Santé - Salle de shoot : le Conseil d'Etat recommande une loi et bloque le projet de la mairie de Paris
Le projet de "salle de shoot" qui devait ouvrir à titre expérimental à partir du mois de novembre près de la gare du Nord à Paris est reporté, suite à un avis du Conseil d'Etat qui recommande de passer au préalable par une loi. En cause : la loi de 1970 qui interdit l'usage illicite de stupéfiants. Seule une nouvelle loi peut permettre de contourner cette interdiction. "Le Conseil d'État a procédé à l'examen de ce projet le 8 octobre et a recommandé au gouvernement d'inscrire dans la loi le principe de ce dispositif pour plus de garantie juridique", a expliqué le ministère des Affaires sociales et de la Santé. Le gouvernement et la mairie de Paris ont annoncé qu'ils allaient retravailler ensemble "à la sécurisation juridique de ce dispositif".
Le gouvernement avait autorisé en février l'installation de cette salle de consommation de drogue pour les toxicomanes, sur un terrain de la SNCF, à titre expérimental. Le projet avait été adopté dans la foulée en juillet par le Conseil de Paris.
"Cette victoire n'exclut pas la vigilance car, sitôt les élections municipales passées, il est probable que le gouvernement et la mairie de Paris tenteront d'obtenir une modification de la loi", a réagi Serge Federbusch, conseiller UMP du 10e arrondissement, dans un communiqué.
"Cette décision souligne la nécessité de réformer rapidement la loi de 1970 qui interdit l'usage de stupéfiants et est à bout de souffle", a au contraire commenté Bertrand Jomier, porte-parole de campagne du candidat EELV à la mairie de Paris, candidat lui-même et par ailleurs médecin.
Les salles de shoot, encore appelées centres d'injection supervisés ou salles de consommation à moindres risques (SCMR) existent dans une dizaine de pays tels que la Suisse, les Pays-Bas ou l'Allemagne. En France, d'autres projets d'expérimentation sont envisagés, notamment à Marseille et à Bordeaux.