Archives

Rugby - Sécurité de la Coupe du monde 2007 : la passe de trois

A la veille du match d'ouverture, le dispositif de sécurité des Mondiaux de rugby se déploie partout en France : une responsabilité partagée entre Etat, organisateurs et collectivités d'accueil.

Si les supporters de rugby véhiculent plutôt une bonne image, la Coupe du monde 2007 qui débute vendredi n'en est pas moins l'objet d'un imposant dispositif de sécurité. Près de 38.000 personnes se trouvent ainsi mobilisées : 27.000 policiers et gendarmes, 1.500 militaires, 5.000 pompiers, 4.000 secouristes et 400 démineurs (police, gendarmerie, douanes et armée), sans compter les stadiers et les volontaires recrutés pour l'accueil des visiteurs... et les policiers municipaux chargés de la circulation. Un déploiement à la taille de l'événement : 2,4 millions de spectateurs sont attendus dont près de 400.000 touristes étrangers. "Il n'y a, à la fois, pas de menace particulière, mais des menaces potentielles peuvent exister", a indiqué Michèle Alliot-Marie, lundi dernier, lors de la présentation de ces mesures. A la veille du coup d'envoi, les dix villes hôtes françaises (Paris, Saint-Denis, Nantes, Bordeaux, Lyon, Saint-Etienne, Lyon, Toulouse, Marseille et Montpellier) se trouvent ainsi placées sous haute surveillance et le resteront pendant les quarante-cinq jours de l'épreuve. Au point, parfois, de faire grincer les dents de certaines associations : Droit au logement (DAL), le Comité des sans-logis (CDSL) et Médecins du monde sont montées au créneau pour dénoncer la multiplication des évacuations de SDF et de Roms, notamment à Paris, en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d'Oise et le Rhône.
Le dispositif mis en place répond à un partage des responsabilités entre l'Etat, les organisateurs privés et les collectivités. Police et gendarmerie ont en charge la sécurité à l'extérieur des enceintes. A l'intérieur, celle-ci est du ressort du groupement d'intérêt public (GIP) de la Coupe du monde 2007, un organisme créé en 2004 et constitué de la Fédération française de rugby (52%), de l'Etat (46%) et du Comité national olympique et sportif français (2%). Le détail n'est pas anodin. Il y a quelques années encore, la sécurité des grands rassemblements était du ressort exclusif de la puissance publique. Il a fallu une série d'événements (Furiani en 1992, Parc des princes en 1993) pour amener le législateur à placer l'organisateur devant ses responsabilités avec la loi Pasqua de 1995. Et c'est finalement le Mondial de 1998 qui marquera le tournant.

 

Club des villes

La césure intérieur/extérieur n'est toutefois pas si nette. En cas de grave problème dans un stade, les forces de l'ordre prennent la relève des agents de sécurité privés recrutés par l'organisateur. Mais entre l'Etat et le GIP, les collectivités, qui ont mis leur stade à disposition gracieusement et contribuent pour 35 millions d'euros au financement de la compétition, ont parfois eu du mal à se faire une place au moment des prises de décision. En mars 2004, elles ont constitué un "club des villes" chargé de défendre leurs intérêts. Il a fait pression auprès du gouvernement pour qu'il crée une instance de coordination. Ce sera la Délégation interministérielle aux grands événements sportifs (Diges) présidée par le préfet Patrice Bergougnoux depuis 2005 qui aura vocation à se dissoudre après les Championnats du monde de handball féminin, en décembre prochain. "On ne pouvait pas réduire la préparation au GIP, beaucoup trop de questions étaient en jeu : le tourisme, l'économie et bien sûr la sécurité. La Diges a servi d'interface entre l'Etat et le GIP", explique Joël Quancard, adjoint aux sports à la mairie de Bordeaux et représentant du club des villes. La Diges a notamment été chargée d'auditer les conventions de mise à disposition des stades entre les collectivités et le GIP.
Au niveau local, l'organisation de la sécurité a été rondement menée au niveau des préfectures avec tous les interlocuteurs (police, gendarmerie, services médicaux, justice, collectivités et organisateurs). Les comités locaux de coordination (CLC) installés pour faciliter les échanges entre tous les acteurs avant tout sur les questions économiques ont parfois permis d'évoquer les questions de sécurité. A Marseille, le comité a créé une "commission locale de sécurité" présidée par le préfet délégué à la sécurité et à la défense. "Un groupe a été monté pour évaluer toutes les situations possibles, explique Marc Vincent, conseiller technique au secrétariat général de la mairie. On a pu mettre à profit l'expérience acquise au stade vélodrome. Ici, il y a une union sacrée entre tous les corps, une vision qui englobe la santé et les secours." Déjà des échanges ont lieu avec les représentants de la ville d'Auckland pour préparer 2011, en Nouvelle-Zélande.

 

Michel Tendil

 

Violences dans les stades :  une législation renforcée

Deux textes sont récemment venus renforcer l'arsenal législatif sur la sécurité dans les stades. Une disposition a tout d'abord été ajoutée à la loi antiterroriste du 23 janvier 2006 pour permettre aux préfets d'interdire aux hooligans de pénétrer dans les stades ou de se rendre à proximité. Une disposition renforcée par un arrêté du 29 août 2007 instaurant un fichier sur les interdits de stade.

La loi relative à la prévention des violences lors des manifestations sportives du 5 juillet 2006, ensuite, a rendu possible, après avis d'une commission nationale, la dissolution par décret des clubs de supporters dont les membres ont commis des actes répétés de destruction, de violence ou d'incitation à la haine et à la discrimination lors de matchs. Elle a créé une commission nationale consultative de prévention des violences lors des manifestations sportives et sanctionne pénalement le maintien ou la reconstitution d'associations ou de groupements dissous.

M.T.

 

Demain, après l'environnement  et la sécurité, troisième volet de notre série sur la Coupe du monde de rugby 2007 : les retombées économiques pour les régions.

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis