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Service national universel en 2022 : une mixité sociale "modérée"

En 2022, les enfants de militaires, policiers ou pompiers sont toujours sur-représentés chez les jeunes volontaires du service national universel (SNU). Parmi les participants également : davantage de filles et de jeunes scolarisés en voie générale et technologique, et moins d’enfants d’ouvriers. Selon l’enquête évaluative de l’Injep sur l’édition 2022, le taux de satisfaction des participants suite à leur séjour de cohésion est toujours très important.     

Pour permettre la montée en charge du service national universel (SNU), le gouvernement a annoncé que tous les jeunes se portant volontaires seraient accueillis dans le dispositif en 2023 et qu'un quatrième séjour de cohésion serait organisé en avril 2023 – en plus des sessions de février, juin et juillet en 2022 (voir notre article). Alors que l'objectif de 50.000 participants n'a pas été atteint en 2022, comment susciter davantage d'adhésion au dispositif et de candidatures ? Pour d’éventuels ajustements, Sarah El Haïry, secrétaire d’État en charge de la Jeunesse et du SNU, peut s’appuyer sur les enseignements de la dernière enquête de l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) – organisme dépendant du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et chargé de l’évaluation du déploiement du dispositif –, diffusés le 26 octobre 2022.  

 "Le taux de satisfaction demeure élevé (90%) et la mixité sociale modérée, même si elle diffère selon la période du séjour", conclut l’Injep, après avoir interrogé 5.500 des 32.000 jeunes de 15 à 17 ans qui ont participé en 2022 à un séjour de cohésion dans le cadre du SNU.

1/3 des participants liés par leurs parents aux "corps en uniforme"

"Les participants aux séjours de 2022 ont, en moyenne, des profils assez proches de ceux des participants de 2021" : davantage de filles que de garçons (56% contre 44%), une sous-représentation des jeunes résidant en quartier prioritaire de la politique de la ville (5%, alors que 8% des 15-17 ans y résident) et également des enfants d’ouvriers (20%, contre 30% au niveau national). Est à l’inverse observée une sur-représentation des jeunes scolarisés en voie générale et technologique (84%, alors que 65% des 15-17 ans sont dans ce parcours au niveau national) et surtout des participants "issus de familles où au moins un des parents occupe, ou a occupé, un emploi dans les ‘corps en uniforme’ (33%)". "C’est un peu moins qu’en 2021 (40%), mais cela reste très élevé, les policiers, militaires et pompiers ne représentant que 2% de la population en emploi en 2021", commente l’Injep. 

Similaire globalement à celui des années précédentes, le taux de satisfaction est toutefois en légère baisse puisque la part des jeunes "très satisfaits" est de 40%, "contre plus de 48% en 2021 et 2019", les participants interrogés ayant "davantage tendance à être ‘plutôt satisfaits’ (51% en 2022, contre 41% en 2021)". Les jeunes se déclarant "très satisfaits" sont plus nombreux chez les participants véritablement volontaires (42%, contre 18% parmi ceux "qui considèrent que leur participation au SNU [leur] a été imposée", par leur famille en général), parmi également les bons élèves et les jeunes n’ayant jamais eu d’expérience de la vie en collectivité (colonie de vacances ou internat).

Patriotisme pour les garçons, premiers secours pour les filles

Parmi les enseignements de cette enquête, on retiendra également que 77% des participants interrogés "pensent que le SNU est utile à la société". Les objectifs considérés comme les plus importants sont "l’engagement des jeunes (58 %), la mixité sociale (55 %), l’apprentissage des gestes de premiers secours (45 %) et la défense et la sécurité (41 %)". L’Injep observe des différences de perception entre filles et garçons, les filles plébiscitant notamment davantage l’initiation aux premiers secours (50% contre 39%) et les garçons citant plus souvent le patriotisme comme un objectif important – 36% des garçons sondés estiment que "le SNU doit contribuer à faire en sorte que les jeunes aiment la France", contre 16% des filles. 

Ces différences se retrouvent en partie seulement dans les souhaits des jeunes par rapport à la mission d’intérêt général qu’ils vont être amenés à réaliser dans le cadre du SNU. L’armée arrive largement en tête à 47% (50% pour les garçons, 44% pour les filles), suivie de la police ou la gendarmerie (36%), des pompiers (29%), du club sportif (25%, dont 31% pour les garçons et 19% pour les filles), de l’association hors club sportif (24% dont 25% pour les filles et 14% pour les garçons) et de l’établissement de santé (17% dont 25% pour les filles et 6% pour les garçons). La collectivité territoriale (commune, département ou région) n'arrive qu’après, 10% des jeunes participants envisageant de s’y engager.