Recensement de la population : derrière la collecte de 2024, plusieurs évolutions se profilent
Le recensement de la population 2024 démarrera le 18 janvier dans quelque 8.000 communes de métropole et d'outre-mer. L'opération avait été instituée en 2004 sous sa forme actuelle, c'est-à-dire à un rythme annuel. Le recensement a donc vingt ans. L'Insee célèbre cet anniversaire avec la perspective de plusieurs évolutions ces prochaines années, comme la réduction des délais de prise en compte des résultats du recensement et la pérennisation de la participation de La Poste aux opérations de collecte. A l'occasion du lancement du recensement 2024, l'Insee dévoilait aussi ce 16 janvier les dernières données sur la population française.
C'est jeudi 18 janvier que démarrera le recensement de la population, une opération qui concerne 9 millions de personnes et dont les résultats sont essentiels à l'application de plus de 350 textes législatifs et réglementaires (dotations, règles électorales, installation des pharmacies…), a annoncé l'Insee ce mardi 16 janvier au cours d'une conférence de presse.
Toutes les informations pratiques sur le recensement peuvent être trouvées sur le site Le-recensement-et-moi. Y compris le questionnaire, qui fait peau neuve cette année, notamment pour être plus accessible aux personnes en situation de handicap. Un questionnaire auquel il est répondu de plus en plus par Internet : 64,5% des ménages ont opté l'an dernier pour cette modalité.
Particularité du recensement qui a lieu cette année : 150 communes de métropole et d'outre-mer recourent à des facteurs du groupe La Poste, dans le cadre de la troisième et dernière année de l'expérimentation ouverte par la loi Pacte du 22 mai 2019. Soit un nombre significativement plus élevé qu'en 2023 (38 communes et 1 intercommunalité) et 2022 (18 communes). Parmi les communes ayant décidé de faire confiance à des facteurs, on trouve des collectivités de taille modeste, mais aussi bon nombre de villes moyennes (Houilles, Montélimar, Saint-Brieuc, Valenciennes...) et plusieurs grandes villes (Angers, Besançon, Nantes, Perpignan et cinq arrondissements de Paris).
Le recensement annuel a 20 ans
L'Insee s'est d'ores et déjà déclaré favorable à la généralisation de l'expérimentation. Le bilan des deux premières années est "globalement très positif", assurait l'organisme chargé des statistiques, dans un rapport, en juin dernier. "Les indicateurs de la qualité de la collecte du recensement [dans les communes concernées] se sont plutôt améliorés à l’exception du taux de réponse par Internet qui reste parfois un peu bas", indiquait-il. Au sein des communes, les coordonnateurs chargés du recensement "estiment avoir gagné en efficacité". La prestation fournie par La Poste les a dispensés de recruter des agents recenseurs – ce qui semble ne pas être une tâche aisée – et les agents de La Poste sont particulièrement bien placés, du fait de leur connaissance du terrain, pour accéder aux boîtes aux lettres.
La collecte du recensement de la population organisée cette année est la vingtième depuis la mise en place du recensement annuel. Le bilan de cette innovation "est positif", estiment deux responsables de l'Insee dans un article du blog de l'institution, publié ce 16 janvier. "Des résultats robustes ont été produits chaque année", écrivent-ils. Il reste que les résultats sont pris en compte avec un décalage de trois années. Ainsi, les populations légales publiées fin 2023 (pour application en 2024) correspondent aux chiffres de population de 2021. Ce décalage "demeure pénalisant à un moment où les transformations locales de l’habitat restent rapides", reconnaissent les deux experts. Selon lesquels, "chaque année environ 200 communes (sur 35.000) font des retours à l’Insee sur le calcul de leur population légale".
Délais raccourcis
Pour répondre à ce problème, la Commission nationale d’évaluation du recensement de la population (Cnerp), présidée par le sénateur socialiste Éric Kerrouche, se penche sur la possibilité de la réduction d'un an du délai de prise en compte des résultats des recensements. Le groupe de travail dédié tiendra une première réunion "début février", indique l'Insee. En précisant que "l’objectif est de rédiger un rapport pour la commission de la Cnerp de fin d’année qui se prononcera sur cet avancement". En sachant que l'avancement d'un an de la diffusion des populations légales ne serait mis en œuvre qu'à partir de 2026, selon un responsable de l'Insee qui s'exprimait sur le sujet lors d'une réunion de la Cnerp, en mai dernier.
Pour rappel, le recensement obéit à des règles différentes suivant la taille des communes. Dans celles de moins de 10.000 habitants, il porte sur toute la population une fois tous les cinq ans. Mais, dans les quelque mille communes dépassant ce seuil, une enquête par sondage est effectuée chaque année auprès d’un échantillon représentant 8% des logements.
L'Insee a publié ce 16 janvier le bilan démographique 2023. Au total, 68.373.000 personnes vivaient en France au 1er janvier 2024, dont 66,1 millions en métropole et 2,2 millions en outre-mer. Natalité en berne, recul des décès, redressement de l'espérance de vie… Que faut-il retenir des dernières évolutions de la population française ? Croissance démographique. Comme en 2022, la population a augmenté de 0,3%, un rythme de croissance qui ralentit (+0,5% en 2017 et 2018). Cette croissance de la population est principalement liée au solde migratoire (estimé à +183.000 personnes), soit la différence entre le nombre de personnes entrées et celles sorties du territoire. Natalité. En 2023, 678.000 bébés ont vu le jour dans le pays, soit 6,6% de moins que l'année précédente, ce qui correspond au plus faible nombre de naissances sur un an depuis 1946. Ce recul de la natalité est surtout dû à la baisse du taux de fécondité, qui s'est établi à 1,68 enfant par femme l'an dernier, contre 1,79 en 2022. Il avait diminué chaque année entre 2015 et 2020, après avoir oscillé autour de deux enfants par femme entre 2006 et 2014. Mortalité. En 2023, l'Insee comptabilise 631.000 décès, un nombre en recul de 6,5% par rapport à 2022, année marquée par les conséquences de la pandémie de Covid-19 et des épisodes de fortes chaleurs. En 2023, les épisodes caniculaires de l'été ont été "nettement moins meurtriers". Solde naturel. La différence entre le nombre de naissances et de décès s'est élevée à +47.000 personnes en 2023. Elle a ainsi atteint son "plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale". Une situation qui s'explique principalement par la baisse des naissances, plus rapide que celle des décès. Vieillissement. Le vieillissement de la population s'accélère depuis le milieu des années 2010, avec l'arrivée à ces âges des générations nombreuses du baby-boom. Au 1er janvier 2024, 21,5% des habitants avaient 65 ans ou plus. Et les personnes âgées de 75 ans ou plus représentent désormais une personne sur dix (10,4%). Les moins de 15 ans représentaient eux en début d'année 17% de la population. Espérance de vie. L'espérance de vie à la naissance a fortement progressé pour s'établir à 85,7 ans pour les femmes (+0,6 an) et à 80 ans (+0,7) pour les hommes. Elle "dépasse ainsi les niveaux de 2019", selon l'Insee. Mariages et Pacs. 242.000 mariages ont été célébrés en France l'an dernier, dont 235.000 entre personnes de sexe différent et 7.000 entre personnes de même sexe. Le nombre de mariages se stabilise au niveau élevé de 2022, ce qui s'explique en partie par un rattrapage des unions reportées pendant la pandémie, selon l'Insee. Le nombre de Pacs se situe également à un niveau élevé (210.000), comme l'année précédente. T.B. |