Recours aux eaux usées recyclées : pas la "solution magique", selon un rapport
La réutilisation des eaux usées traitées et autres eaux "non-conventionnelles" (ENC), comme les eaux de piscine, pourra être utile face aux sécheresses et pénuries d'eau mais n'offrira pas de "solution magique", estime un rapport d'inspections des ministères de la Santé, de l'Agriculture et de de la Transition écologique publié ce 19 octobre.
Le potentiel des "eaux non conventionnelles" (ENC), encore "insuffisamment documenté", est "probablement significatif et encore peu mobilisé", estime un rapport publié ce 19 octobre et signé par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), le Conseil général de l'alimentation de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) et l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD). Mais ces ENC, qui constituent un ensemble hétérogène - eaux grises, eaux de pluie, eaux pluviales, eaux de piscine, eaux issues de processus industriels et agricoles, mais également eaux usées traitées par des stations d’épuration équipées à cette fin - "ne sont pas une solution magique aux problèmes tendanciels de manque d'eau, et doivent trouver leur juste place au sein du bouquet de solutions d'adaptation au changement climatique", relève-t-il.
Un coût économique et environnemental
En présentant le plan Eau du gouvernement, en mars dernier, le président Emmanuel Macron a fixé un objectif de 10% de réutilisation des eaux usées d'ici 2030. Un décret est paru cet été au Journal officiel pour simplifier la procédure d'autorisation des eaux usées traitées (voir notre article du 30 août 2023). Mais selon le rapport, le recyclage d'eaux usées est "coûteux" d'un point de vue économique, mais également environnemental, car il nécessite de l'énergie et des additifs chimiques. "Ce n'est ni une eau nouvelle, ni gratuite", pointe-t-il. "Tous les territoires et contextes ne se prêtent pas" à cette réutilisation, et "certains usages peuvent s'y prêter mieux que d'autres".
Usages adaptés dans les collectivités à certaines conditions
Parmi ces usages adaptés, le rapport cite les "usages urbains des collectivités" comme "l'hydrocurage des réseaux d'assainissement [nettoyage des canalisations grâce à un système de jets sous pression, NDLR], ou le lavage des bennes et véhicules de propreté". Il suggère que ces usages passent sous un simple régime de déclaration, et non plus d'autorisation. La mission estime que d'autres usages pourraient se révéler adaptés comme "le lavage des voiries" et "l'arrosage des espaces verts". Mais les usagers devront être "associés très en amont" et bénéficier "d'une information de qualité", pour éviter tout risque de conflit sur la question, note la mission.
Selon le rapport, il existe aujourd'hui 419 projets de réutilisation d'eaux usées en France, dont 326 issus d’assainissement collectif (eaux résiduaires urbaines), 3 d’assainissement non collectif (en service et situés dans des campings) et 90 d’origine industrielle. 283 sont en phase d'étude (dont 88 en cours d’instruction par les services de l’État) et 136 sont déjà mis en service.