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Service national universel : le groupe de travail préconise une "phase obligatoire" d'un mois

Un service national universel comportant une "phase obligatoire" d'un mois, dont une partie en internat, et une "phase optionnelle tournée vers l'engagement" : telle serait la recommandation du groupe de travail mandaté par le président de la République. Ce dernier devrait faire connaître ses arbitrages "courant mai". Le 18 avril, la commission de la Défense du Sénat appelait à ne pas "fragiliser" les armées avec ce futur dispositif.  

Le groupe de travail chargé par le président de la République de proposer un format et des modalités de mise en œuvre pour le futur service national universel (SNU) a rendu ses conclusions le 26 avril, a révélé le Journal du dimanche dans un article du 28 avril. La mission présidée par le général Daniel Ménaouine aurait préconisé une "phase obligatoire d'environ un mois, dont une partie se fera en internat, suivie d'une phase optionnelle tournée vers l'engagement". Selon le JDD, "la période obligatoire sera consacrée à des activités sportives, à l'enseignement des gestes de premiers secours et l'acquisition de réflexes en cas de situation de crise, ainsi qu'à la transmission des valeurs civiques et républicaines".
Les auteurs du rapport recommanderaient en outre au président de la République de consulter la jeunesse, avant de prendre une telle décision destinée à concerner l'ensemble d'une classe d'âge - soit entre 600.000 et 800.000 jeunes par an - "à partir de 16 ans". Dans le projet qui avait été initialement présenté par Emmanuel Macron, les jeunes de 18 à 21 ans étaient visés.
Avant de faire connaître ses arbitrages, annoncés pour "courant mai", le président de la République devra résoudre plusieurs équations, et en premier lieu celle de la prise en charge du coût du dispositif. Ce dernier sera de l'ordre de 2,4 à 3,1 milliards d'euros par an, sans compter les investissements initiaux dans les infrastructures d'hébergement le cas échéant, selon le rapport de cinq inspections générales remis début février au Premier ministre. "Ce n'est pas le ministère des Armées qui portera seul ce service national universel", ce dernier "engagera plusieurs ministères", avait tenté de rassurer le 30 janvier le chef de l'Etat, lors de ses vœux aux forces vives de la Nation (voir notre article du 5 février 2018).

"L’accord des collectivités territoriales", une des conditions de réussite

Les inquiétudes ne se sont pas taries pour autant. Le SNU ne doit pas "obérer le budget des armées", ni "fragiliser notre modèle d'armée", ont insisté les sénateurs Jean-Marie Bockel et Jean-Marc Todeschini, dans une communication du 18 avril diffusée au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Les sénateurs s'opposent à une éventuelle ponction sur la programmation militaire 2019-2025 et à la confusion des rôles - les armées "peuvent avoir un rôle social", mais "leur mission principale reste la défense". Ils invitent en outre à considérer "le risque de résurgence de l'antimilitarisme" que pourrait entraîner selon eux le rétablissement d'une "obligation lourde" imposée à la jeunesse.
Au-delà de cet enjeu, les deux anciens ministres ont identifié plusieurs conditions de réussite pour le futur SNU, dont "l'adhésion des jeunes", "l'assentiment des parents" et "l’accord des collectivités territoriales, qui peuvent être concernées à plusieurs titres". Ils ajoutent que "la mise en œuvre du SNU devra préserver les dispositifs existants (service civique, Garde nationale, Epide, SMV...) qui ont chacun leur spécificité et leur dynamique".