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Politique de la ville - Quartiers (très) "difficiles" : les premiers délégués du gouvernement prendront leur fonction début avril dans 12 agglomérations

Une instruction du Premier ministre aux préfets donne la liste des 12 agglomérations qui accueilleront, dans moins d'un mois, les premiers délégués du gouvernement. Cette fonction avait été créée en octobre par le comité interministériel Egalité et Citoyenneté des Mureaux.

Manuel Valls a adressé, le 11 mars, une instruction aux préfets concernés par la mise en place des délégués du gouvernement dans les quartiers de la politique de la ville "qui concentrent le plus de difficulté" et à ce titre "nécessitent un soutien complémentaire".
La création des délégués du gouvernement avait été la grande annonce du comité interministériel Egalité et Citoyenneté des Mureaux du 26 octobre 2015 (voir notre article du 27 octobre 2015). Le gouvernement avait alors parlé de 10 délégués du gouvernement pour expérimenter une nouvelle "méthode de travail" durant un an, sur 10 agglomérations concernant 17 quartiers dont trois avaient été identifiés : le quartier des Merisiers-Plaine de Neauphle à Trappes (Yvelines), le quartier intercommunal Drouot-Jonquilles à Mulhouse-Illzach (Haut-Rhin) et le quartier Monclar-Rocade Sud à Avignon (Vaucluse).
L'instruction du 11 mars ajoute les agglomérations de Marseille (quartier du 15e arrondissement), Amiens (quartier Nord), Grigny (deux quartiers : Grand Borne et Grigny 2), Roubaix-Tourcoing (trois quartiers : Blanc Seau, Croix Bas Saint-Pierre et Bourgogne), Sevran-Aulnay (le quartier Montceleux-Pont Blanc), Toulouse (Grand Mirail), Vénissieux (deux quartiers : Etats-Unis Langlet Santy et Duclos Barel), Mantes-la-Jolie (Le Val Fourré) et Cayenne (quartiers non précisés).

Prise de poste le 4 avril

Les 12 délégués du gouvernement prendront leur poste le 4 avril. Avis aux amateurs, le recrutement est en cours ; il s'effectue à partir d'un appel à candidature interministériel et de l'étude des candidatures spontanées provenant de la société civile (la fiche de poste figure en annexe). Mission : "mobiliser les services de l'Etat, les opérateurs, les partenaires et les habitants pour la résolution des deux ou trois priorités majeures dans un quartier ciblé de la politique de la ville". Une mission "à temps plein", sur une période de 12 à 24 mois. Parmi les qualités requises, il est demandé le "sens des relations humaines" et l' "empathie".
"Le délégué du gouvernement aura l'autonomie nécessaire, notamment budgétaire, pour mobiliser les ressources du territoire – administration comme associations – afin de bâtir de manière réactive – et créative ! – des solutions sur mesure pour obtenir des résultats tangibles pour les habitants", avait annoncé le Premier ministre au Ciec des Mureaux. Il avait alors déclaré "croire beaucoup" à cette capacité de mobiliser les politiques de droit commun, considérant que "le cloisonnement, l'intervention en silo, la surenchère bureaucratique sont des obstacles à l'efficacité de notre action". Il avait ajouté : "ils sont, aussi, des sources de démobilisation, des personnels, tout comme des citoyens. C'est alors le sentiment d'impuissance publique qui prend le pas".

En renfort des équipes déconcentrées

L'instruction rappelle qu'il interviendra en effet "en renfort des équipes déconcentrées" et qu'il doit "tester et mettre en œuvre de nouvelles modalités de travail (...) y compris avec les habitants du quartier" et d'afficher vite des résultats "visibles". Il se concentrera bien sur "2 ou 3 priorités maximum identifiées", lesquelles seront définies par le préfet "en lien étroit avec les élus". Il agira sous l'autorité du préfet et le cas échéant sous celle du préfet délégué pour l'égalité des chances, et il "travaillera en lien étroit" avec le sous-préfet à la politique de la ville dans le département et avec le sous-préfet d'arrondissement territorialement compétent.
L'instruction donne des exemples de sujets : l'éducation, l'accompagnement personnalisé vers l'emploi, la mixité sociale dans le logement, l'accès aux droits des plus démunis, l'accès aux soins... Elle ajoute que le délégué du gouvernement devra "porter une attention particulière" à la prévention de la radicalisation, dans le prolongement de la circulaire du 2 décembre 2015 (voir notre article du 10 décembre 2015).
Pour rappel, l'avant-projet de loi Egalité et Citoyenneté prévoit qu'à la fin de la mission de ces douze délégués (considérée comme étant une "phase expérimentale"), il y aurait d'autres sites (et d'autres délégués). Ces futurs sites seraient alors définis "suite à l'interpellation du gouvernement par le préfet", le préfet étant lui-même "sollicité par les conseils citoyens mis en place dans le cadre des contrats de ville" (voir notre article ci-contre du 15 mars 2016).