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Refondation de l'école - Rythmes scolaires : Benoît Hamon annonce la clôture du débat entre adultes

Le ministre de l'Education nationale a annoncé que le débat sur la réforme des rythmes scolaires était clos, en tout cas pour lui. Il a en revanche invité les parents à faire pression sur leurs maires pour obtenir des activités périscolaires, si possible de qualité. Une décentralisation du débat en quelque sorte.

"Le temps du débat entre adultes s'achève, commence le temps des enfants". Benoît Hamon a ainsi tenté de clore le débat sur la réforme des rythmes scolaires, le 12 juin, devant la presse et quelques élus. Naturellement, "Monsieur Balkany n'était pas invité", a ironisé le ministre de l'Education nationale, en référence au maire de Levallois, une des villes dont le conseil municipal a voté la non application de la réforme des rythmes scolaires (voir notre article du 28 mai 2014), comme Asnières ou encore Valence. Le nombre de communes qui ont décidé de ne pas ouvrir leurs écoles le mercredi matin "se compte sur le doigt d'une main", a assuré Benoît Hamon, précisant que leur choix était "illégal" et que "les préfets exerceront leur contrôle de légalité".
Rien d'illégal en revanche pour les conseils municipaux ayant adopté une délibération demandant un moratoire à la réforme. "Mais le 2 septembre, les nouveaux temps scolaires s'appliqueront à toutes les écoles", a rappelé le ministre.

"Qu'allez-vous faire des 50 euros que vous recevez par enfant scolarisé ?"

Rien d'illégal non plus à avoir décidé de ne pas organiser d'activités périscolaires. Le ministre a rappelé que cela était "facultatif" pour les communes et les intercommunalités disposant de la compétence scolaire, et que "l'État ne [les avait] jamais imposées". En revanche, Benoît Hamon invite les parents à exercer une "pression amicale" sur leurs élus locaux pour les mettre en place. Il leur donne même un argument de poids : faire valoir que "le fonds d'amorçage est versé" indépendamment de l'organisation ou non d'activités périscolaires et demander en conséquence "Qu'allez-vous faire des 50 euros que vous recevez par enfant scolarisé ?" (et 90 euros pour les communes en DSU-cible et DSR-cible). "Vous allez voir assez rapidement que les heures vont se remplir d'activités !", a prédit le ministre. On va aussi voir le "débat entre adultes" se déplacer dans les communes…

Benoît Hamon n'est pas le ministre du périscolaire

Benoît Hamon, de son côté, a pris une distance de plus avec le périscolaire. "Comme ministre de l'Education nationale, je m'intéresse d'abord à ce temps où les enfants sont face à leur professeur", a-t-il déclaré. Il se montre fier de porter cette réforme grâce à laquelle, désormais "c'est l'adulte qui s'adapte au temps de l'enfant".
Et le temps de l'enfant, c'est une attention soutenue le matin, quoi qu'en disent les parents et les élus qui, à entendre Benoît Hamon, s'improvisent chronobiologistes, pédopsychiatres et pédagogues pour la seule défense de leur organisation d'adulte. Le ministre invite tout le monde à revenir à l'essentiel : c'est-à-dire que les cinq matinées d'école permettront d'améliorer la "transmission des savoirs fondamentaux".
La majeure partie de la conférence de presse était d'ailleurs consacrée au satisfecit général sur les "bénéfices des nouveaux rythmes constatés par les acteurs de terrain" (*) dans les 4.000 communes qui ont engagé la réforme dès la rentrée 2013. Bénéfices que le ministre détaille dans une lettre qu'il adressera aux parents le semaine prochaine (à télécharger ci-contre) et sur un site internet "dédié aux parents" qui ouvrirait le 23 juin et qui informera de l'organisation du temps scolaire retenue dans chaque commune. Le dossier de presse ne dit pas s'il y aura un forum de discussions.

(*) Les trois bénéfices seraient : "les apprentissages fondamentaux sont positionnés aux moments où la capacité d'attention des élèves est la plus grande" ; "la matinée supplémentaire permet, grâce à des emplois du temps repensés, de répartir plus efficacement les activités dans la semaine" ; "autour du nouveau temps scolaire se met en place, pour l'enfant, un projet éducatif global".

 

 

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