Sapeurs-pompiers : un appel à la grève pour toute la période estivale
Le torchon brûle entre les pompiers et l’État, l’ADF et l’AMF. Une intersyndicale représentant 85% des professionnels lance un appel à la grève à compter de ce mercredi pendant toute la période estivale.
Sept syndicats de sapeurs-pompiers* ont déposé un préavis de grève à partir de mercredi 26 juin jusqu’au… 31 août. Autrement dit pour une grande partie de l’été. Expression d’un système à bout de souffle ; un récent rapport de la Cour de comptes a encore montré l’équilibre précaire de l’édifice de la sécurité civile qui, entre autre, connaît un effet ciseaux entre stagnation des effectifs et augmentation régulière du nombre d’interventions. Les pompiers sont également confrontés à un accroissement des violences à leur encontre. Dans un courrier commun adressé au ministre de l’Intérieur le 19 juin, les syndicats, qui représentent environ 85% des pompiers professionnels, dénoncent "un déni de dialogue social" de la part de l’État, de l’Assemblée des départements de France (ADF) et de l’Association des maires de France (AMF). Et ce quelques jours à peine après la journée nationale des sapeurs-pompiers du 15 juin que ces mêmes syndicats avaient décidé de boycotter, rejetant l’invitation du ministre de l’Intérieur. Ils estiment en effet que leurs revendications adressées courant mars n’ont reçu aucun écho.
Pour faire face aux nombre croissant d’interventions (+20% entre 2007 et 2017, soit près de 700.000 interventions en plus), les syndicats demandent un "recrutement massif d'emplois statutaires". Aujourd’hui, les quelque 40.500 professionnels représentent environ 16% des 248.000 pompiers, ces derniers étant composés pour l’essentiel de volontaires. Or le volontariat, socle du modèle français, est lui-même mis en danger par l’application d’une directive sur le temps de travail de 2003.
Revalorisation de la prime de feu
En complément de cet effort de recrutement, les syndicats réclament une "revalorisation significative" de la prime de feu à hauteur des autres métiers à risque (soit 28% minimum). Ils exigent par ailleurs le retrait du projet de loi de transformation de la fonction publique (en cours d’examen au Sénat) jugé "régressif" et veulent "la garantie de la pérennité de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales".
Une réunion a bien eu lieu le 19 juin avec Olivier Richefou, le président de la CNSIS (Conférence nationale des services d'incendie et de secours) et président du département de la Mayenne (ainsi que du Sdis 53). Mais au dire de la FASPP-Pats, elle s’est très mal déroulée. Le premier syndicat de professionnels dénonçant, dans un communiqué, le "discours ahurissant, odieux, méprisant, complètement déconnecté des réalités du terrain, niant jusqu’aux risques pris par nos collègues bottes aux pieds dans l’exercice de leurs fonctions" du représentant de l’ADF.
Service minimum
Ce dernier s’est offusqué, lundi, de cette mise en cause. "Depuis le mois d'avril dernier (…), j'ai reçu ces syndicats à deux reprises afin d'instaurer le dialogue nécessaire pour répondre aux revendications qu'ils portent depuis le 14 mars dernier", explique Olivier Richefou, dans un communiqué, précisant que les revendications sur la table sont actuellement traitées, à la fois par le ministère de l’Intérieur (sur la question de la toxicité des fumées) et le haut-commissaire à la réforme des retraites. Mais pour ce qui est de la revitalisation de la prime de feu, "l’impact pour les services d’incendie et de secours doit être précisément évalué", ce qui nécessite un travail entre le ministère de l’Intérieur, les financeurs que sont les départements et les communes, et les sapeurs-pompiers professionnels. "J'ai proposé aux syndicats qu'un groupe de travail soit créé au sein de la conférence nationale des services d'incendie et de secours lors de la rencontre du 19 juin dernier. Je reformulerai cette proposition lors de sa prochaine réunion du 26 juin 2019", précise-t-il.
En attendant, l’intersyndicale appellent les sapeurs-pompiers professionnels et les agents des Sdis "à la grève dans le cadre des actions envisagées durant les mois de juin, juillet et août". Mais les pompiers étant soumis à un service minimum, l’impact sur l’organisation de la sécurité civile - alors que s’ouvre la campagne de lutte contre les feux de forêt - devrait être limité. Il faut donc plus s’attendre à des actions symboliques.
*FASPP-Pats (Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs et techniques spécialisés), Fédération CGT des services publics, Avenir secours, FO-SIS (Force ouvrière des services d’incendie et de secours), Spasdis-CFTC (Syndicats des sapeurs-pompiers et agents des services départementaux d’incendie et de secours-CFTC), CFDT Interco et l’Unsa-Sdis de France.