Soutiens de toutes parts pour le maire de Saint-Brevin-les-Pins

Les réactions ont afflué, ce jeudi 11 mai, après la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez. Que ce soit du côté de l'exécutif ou des associations d'élus locaux.

Le domicile de l'édile avait notamment fait l'objet en mars d'un incendie criminel, sans faire de blessés, en lien avec le déménagement vivement contesté d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile, existant depuis 2016, près d'une école maternelle. Plusieurs manifestations contre ce projet ont été organisées à l'appel de l'extrême droite, en particulier de la mouvance de Reconquête !, le parti d'Éric Zemmour. En annonçant sa démission mercredi soir - et même la nécessité pour lui de quitter la commune -, Yannick Morez, qui avait continué à faire l'objet de menaces, avait déploré un "manque de soutien de l'État".

"Les attaques contre le maire de Saint-Brevin-les-Pins et contre sa famille sont indignes", a fait valoir jeudi le chef de l'État sur Twitter, assurant de sa "solidarité et celle de la nation".

"Ce qui s'est produit est très choquant et je voudrais assurer le maire de tout mon soutien", a déclaré de son côté la Première ministre depuis la Réunion. Son entourage a ensuite précisé qu'elle proposerait de recevoir l'élu démissionnaire à Matignon "dans le courant de la semaine prochaine". Élisabeth Borne a dit sa volonté de "répondre plus efficacement quand il y a des menaces" contre les élus, de "renforcer notre action pour intervenir plus tôt, pour repérer leurs difficultés et mieux les accompagner face à des violences dont ils peuvent être victimes".

Dans la foulée, la ministre chargée des collectivités territoriales, Dominique Faure, a assuré qu'elle dévoilerait, également la semaine prochaine, "de nouveaux moyens pour prévenir et lutter contre les atteintes aux élus".

Les faits montrent "qu'il y a une montée d'extrémismes dans notre pays", a estimé Élisabeth Borne, qui vaut selon elle "des deux côtés" de "l'échiquier politique", suscitant la colère à gauche, mécontente de se voir renvoyée "dos à dos" avec l'extrême droite.

"Incroyable, dangereux", a réagi la porte-parole du PS Chloé Ridel. "Un signe égal entre les exactions racistes de l'extrême-droite et l'opposition de gauche révèle une effroyable confusion sur le plan des valeurs", a renchéri l'eurodéputé écologiste David Cormand. "Pourquoi craignez-vous de qualifier ces actes pour ce qu'ils sont : du terrorisme d'extrême droite ?", s'est interrogé sur Twitter le patron du PCF, Fabien Roussel, qui avait vu plus tôt "une honte absolue" dans "l'inaction de l'État".

Marine Le Pen, chef de file des députés RN - qui ne se sont pas joints mercredi soir aux applaudissements de l'Assemblée nationale en soutien à Yannick Morez -, a qualifié jeudi d'"inadmissible" les "agressions et intimidations à l'égard des élus". "En République, les désaccords politiques se règlent dans les urnes ou devant les tribunaux. Cette règle ne souffre aucune exception", a-t-elle ajouté. Chez Reconquête !, on se refuse à tout commentaire. L'entourage d'Éric Zemmour a rappelé toutefois à l'AFP que le parti avait pris ses distances ces dernières semaines avec la mobilisation, estimant que "ça allait trop loin". À droite, Éric Ciotti (LR) a apporté son "soutien" à Yannick Morez, jugeant que "les auteurs de cette tentative de meurtre doivent être lourdement condamnés".

Dans un communiqué, l'Association des maires de France a dénoncé "une énième manifestation de la violence à laquelle doivent de plus en plus faire face les élus", appelant l'État à les soutenir par "des actes, et non seulement des paroles encourageantes". Estimant qu'il y a "urgence", l'AMF "réitère son appel à mener un travail conjoint avec l’Exécutif pour apporter des réponses à la hauteur des enjeux".

L'Association des maires ruraux de France (AMRF) a pour sa part rappelé que son idée d'un "statut de l'élu qui protège" est restée "sans réponse des pouvoirs publics depuis des années".

L'Association des petites villes de France (APVF) a pour sa part tenu à réaffirmer qu’"aucune menace, ni a fortiori aucune violence, n’est légitime envers les élus, quelles qu’elles soient". Constatant un "phénomène croissant de menaces et de violences à l’encontre des élus locaux, dont le cas de Saint-Brevin-les-Pins atteste, malheureusement, spectaculairement", elle demande à la Première Ministre et au Garde des Sceaux de "mobiliser les Parquets et de s’assurer qu’une enquête systématique effective et approfondie est menée dans tous les cas où une plainte est déposée par un élu pour des faits subis dans l’exercice de ses fonctions". Car, écrit l'APVF, "force est de constater que, malgré deux circulaires dans ce sens, l’action publique n’est pas toujours engagée avec la célérité et l’ampleur requises".

Enfin, la commission des lois du Sénat a fait savoir ce 11 mai en fin de journée qu'elle prévoyait d'auditionner Yannick Morez le 17 mai afin que celui-ci "porte devant la représentation nationale son témoignage de maire confronté à des agressions inacceptables liées à l’exercice de son mandat". Cette audition, prévue à 11h15 et retransmise en direct, sera menée conjointement avec la mission d’information du Sénat sur l’avenir de la commune et du maire en France. "La démission d’un maire est toujours un échec de notre République, a fortiori lorsqu’elle résulte directement des menaces ou des agressions qu’il subit. Les maires doivent, en toutes circonstances, bénéficier d’une protection à la hauteur de leurs engagements et responsabilités", a déclaré François-Noël Buffet, le président de la commission des lois.

Autant de réactions élargissant d'emblée l'enjeu, donc, au problème général des violences envers les élus locaux et ne mettant guère en avant le contexte spécifique de ce qui s'est passé à Saint-Brevin-les-Pins - le refus du déménagement d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile et l'intervention d'individus se revendiquant d'extrême droite.