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TICE - "Services et contenus numériques innovants à l'école" : les candidats invités à se rapprocher des collectivités

Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, lance un nouvel appel à projets dédié aux "services et contenus numériques innovants pour les apprentissages fondamentaux à l'école". Annoncé conjointement avec Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'économie numérique, et Louis Gallois, Commissaire général à l'investissement, cet appel à projets s'inscrit dans le cadre de la stratégie de refondation de l'école par le numérique et cible particulièrement l'enseignement primaire. Le numérique étant considéré comme un accélérateur de l'adaptation de la formation aux parcours individuels des élèves (niveau de connaissance et rythme d'apprentissage).
Une enveloppe d'aide de dix millions d'euros est prévue pour soutenir une quinzaine de projets. La gestion de l'appel à projets est assurée par la Caisse des Dépôts, sur mandat de l'Etat et au titre du Fonds pour la société numérique (clôture prévue le 10 septembre 2013 à 12 heures).
Plusieurs voies sont recherchées : la valorisation des environnements numériques de travail (ENT) par la diffusion de ressources pédagogiques innovantes, et l'exploitation du potentiel d'ouverture sur les familles, sur la communauté éducative et sur les partenaires ou, encore, la conception de ressources pédagogiques facilitant la maîtrise par les enseignants de leurs productions et donnant aux élèves les moyens de piloter leurs apprentissages.
Les candidats sont invités a concevoir des démonstrateurs "permettant de valider, à une échelle suffisante, des usages d'innovations numériques". Le démonstrateur est défini comme l'étape située juste avant la commercialisation d'un produit ou d'un service, autrement dit, le stade de sa version "bêta". Il a pour but de valider et d'améliorer les innovations proposées dans des conditions réelles d'exploitation. Aussi les projets devront intéresser un nombre significatif d'écoles et/ou d'établissements, d'élèves et d'enseignants sur un territoire pertinent (environ 1.000 élèves et enseignants directement concernés).

Expérimentations : le rôle "primordial" des collectivités

Devant la relative complexité des montages, l'appel à projets s'adresse exclusivement à des groupements coopératifs d'acteurs – au moins deux entreprises ou une entreprise et un organisme de recherche – et recommande aussi des partenariats avec les collectivités territoriales : "Les collectivités ont joué un rôle primordial dans les expérimentations et déploiements de services numériques dans le champ de l'enseignement. Elles disposent souvent d'une expérience unique sur laquelle s'appuyer pour garantir la réussite des projets. La contribution des collectivités comme partenaires et cofinanceurs des projets est encouragée."
Cette reconnaissance – pas tout à fait désintéressée – du rôle des collectivités territoriales en matière de déploiement de services éducatifs reste assez inédite. Il semble ici que Vincent Peillon soit décidé à leur entrouvrir la porte ce ce qui constitue pourtant le "pré carré" de l'Education nationale, sachant qu'historiquement et du point de vue des compétences, les collectivités ne sont pas censées être directement concernées par les contenus pédagogiques. Mais elles financent depuis près de deux décennies l'informatique à l'école et l'introduction des nouveaux outils numériques (tableaux interactifs, tablettes, classes mobiles...). A ce titre, elles ont naturellement le souci d'améliorer la qualité de l'usage de ces outils et souhaitent généralement dépasser la logique de guichet, comme c'est déjà le cas sur un nombre croissant de territoires. D'ailleurs, dans le même esprit que cet appel à projets, on peut citer l'exemple de la région Aquitaine, qui a même devancé le ministère en lançant dès avril son propre appel à projets sur l'innovation pédagogique, doté de 500.000 euros.
La volonté de créer des ouvertures et de renforcer la coopération sur le chantier du numérique pédagogique semble bien faire partie des attentes des acteurs territoriaux. En y répondant à sa mesure, ce nouvel appel à projets devrait donc les satisfaire.

Les axes prioritaires retenus
- Faciliter la maîtrise de la langue en privilégiant les nouveaux formats de l'édition numérique : de la reconnaissance ou synthèse vocale à l'analyse sémantique en français ;
- Mettre en œuvre des dispositifs permettant de développer les capacités de calcul des élèves et d'élaborer des bases de données de situations-problèmes propices à la démarche d'investigation ;
- Faciliter les apprentissages fondamentaux des mathématiques, des sciences, du français ou des langues par l'usage de simulateurs, de la 3D, de la réalité augmentée, de jeux sérieux, de la virtualisation, des objets connectés et de la reconnaissance de mouvement ;
- Développer des plateformes et des outils simples pour l'usager fondés sur les dernières avancées scientifique et technique, notamment de l'intelligence artificielle, permettant le travail collaboratif ou coopératif des élèves, l'évaluation ou l'auto-évaluation, le travail individuel en autonomie, dans l'établissement, à distance et/ou en mobilité.