Sapeurs-pompiers : la mobilisation se poursuit
L'intersyndicale des sapeurs-pompiers reçue place Beauvau mardi 15 octobre à l'issue de la journée de manifestation reste sur sa faim. Un nouveau préavis de grève devrait être déposé du 1er novembre au 31 décembre.
"Profondément déçue." Tel est le sentiment de l’intersyndicale à l’issue de la réunion qui s'est tenue au cabinet du ministre de l'Intérieur, mardi 15 octobre, après une journée de forte mobilisation. La manifestation de mardi qui a rassemblé entre 7.400 et 10.000 sapeurs-pompiers professionnels à Paris et dont "des incidents isolés" ont fait, selon le ministère de l’Intérieur, "trois blessés parmi les policiers et donné lieu à six interpellations"..
Déçue par la forme – la délégation a été reçue non par le ministre lui-même, mais par son directeur de cabinet "alors que la manifestation était déclarée depuis un mois", rappelle le syndicat national des sapeurs-pompiers professionnels. Et déçue par le fond : "Il n’y a pas eu les annonces attendues, même les mesures techniques à coût nul. L’urgence de la situation n’a pas été saisie par nos interlocuteurs", déplore l’intersyndicale. In fine, elle n’aura obtenu que l’annonce de trois réunions : la première le 6 novembre prochain sur la question des retraites, en présence du ministre de l’Intérieur, du haut-commissaire et des représentants des collectivités employeuses (ADF et AMF) ; la seconde le 14 novembre, "pour évoquer l’ensemble des revendications des sapeurs-pompiers", en présence du ministre, de l’Assemblée des départements de France et de l'Association des maires de France ; et la troisième "tout prochainement", sur le thème du secours d’urgence aux personnes (avec les cabinet des ministres de l’Intérieur et de la Santé).
Nouveau préavis de grève
En conséquence, l’intersyndicale "appelle les agents à maintenir visible la grogne en territoire" et va déposer un nouveau préavis de grève, "du 1er novembre au 31 décembre". Le mouvement a débuté… le 26 juin dernier !
Le gouvernement a pourtant multiplié les annonces ces dernières semaines : décret autorisant les sapeurs-pompiers, à titre expérimental, à utiliser des caméras-mobiles lors de leurs interventions, possibilité de domicilier les plaintes dans les Sdis afin d’éviter les représailles, circulaire systématisant la possibilité de contracter un "engagement différencié" des sapeurs-pompiers volontaires, annonce d’une prochaine campagne de communication contre les agressions, mise en place par la ministre des Solidarités et de la Santé d’un groupe de travail sur la création d’un service universel d’accès aux soins…
Sans parvenir pour autant à répondre au "malaise" des soldats du feu, nourri par la multiplication des agressions, l’explosion des missions de secours aux personnes pour pallier "un système de secours d’urgence à bout de souffle", les menaces du droit européen sur le système du volontariat (1), les craintes des conséquences de la réforme des retraites ou encore la stagnation des effectifs… Le tout exacerbé par un été caniculaire qui a entraîné une multiplication des interventions à risques, dont certaines mortelles (crash d’un bombardier d’eau le 2 août dans le Gard).
Pour l’heure, tant la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) que les organisation syndicales privilégient le dialogue. Mais l’intersyndicale prévient : "L’avancée des revendications conditionnera les actions sur le terrain."
La FNSPF avait apporté son soutiens aux syndicats, le 10 octobre, tout en lançant un "appel au calme".
[1] CJUE, 28 février 2018, n° C-518/15, Ville de Nivelles c/ Rudy Matzak