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Education - Rentrée 2015 et 2016 : l'Education nationale prévoit plus d'écoliers et plus de lycéens, mais moins de collégiens

Selon les prévisions de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP/ministère de l'Education nationale), le nombre des élèves à l'école primaire et au lycée devrait augmenter ces deux prochaines rentrées, tandis que les effectifs se stabiliseront en maternelle et baisseront au collège. La part des élèves en établissements privés ne devraient pas progresser.
Deux grands facteurs ont joué. L'un est purement démographique. C'est l'effet "génération 2000" qui quitte le collège pour entrer massivement au lycée. L'autre est politique. C'est l'application de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans "en priorité dans les écoles situées dans un environnement social défavorisé, que ce soit dans les zones urbaines, rurales ou de montagne et dans les départements et régions d'outre-mer", ainsi que le mentionne la loi Peillon (article 8).
Pour rappel, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale, a annoncé fin 2014 une réforme de l'allocation des moyens aux établissements scolaires, instituant qu'à partir de la rentrée 2015-2016 les dotations ne se fonderaient plus uniquement sur le nombre d'élèves (et la situation géographique de l'établissement), mais aussi sur des critères sociaux (voir notre article ci-contre du 17 décembre 2014).

Les effectifs des écoles portés par l'arrivée de CP et de tout-petits

Les effectifs scolarisés dans les écoles publiques et privées (maternelles et élémentaires) devraient croître de 27.300 élèves à la rentrée 2015, puis de 5.000 à celle de 2016. Le nombre d'élèves scolarisés dans le premier degré devrait ainsi s'établir à 6.815.900 élèves à la rentrée 2015 et 6.820.800 à celle de 2016.
Ces augmentations, portées par l'enseignement élémentaire, s'expliquent par l'arrivée au CP de générations plus nombreuses que celles qui partent au collège. Le nombre d'élèves en élémentaire devrait ainsi croître de 26.200 élèves à la rentrée 2015 et de 23.200 élèves en 2016.
La maternelle verra diminuer le nombre d'élèves âgés de 3 ans ou plus à partir de la rentrée 2015. Mais la politique de scolarisation des enfants de moins de 3 ans permettrait de stabiliser les effectifs dans ces écoles, entraînant la scolarisation de 2.600 élèves supplémentaires en 2015 et 3.500 en 2016, selon la DEPP qui souligne "l'objectif de 30% d'enfants de 2 ans scolarisés dans les zones de l'éducation prioritaire" (oubliant comme souvent les autres territoires concernés). Au final, après une baisse de 5.900 des élèves de maternelle à la rentrée 2014, les effectifs devraient se stabiliser à la rentrée 2015 (+ 400 élèves), puis diminuer de nouveau de 18.800 élèves à celle de 2016.

Les écoles publiques concentreraient toujours plus de 85% des élèves

La part du secteur public devrait se maintenir autour de 86,7% aux deux prochaines rentrées scolaires, souligne la Depp qui compte, là encore, sur "l'augmentation du taux de scolarisation des enfants de 2 ans dans les zones de l'éducation prioritaire" pour "accroître la part du secteur public pour cet âge, la faisant passer de 77,1% en 2014 à 77,7% à la rentrée 2015 puis à 78,6% à celle de 2016". Selon ses prévisions, les effectifs du secteur privé devraient augmenter de 1.900 élèves à la rentrée 2015 puis de 600 élèves à la rentrée 2016, quand le secteur public scolariserait 25.400 élèves supplémentaires en 2015 puis 4.300 en 2016.
A noter également que le nombre d'élèves en situation de handicap accueillis dans les écoles dans le cadre des classes d'inclusion scolaire (Clis) devrait continuer d'augmenter. A la rentrée 2014, 48.000 élèves étaient scolarisés dans ces classes, ils seraient 48.600 à la rentrée 2015 puis 49.200 à celle de 2016.

Forte augmentation en lycée général et technologique pour plusieurs années

Les effectifs du second degré devraient continuer à croître dans les deux années à venir à un rythme légèrement plus soutenu que celui observé à la rentrée précédente. Ainsi, après l'augmentation constatée de 24.500 élèves à la rentrée 2014, les effectifs devraient augmenter de 27.000 en 2015 et de 29.000 en 2016, prolongeant une période de croissance quasi constante des effectifs depuis la rentrée 2009.
Mais là encore, collèges et lycées doivent être observés séparément. Dans le second cycle général et technologique, la croissance des effectifs devrait s'accentuer au cours des deux prochaines années, avec 40.000 élèves supplémentaires en 2015 (+ 2,7%), puis 29.500 élèves en 2016 (+ 1,9%). La hausse la plus marquée est attendue en classe de seconde avec l'arrivée dans le second cycle de la génération des élèves nés en 2000 (année où les naissances ont été les plus nombreuses sur la période 1994-2004), la fameuse "génération 2000".

Les collèges perdraient 18.000 élèves à la rentrée 2015 puis 5.500 à celle de 2016

Cette démographie favorable explique en partie l'augmentation modérée des effectifs dans le second cycle professionnel, où 5.000 élèves supplémentaires sont attendus en 2015 et en 2016. "Dans la voie professionnelle, les capacités d'accueil des établissements et les sorties en cours de formation ont tendance à atténuer l'effet démographique", souligne la Depp. "Avec la généralisation du bac professionnel en trois ans, on constate cependant une stabilisation des flux d'entrée dans la voie professionnelle", ajoute-t-elle, précisant que 20,5% des élèves de troisième poursuivent leur scolarité en seconde professionnelle et 4,2% en CAP.
C'est mécanique : les collèges perdraient quant à eux 18.000 élèves à cette rentrée 2015 (puis 5.500 en 2016), du fait du "remplacement de la génération 2000 qui sort du collège par la génération 2004 moins nombreuse", explique la Depp qui voit également dans cette baisse l'effet de "la diminution du nombre de redoublements dans les parcours scolaires".
Les établissements privés gagneraient aussi des effectifs dans le second degré (+3.500 élèves à la rentrée 2015 puis +6.500 à la rentrée 2016) mais leur part resterait stable (21,2 %) durant les deux prochaines années, assure la Depp.