Soutien des collectivités aux clubs professionnels : chacun fait ce qu'il lui plaît
Le soutien financier des collectivités aux clubs sportifs professionnels est à géométrie variable. Une enquête de l'Andes et du CDES démontre les écarts importants selon les sports, tant en termes de subventions, de redevance d'équipements que d'achat de prestations.
Quel rapport entre Paris (2,17 millions d'habitants) et Venelles (Bouches-du-Rhône, 8.400 habitants) ? Ces deux communes hébergent au moins un club sportif professionnel. Pour Paris, la liste serait trop longue à détailler, pour Venelles, il s'agit d'une équipe évoluant en Ligue A féminine de volley-ball. Au vu de la taille de l'une et l'autre, on imagine sans peine que les moyens consacrés par ces deux collectivités au soutien de leurs clubs sont fort différents…
Pour en savoir plus sur le soutien financier des collectivités aux clubs professionnels, mais également sur les conditions d'utilisation des équipements ou sur les caractéristiques des autres soutiens publics, l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport) et le CDES de Limoges (Centre du droit et d'économie du sport) se sont associés. Le fruit de cette collaboration a été mis en ligne fin octobre dans une étude intitulée "Le financement public du sport professionnel". Elle porte sur la saison 2019-2020 et concerne 135 clubs évoluant dans les plus hautes divisions des six grands sports collectifs (basketball, football, handball, hockey sur glace, rugby et volley-ball). Ce panel constitue cependant un point faible de l'étude par sa représentativité à géométrie variable. Le taux de retour de l'enquête s'échelonne en effet de 47% pour les collectivités concernées par le volley-ball féminin à seulement 21% pour celles qui comptent sur leur territoire un club de handball masculin professionnel, et prend en compte le soutien à des clubs de haut niveau évoluant en dehors d'une ligue professionnelle.
Tous les clubs féminins sont aidés
Les résultats font apparaître de fortes disparités à tous les niveaux d'intervention des collectivités. Tout d'abord, on note que 98% des clubs sont subventionnés quand ils exercent sous forme d'association, un taux qui baisse à 81% pour les sociétés sportives. En revanche, ces dernières sont deux fois plus dotées (414.000 euros de subvention moyenne) que les associations (214.000 euros de subvention moyenne). Cette différence peut s'expliquer par le niveau de compétition des clubs : les clubs des niveaux supérieurs, dont les subventions sont plus élevées, sont plus souvent constitués en société. Le handball masculin est la discipline la plus subventionnée avec en moyenne 486.000 euros par club. Et si le football masculin est la discipline disposant du plus faible taux de clubs subventionnés (63%), tous les clubs féminins de l'enquête, tous sports confondus, sont subventionnés.
Grands stades et petites salles
On retrouve une très nette différence de traitement entre clubs féminins et masculins à propos du montant des redevances pour l'utilisation des équipements sportifs publics (seuls 4% des clubs étant propriétaires de leur équipement). En moyenne, les clubs féminins paient 22.500 euros pour l'utilisation de leur salle ou de leur stade, contre 222.000 euros pour les clubs masculins. Certains équipements étant par ailleurs mis à disposition à titre gracieux par les communes. Cette différence s'explique très largement par la dimension des équipements concernés. Les plus grands stades, utilisés par les clubs de football ou de rugby masculins, sont également sont ceux dont la redevance est la plus élevée : 784.000 euros par an de redevance moyenne pour un stade de football de Ligue 1 contre 35.000 euros pour une salle de basketball utilisée par une équipe féminine. Pour mieux pouvoir se situer en termes de montant de redevance – puisqu'il s'agit d'évaluer d'utilisation d'équipements dont certains comportent quelques centaines de places à peine quand d'autres en proposent près de 70.000 –, l'étude précise que le coût moyen de la redevance par place est de 20 euros.
On notera toutefois sur ce chapitre que la redevance de l'équipement public utilisé par les clubs professionnels, tout type confondu, ne représente en moyenne que 1,5% de leur budget. Et on se souviendra que, sollicitée il y a déjà plusieurs années par la France sur la question du montant des redevances pour l'utilisation des équipements publics par le sport professionnel, la Commission européenne n'a toujours pas donné d'avis.
Achat de prestations : les collectivités boudent les filles
Le dernier aspect du soutien financier des collectivités est celui de l'achat de prestations – le plus souvent des places pour assister aux matchs –, une des rares possibilités laissées par la loi aux collectivités pour soutenir leur club. Ici, le paysage est plus contrasté que jamais puisque 43% des sociétés sportives bénéficient d'achats de la part de leur collectivité pour un montant moyen de 245.000 euros, contre seulement 8% des clubs exerçant sous forme associative (montant moyen de 63.000 euros dans ce cas). Autre différence notable sur ce chapitre : 94% des métropoles réalisent des achats de prestation contre 43% des communes. Toujours à propos des achats de prestation, ce sont cette fois les hommes qui sont le plus soutenus : 59% des clubs masculins bénéficient d'achats de prestations pour 250.000 euros en moyenne, tandis que seuls 29% des clubs féminins profitent de ces achats pour une moyenne de 62.000 euros.
Ce panorama laisse apparaître un sport professionnel à plusieurs vitesses pour ce qui concerne l'intervention des collectivités. Une situation qui n'a finalement rien d'étonnant quand on sait que cette saison le budget du Paris-Saint-Germain, en Ligue 1 de football, se monte à 620.000 millions d'euros… et que celui de l'association Pays d'Aix-Venelles volley-ball s'établit à environ 1,2 million.