SNU : les parlementaires votent sa suppresssion, le gouvernement maintient sa position
L'Assemblée et le Sénat ont voté mercredi 30 octobre, dans leurs commissions des finances respectives, pour la suppression du service national universel (SNU) dans le budget de l'État. Ce jeudi 31 octobre, la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a pour sa part assuré qu'il n'était pas question pour le gouvernement de revenir sur ce dispositif, tout en reconnaissant que l’état des finances publiques ne permettrait pas de le généraliser en 2026 comme le prévoyait Gabriel Attal.
Deux chambres, deux majorités, mais un même résultat. À l'Assemblée, c'est la gauche qui a eu le scalp du SNU. "Il est temps d'abandonner" ce "gadget présidentiel" qui "ne marche pas" et "coûte cher", a jugé le député écologiste Jean-Claude Raux, rejoint par le socialiste Pierrick Courbon pour qui cette "hérésie budgétaire" a "raté sa cible".
Présents en nombre, les élus du Nouveau Front populaire ont donc fait adopter un amendement réaffectant au secteur du sport amateur la totalité des 128 millions d'euros fléchés vers le SNU en 2025. Une victoire symbolique due à la très faible présence des élus macronistes et de droite, comme l'a relevé le président LFI de la commission, Éric Coquerel: "Si ça passe aussi facilement (et) pas à une ou deux voix près, c'est parce qu'il y a une partie de la commission qui n'est pas là."
Sans conséquence à ce stade, puisque la discussion dans l'hémicycle repartira de la copie initiale du gouvernement - sous réserve que la partie "recettes" du budget ne soit pas rejetée avant, ce qui enverrait le texte directement au Sénat.
La chambre haute a toutefois adopté une position similaire en début de soirée : réunie à huis clos, sa commission des finances a en effet voté une baisse de 100 millions d'euros des crédits du SNU.
Décision prise à l'unanimité moins deux abstentions, a précisé à l'AFP le sénateur socialiste Éric Jeansannetas, rapporteur des crédits de la Jeunesse. Cet amendement sera à nouveau présenté en séance publique lors de l'examen du volet "dépenses" du budget par le Sénat début décembre.
Pas de "plus-value suffisante"
"Après cinq ans d'expérimentation, il n'apparaît pas que le SNU apporte une plus-value suffisante (...) pour justifier la poursuite de son déploiement", estime Éric Jeansannetas dans son rapport présenté mercredi et consulté par l'AFP. L'élu de la Creuse y observe en outre que "pour la première fois depuis le début de l'expérimentation du SNU, les objectifs font du surplace" et se demande par conséquent "si l'objectif de (sa) généralisation à l'ensemble d'une classe d'âge est encore d'actualité".
Le ministre des Sports et de la Jeunesse, Gil Avérous, avait déjà reconnu lundi sur Sud Radio qu'il n'avait "pas les moyens pour une généralisation du SNU" dans son budget. "En 2025, il ne le sera pas, en 2026 j'imagine mal qu'il puisse l'être", a-t-il dit. "Il n'est pas prévu de le supprimer", a-t-il cependant souligné, appelant à "réinterroger" un dispositif "en panne".
Le gouvernement "ne souhaite pas supprimer le service national universel", a confirmé jeudi la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, à l'issue du conseil des ministres, mais "la situation financière telle qu'elle est aujourd'hui ne permet pas la généralisation", a-t-elle reconnu. Maud Bregeon a admis qu'il y avait "nécessité de réinterroger le dispositif tel qu'il est conçu aujourd'hui", mais sans pour autant interrompre l'expérimentation dont les participants se disent selon elle très satisfaits. Interrogé, l'entourage d'Emmanuel Macron a temporisé, en renvoyant à la position officielle du gouvernement "qui dit qu'il maintient les crédits et va évaluer" le dispositif.
La Cour des comptes avait dressé dans un rapport en septembre 2024 (lire notre article) un bilan sévère du SNU, avec des coûts estimés entre 3,5 et 5 milliards d'euros par an, qui selon elle "ne sont pas compatibles avec une généralisation du SNU aux 850.000 jeunes d'ici à 2027".
Promesse de campagne du chef de l'État, le SNU, lancé en 2019, devait être généralisé à la rentrée 2026, selon les promesses du précédent Premier ministre Gabriel Attal. Il comporte une "mission d'intérêt général" et un "séjour de cohésion" comprenant des activités sportives, culturelles et intellectuelles, avec des journées qui débutent par la "levée des couleurs" (drapeau et hymne national) et port de l'uniforme.