manquement graves ou répétés, alerte l'autorité qui reprend ainsi sa casquette de gendarme.