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Environnement - Sécheresse : des mesures d'aides aux agriculteurs en difficulté

Face à une sécheresse jugée "comparable à celle de 1976", le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé le 31 mai une série de mesures d'aides aux agriculteurs à l'issue d'une réunion du Conseil de l'agriculture française et des acteurs des filières. Les préfets de région, réunis la veille, ont été chargés de veiller à la mise en oeuvre des assouplissements décidés par le ministre dans l'utilisation des jachères et sur les mesures agro-environnementales. Ils devront aussi être attentifs à la simplification des contraintes administratives permettant de mobiliser les fourrages et de faciliter les actions de solidarité entre agriculteurs, notamment pour couvrir les besoins en alimentation animale et répartir au mieux les disponibilités en fourrage. Des contrats interfilières entre agriculteurs ont été mis en place dans 40 départements. Ces contrats garantissent la mise à disposition de plus d'un million de tonnes de pailles à moins de 25 euros la tonne sur champ. Les préfets ont aussi été autorisés à interdire le broyage des pailles au cas par cas.
Le ministre a en outre rappelé aux industriels et aux distributeurs la nécessité d'appliquer l'accord du 3 mai dernier, qui permet d'ouvrir des négociations sur les conditions de vente des produits issus des filières d'élevage de bovins, de porcs et de volailles en cas de variation excessive à la hausse et à la baisse des prix de l'alimentation animale. Bruno Le Maire a aussi annoncé que la commission du Fonds national de gestion des risques en agriculture (ex-Fonds national de garantie des calamités agricoles) se réunira dès le 15 juin prochain et que les premiers arrêtés de reconnaissance pourront être pris le 12 juillet pour permettre une indemnisation des éleveurs dès le 15 septembre.
Les acteurs des secteurs de la banque et des assurances se sont pour leur part engagés à mettre à la disposition des éleveurs 700 millions d'euros de prêts de trésorerie à un taux d'intérêts de 1,5% pour les jeunes agriculteurs et de 2% pour les autres et à étudier également les dossiers d'assurance des jeunes agriculteurs déposés entre le 15 avril et le 15 mai, afin de répondre aux difficultés dans les grandes cultures. Quant à la Mutualité sociale agricole, elle a acté le report des appels à cotisation de juin pour tous les éleveurs, soit 80 millions d'euros.

Des aides européennes versées de manière anticipée

Le ministre de l'Agriculture a également assuré qu'une partie des aides directes européennes pour les éleveurs seront versées avec huit semaines d'avance soit à la mi-octobre au lieu du mois de décembre. Ce versement anticipé concerne selon le ministère "80% des primes au maintien du troupeau de vaches allaitantes, 50% des droits à paiement unique et 50% des aides aux éleveurs ovins et caprins". Le Commissaire européen chargé de l'agriculture, Dacian Ciolos, a en outre annoncé le 30 mai au soir la création d'un groupe de travail européen pour élaborer des propositions pour l'avenir de la filière bovine en Europe. Il devrait remettre ses propositions fin juin. Le député européen socialiste français Stéphane Le Foll a adressé ce même 30 mai à la Commission européenne une question écrite demandant la création d'un fonds d'urgence alimenté par "les marges du budget 2011" pour aider les éleveurs à acheter des aliments. Interrogé par le site Euractiv.fr, Bruno Le Maire a jugé cette proposition tout à fait valable. Mais pour lui, la priorité est d'assurer dès maintenant aux agriculteurs des facilités de trésorerie.
Par ailleurs, une cellule logistique réunissant les services du ministère des Transports, du ministère de l'Agriculture, Réseau ferré de France, la SNCF et des représentants du monde agricole a été mise en place, afin de faciliter le transport des pailles par le réseau ferroviaire. Interrogée le 31 mai sur Europe 1, la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a assuré que les premiers trains seront mobilisés "probablement d'ici 15 jours". Ils seront adaptés à la nature inflammable des pailles et des fourrages. Le potentiel à transporter a été évalué à 1 million de tonnes.

La région Poitou-Charentes débloque une aide d'urgence pour les éleveurs

Du côté des régions les plus fortement touchées par la sécheresse, la solidarité avec les éleveurs s'organise également. C'est le cas en Poitou-Charentes où le conseil régional a voté le 30 mai une aide d'urgence de 1.000 euros pour chacun des 5.200 éleveurs actuellement touchés par la sécheresse qui affecte sévèrement les quatre départements de la région. Ce fonds d'urgence de 5 millions d'euros, adopté au cours d'une commission permanente, sera disponible dès cette semaine. Il a pour premier objectif de prendre en charge l'achat du fourrage et des frais de transport.
En contrepartie de cette aide, "les éleveurs doivent dès maintenant réfléchir au changement des pratiques culturales, c'est-à-dire à utiliser et à planter, à la prochaine saison, des cultures destinées à nourrir le bétail, moins consommatrices d'eau", a expliqué la présidente du conseil régional, Ségolène Royal. Pour cela, une enveloppe de 1,2 million d'euros a été adoptée par la région afin d'encourager l'implantation de cultures légumineuses dans les rotations de cultures afin de réduire les consommations d'eau.
"Cette sécheresse montre qu'il faut vraiment changer de méthode en matière agricole, cesser de mettre du maïs irrigué dans des espaces fragiles qui, autrefois, étaient destinés à l'élevage et qui désormais n'ont plus suffisamment d'eau pour se développer", a indiqué la présidente du conseil régional qui a par ailleurs annoncé la mise en place d'un numéro vert destiné à faciliter les échanges entre ceux qui disposent de fourrage et les agriculteurs qui en ont besoin pour nourrir leurs bêtes.

 

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