Enseignement primaire - Rythmes scolaires : l'Académie de médecine se prononce contre la semaine de quatre jours

"L'aménagement du temps scolaire en France n'est pas en cohérence avec ces connaissances de la chronobiologie de l'enfant et cela à tous les niveaux de l'organisation, journée, semaine ou année scolaire", souligne l'Académie nationale de médecine (ANM) dans son rapport "Aménagement du temps scolaire et santé de l'enfant", adopté le 19 janvier. L'ANM insiste sur le rôle essentiel que tient le sommeil pour l'enfant et estime que l'aménagement hebdomadaire en quatre jours n'est pas favorable à l'élève "car celui-ci est plus désynchronisé le lundi et le mardi matin que dans la semaine habituelle de quatre jours et demi". En effet, lorsqu'il y a coupure de deux jours pendant le week-end, l'enfant se couche et se lève plus tard. "La prépondérance de cette désynchronisation de l'enfant est importante puisqu'elle a été rapportée dans 60% des cas des enfants fatigués loin devant toute autre cause", estime l'ANM. Autre constatation sur les rythmes de l'enfant : l'élève est souvent fatigué à l'école et cette fatigue est fréquemment en rapport avec un excès d'activités, "qu'elles soient de loisirs (activités sportives, activités artistiques, temps passé devant l'ordinateur…) ou de soutiens scolaires divers (cours particulier, surinvestissement des parents dans le contrôle des devoirs et leçons…)". L'ANM préconise donc d'aménager la semaine sur quatre jours et demi ou cinq jours, plus précisément, il faudrait "une année scolaire de 180 à 200 jours (avec comme corollaire la réduction des grandes vacances,) 4 à 6 heures de travail par jour selon l'âge de l'élève, quatre jours et demi à cinq jours de classe par semaine en fonction des saisons ou des conditions locales". Le groupe institué par l'Académie prend soin de notifier que "ces transformations devront avoir l'accord de la commune et d'autres instances comme le conseil général qui devront donner les moyens financiers nécessaires pour les réaliser". Et d'ajouter : "La solution idéale n'existant pas, il faut trouver un compromis entre l'intérêt de l'élève et les besoins de l'adulte. Il faut tenir compte également de la vie et de l'activité de l'élève en dehors de l'école. Ce compromis nécessite l'avis des enseignants, parents, scientifiques, responsables de mouvements associatifs, décideurs."
En marge, l'Académie souligne également "les effets négatifs de cantines bruyantes et mal adaptées à un environnement serein lorsque les enfants déjeunent" (lire ci-contre : "Dans les cantines, le bruit est un problème majeur, selon une enquête de la CLCV").
Le ministère de l'Education nationale, réagissant au rapport de l'Académie, rappelle ce 28 janvier que "la décision d'avoir une semaine de quatre jours relève de chaque conseil d'école", ajoutant que "95% ont choisi la semaine de quatre jours". Le ministère a aussi précisé qu'il n'était prévu pour l'instant aucune conférence ni aucun débat sur les rythmes scolaires. Echange pourtant attendu (et annoncé) par la fédération de parents d'élèves FCPE qui a lancé, l'année dernière, une campagne sur les rythmes scolaires (lire ci-contre : "La FCPE lance une campagne nationale pour la semaine de quatre jours et demi").

 


Catherine Ficat