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Aménagement du territoire - Réforme de la défense : malgré l'assurance de "compensations", les élus ne désarment pas

Des dizaines d'implantations militaires sont appelées à disparaître en France, provoquant l'inquiétude des élus, en particulier dans l'Est et le Nord où l'armée est parfois la principale source d'activité. Les noms des unités ou établissements militaires concernés seront annoncés le 3 juillet par le gouvernement, en application du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale.
Le ministre de la Défense Hervé Morin a entrepris un travail de déminage préalable auprès des élus locaux, dont près de 250 ont été reçus au ministère, selon son cabinet. "Peu d'élus restent réticents", a jugé Hervé Morin, mettant en avant les compensations prévues par l'Etat. Le ministère estime qu'il reste "une demi-douzaine de cas difficiles" à trancher.
Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a lui aussi déclaré ce 18 juin que "la volonté du Président, c'est de donner des compensations" aux communes qui encourent "un risque de perte sèche important".
De même, la veille, le secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire Hubert Falco recommandait, dans un "diagnostic complet de l'impact" de la réforme (un document remis à Nicolas Sarkozy et François Fillon mais pas rendu public), "des mesures de revitalisation pour les territoires les plus touchés". Il s'agit, selon Hubert Falco, de "maîtriser les risques de cumul de restructurations sur les mêmes territoires". Le secrétaire d'Etat préconise en outre de "coordonner le dispositif d'accompagnement" en le confiant à la Diact.
Des députés UMP sont pourtant montés au front mardi, refusant de revivre la même mésaventure que celle vécue avec le redécoupage de la carte judiciaire. Bernard Pancher, député de la Meuse, a décidé de "coordonner" les mécontentements avec onze de ses collègues parlementaires. "Si l'armée n'a pas vocation à faire de l'aménagement du territoire, l'Etat n'est pas davantage appelé à déserter, en temps de guerre comme en temps de paix", déclarent-ils dans leur "appel".
Les élus s'inquiètent notamment en Lorraine, où quatre villes pourraient perdre un régiment : Bitche (Moselle), Dieuze (Moselle), Lunéville (Meurthe-et-Moselle) et Commercy (Meuse). Au total, le président de la région Jean-Pierre Masseret craint la perte de 4.000 des 16.000 militaires actuellement présents.
En Champagne-Ardennes, les élus redoutent des pertes à Chaumont (Haute-Marne), Reims, Charleville-Mézières. Dans l'Est toujours, la base aérienne de Luxeuil (Haute-Saône) est sur la sellette - un "sinistre majeur" selon le président du conseil général Yves Krattinger.
Nord-Pas-de-Calais et Picardie pourraient également payer leur tribut, avec des craintes à Arras, Cambrai, Noyon (Oise) et Laon (Aisne). "Il ne faut pas taper toujours sur la tête des mêmes. Moi je ne sais pas rebondir si demain on me dit qu'il n'y a plus de base aérienne", a déclaré François-Xavier Villain, député-maire de Cambrai, à l'image d'autres élus de sa région.
Le reste du territoire devra également affronter des restructurations. A Nîmes par exemple, le maire Jean-Paul Fournier redoute la fermeture de la base aérienne, tandis qu'à Bourg Saint-Maurice (Savoie), c'est le 7e bataillon de chasseurs alpins qui serait concerné.

C.M., avec AFP