Sécurité routière : une chute extra-ordinaire de l'accidentalité en 2020, mais une expérimentation de la circulation inter-files peu concluante
La gestion de la pandémie aura été "en grande partie" à l'origine d'une chute "exceptionnelle" de l'accidentalité et de la mortalité routières en 2020. En revanche, l'expérimentation de la circulation-interfiles (CIF) des deux roues motorisés, peu concluante, ne sera pas généralisée.
À quelque chose malheur est bon. Les restrictions de déplacements imposées pour la gestion de la pandémie sont "en grande partie" à l'origine d'une chute "exceptionnelle" de l'accidentalité routière en 2020, relève l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). Présentant les résultats "quasi-définitifs" de l'année (au 29 janvier 2021), l'observatoire constate une baisse d'environ 20% des accidents corporels (47.523) et des décès (2.782) sur les routes de France par rapport à 2019.
En métropole
Sur les routes de la métropole, le chiffre de la mortalité routière (2.550) est même inférieur à celui enregistré en… 1925 (2.646), alors que l'on estime que le parc de véhicules en circulation a été multiplié par 50. Une baisse de l'accidentalité évidemment particulièrement marquée pendant les confinements du printemps et de l'automne, mais qui se retrouve également tout au long de l'année. "Fin juin, l'accidentalité est équivalente à un mois de janvier, pas à un mois de juin habituel", indique l'ONISR.
La mortalité routière baisse quel que soit l'âge, à l'exception des enfants et adolescents (stable). La baisse est la plus forte pour les 75 ans et plus, qui "se sont manifestement beaucoup moins déplacés que les autres" – contribuant par ailleurs à la réduction de la mortalité des piétons en agglomération. Les jeunes conducteurs restent en revanche la population la plus touchée, avec 85 tués / million pour les 18-24 ans. Le chiffre est de 54 pour les 25-34 ans et de 56 pour les 75 ans et plus.
Si tous les modes de locomotion sont concernés par cette baisse, les automobilistes sont de loin ceux qui en profitent le plus (55% du "gain"), suivis des motocyclistes (25%), avec un fort effet du confinement du printemps, "habituellement propice à la moto", et des modes actifs (piétons-cyclistes, 15%), avec un effet important du confinement de l'automne pour les piétons, qui constitue habituellement un pic de mortalité. La situation est néanmoins contrastée pour les cyclistes : en baisse en agglomération, hausse hors agglomération. Si la mortalité chute sur tous les réseaux routiers, elle est moindre en agglomération.
Outre-mer : une baisse moitié moindre
L'impact de la crise sanitaire n'est pas aussi marqué outre-mer. La mortalité routière baisse, mais reste dans la fourchette des dix dernières années (-10% d'accidents corporels, -8,7% de la mortalité). Le défaut de ceinture de sécurité (dans plusieurs territoires, la moitié voire les trois quarts des personnes décédées ne l’avaient pas bouclée) et le non-port du casque (la moitié des décès en deux-roues motorisés) y restent des enjeux majeurs.
Circulation inter-files : expérience peu concluante
Par ailleurs, le Cerema a remis à la délégation interministérielle à la sécurité routière (DISR) son rapport d'évaluation de l'expérimentation de la circulation-interfiles (CIF) des deux roues motorisés, qui s'est déroulée pendant cinq ans sur 3.000 km d'autoroutes et de voies similaires de onze départements (Île-de-France, Bouches-du-Rhône, Rhône et Gironde) et qui a pris fin le 31 janvier dernier.
L'expérience n'apparait pas concluante : l'accidentalité des deux-roues a augmenté de 12% sur les routes de l'expérimentation, alors qu'elle baissait parallèlement de 10% sur les autres routes. Et si le rapport relève des "effets positifs" sur les comportements (positionnement et vitesse des deux-roues), notamment sur le périphérique parisien, il constate que le respect des règles reste "minoritaire".
"Le résultat n'est pas à la hauteur de nos espérances", conclut la déléguée interministérielle à la sécurité routière. "Une nouvelle expérimentation, avec des règles adaptées, pourrait donc être envisagée afin de pérenniser cette pratique en toute sécurité", précise-t-elle. De nouveaux éléments pourraient être intégrés à cette seconde expérimentation : l'élargissement des zones géographiques concernées, de nouvelles règles de circulation, une méthodologie de collecte de données automatisée et une communication "adaptée et continue pour parfaire la pédagogie" de tous les usagers de la route.