Responsabilité territoriale des entreprises : ESS France ouvre le débat
Pour ESS France, le rapport au territoire cher aux entreprises de l’économie sociale et solidaire est un "angle mort" de la RSE. La nécessité d’une "responsabilité territoriale des entreprises" fait pourtant quasiment l’unanimité, selon une enquête menée par Toluna Harris Interactive et présentée à l’occasion du lancement du mois de l’ESS.
Les entreprises doivent-elles aujourd’hui faire preuve de "responsabilité territoriale" ? Que met-on derrière ce terme et quelles sont les principales attentes vis-à-vis des entreprises ? Ces questions ont été posées à quelque 1.000 Français par l’institut Toluna Harris Interactive pour ESS France.
Malgré les évolutions récentes du cadre législatif – lois Pacte, devoir de vigilance, Anti-gaspillage pour une économie circulaire… -, "il y a encore des dimensions qui échappent aujourd’hui à l’approche RSE", a estimé Jérôme Saddier, président d’ESS France, le 26 octobre dernier, lors du lancement du mois de l’économie sociale et solidaire (ESS). Parmi ces "angles morts" de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) selon lui : l’implication des parties prenantes, la gouvernance et le rapport au territoire, sujets sur lesquels les entreprises de l’ESS ont justement "de vrais atouts".
Mission des entreprises : la création d’emplois en tête
"Pour les Français, la responsabilité territoriale des entreprises renvoie spontanément aux impacts positifs de celles-ci sur les territoires dans lesquels elles sont implantées, et particulièrement du point de vue environnemental", précise l’institut de sondage dans sa note d’analyse des résultats. Invitées à exprimer ce que cette notion évoque pour elles, les personnes interrogées ont notamment cité la pérennité de l’activité, le recrutement de locaux, le respect de l’environnement et la préservation des ressources ou encore les échanges avec les élus locaux et les associations. Ainsi "une entreprise se doit d’avoir une responsabilité territoriale" pour 96% des sondés, dont 64% estiment que c’est "important mais pas prioritaire" et 32% jugeant que c’est "essentiel".
Pour les entreprises qui s’y implantent, le territoire est-il "un réservoir où prélever les éléments nécessaires à son activité" ou "un bassin de vie à servir, dans un objectif d’intérêt général ou d’utilité sociale" ? A cette question binaire, 30% des personnes interrogées ont choisi la première réponse et 68% la deuxième.
Plus précisément, quelles sont les missions prioritaires des entreprises ? La création d’emplois arrive en tête (74% des sondés), suivie de la prise en compte de la transition écologique dans les activités menées (64%) et le soutien aux filières locales (63%). Viennent ensuite l’investissement dans la formation (61%) et la relocalisation d’activités dans le territoire (61%), puis la poursuite d’un objectif d’utilité sociale et l’encadrement de la répartition des bénéfices (53%) et le dialogue avec les acteurs du territoire (51%).
Une volonté d’être consulté sur les activités économiques locales
Sans surprise, les personnes interrogées considèrent majoritairement que les TPE et PME font preuve de responsabilité territoriale (respectivement 76 et 79% d’entre elles). Cette proportion diminue à mesure que la taille de l’entreprise augmente : 61% pour les ETI, 52% pour les grandes entreprises (plus de 5.000 salariés), 43% pour les multinationales. Peu de différences de perception sont en revanche observées en fonction du type d’entreprises – publiques, privées lucratives, privées non lucratives ou à lucrativité limitée.
L’enquête révèle enfin une appétence des habitants à s’impliquer sur ces sujets économiques, 79% des personnes sondées déclarant souhaiter être consultées sur les différentes activités des entreprises présentes sur leur territoire – 71% considèrent qu’elles ne sont aujourd’hui pas consultées.
"On attend plus de l’entreprise qu’auparavant", a commenté Antoine Détourné, délégué général d’ESS France, ajoutant qu’il y a là l’opportunité pour l’ESS d’affirmer ses spécificités et son rapport particulier au territoire. Les entreprises de l’ESS – y compris de grandes associations et de grandes mutuelles - s’efforcent en effet d’être "accessibles", consacrent des moyens à "organiser la redevabilité démocratique", souligne-t-il.
Ce sont ces spécificités – ancrage territorial, gouvernance démocratique… - qu’ESS France, avec les chambres régionales de l’ESS, et ses partenaires cherchent à mettre en avant en novembre, à travers plus de 1.000 initiatives organisées sur les territoires. Le mois de l’ESS se décline également en semaines thématiques, sur la finance solidaire – du 7 au 14 novembre -, les achats responsables – du 14 au 18 novembre – et la réduction des déchets – du 19 au 27 novembre.