Culture - Sept phares du Nord-Pas-de-Calais bientôt classés ?
Les phares de Gravelines, Dunkerque, Calais, Berck, Le Touquet, Audingen et Le Portel devraient rejoindre, très prochainement, la liste des monuments historiques. C'est en tout cas le souhait de la commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) qui, réunie le 28 septembre dernier à la direction régionale des affaires culturelles du Nord-Pas-de-Calais, a proposé ces sept nouveaux candidats au classement. Cette proposition - dont l'originalité est de porter sur l'ensemble des phares de la région - fait écho à la pétition lancée en 2008 par la Société nationale pour le patrimoine des phares et balises. Celle-ci réclamait en effet une véritable politique nationale en faveur des phares. L'initiative de la CRPS s'inscrit également dans le cadre de la campagne nationale de recensement et de protection des phares du littoral français, menée, depuis 2008, par le ministère de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables et le ministère de la Culture et de la Communication.
La commission nationale se prononcera le 22 novembre prochain, lors d'une séance entièrement consacrée aux phares des côtes de France, sur l'opportunité d'un classement ou d'une inscription. Elle devrait a priori suivre l'avis de la CRPS. Le classement donnera aux bâtiments concernés une attractivité touristique accrue et ouvrira droit à une aide financière de l'Etat pour les travaux d'entretien, de réparation et de restauration.
Longtemps, la France s'est désintéressée de son histoire et de son patrimoine maritimes. Ainsi, contrairement à l'Angleterre, elle ne dispose aujourd'hui d'aucun bâtiment maritime antérieur au XXe siècle. Plus récemment, la ville de Bordeaux a ferraillé le croiseur Colbert - mis en service en 1959 et qui transporta le général De Gaulle lors de son célèbre voyage au Québec - faute de pouvoir assurer le coût très important de son entretien. De même, qui se souvient aujourd'hui que le phare de Cordouan (Gironde) fut classé monument historique dès 1862 ?
Actuellement, le patrimoine maritime semble pourtant avoir le vent en poupe. En témoigne la prochaine adhésion de la France au mémorandum de Londres sur l'exploitation des vieux gréements (voir notre article ci-contre du 30 septembre 2010). L'accord, visant à assouplir les règlements de sécurité pour permettre l'exploitation - et donc la sauvegarde - des vieux voiliers ou des bâtiments de servitude, devrait ainsi offrir une seconde vie aux navires anciens. En matière de phares, d'autres régions maritimes déjà très actives sur le sujet, comme la Bretagne, pourraient rejoindre le Nord-Pas-de-Calais et accélérer le classement de leurs phares les plus emblématiques de l'histoire maritime française.
Jean-Noël Escudié / PCA