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Social - Rapport sur la précarité énergétique : le Cler redoute l'absence de "passage à l'acte concret"

Le Comité de liaison des énergies renouvelables (Cler) n'attend pas grand chose du rapport du groupe de travail précarité énergétique du Plan bâtiment Grenelle remis officiellement le 6 janvier dernier à Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement et à l'Urbanisme, et à Valérie Létard, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo. "Force est de constater que les ministres présents n'ont pas semblé particulièrement enthousiastes devant les 9 propositions d'actions retenues dans le plan, a-t-il estimé dans un communiqué, le 12 janvier. Ils ont certes salué bien bas les prouesses consensuelles et les capacités de concertation incroyables des structures associées à la réflexion mais ont balayé bien vite les espoirs d'avancées significatives aux niveaux national et local."
Le Cler, qui regroupe près de 180 professionnels des énergies renouvelables et de la maîtrise de l'énergie, a participé aux travaux qui ont donné lieu au rapport. Pour l'association, "la réaction des ministres ne laisse pas présager de passage à l'acte concret". Les déclarations de Benoist Apparu sont "restées plus que floues sur la manière dont il comptait utiliser concrètement les propositions du groupe de travail, suggérant plutôt l'adaptation à la marge de l'existant". Le Cler regrette que le secrétaire d'Etat compte essentiellement sur l'éco-prêt logement social et l'éco-prêt à taux zéro pour résoudre le problème de la précarité énergétique. Or, pointe le Comité, les ménages concernés ne peuvent pas "se projeter dans un crédit sur quelques années" alors qu'ils "luttent avec le quotidien pour se chauffer, pour payer leur loyer, pour se nourrir".
Quant au discours de Valérie Létard, le Cler ne l'a pas jugé non plus "très encourageant". "Elle a réaffirmé l'importance de cibler en priorité les petits propriétaires privés en milieu rural et les personnes âgées mais quid des locataires du parc social ancien et mal entretenu ?", s'interroge-t-il. Si la secrétaire d'Etat a passé brièvement en revue l'ensemble des propositions, elle a "fait attention de ne pas s'engager sur quoi que ce soit... tout en laissant entendre que les modifications de texte de loi étaient loin d'être acquises", a noté le Comité. Selon lui, les choses risquent aussi de rester en l'état concernant l'intégration systématique d'un volet de lutte contre la précarité énergétique dans les plans départementaux d'action pour le logement des personnes défavorisées (PDALPD) car Valérie Létard a indiqué que la démarche devrait rester volontaire. Pour le Comité, "la seule avancée concrète qui verra le jour très prochainement est la mise en place d'un observatoire national de la précarité énergétique piloté par l'Ademe".
Enfin, le Cler critique la définition de la précarité énergétique retenue dans le rapport. Celui-ci a estimé que les ménages qui en souffrent sont ceux dont les dépenses dédiées à l'énergie dans le logement dépassent 10% des revenus. Inspirée de celle en vigueur en Grande-Bretagne, pionnière dans l'étude du phénomène, cette définition aurait subi une simplification grammaticale dans sa traduction de l'anglais vers le français qui en modifie le sens. Le Cler souhaite ainsi réintroduire le conditionnel utilisé outre-Manche, à savoir que les ménages en situation de précarité énergétique sont ceux "qui devraient dépenser au moins 10% de leur revenu pour couvrir la facture d'énergie nécessaire à la satisfaction de leurs besoins". En passant donc de la notion d'énergie constatée à celle d'énergie nécessaire au confort thermique des logements, les estimations officielles récentes faisant état de 3,4 millions de ménages en situation de précarité énergétique devront être naturellement revues à la hausse, insiste le Cler.


Anne Lenormand
 

 

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