Quartiers populaires : des "dictées citoyennes" pour recueillir la parole des habitants
L'association Ville & Banlieue organise un "tour de France des quartiers populaires" pour "recueillir le ressenti des habitants". "Ces habitants ont été peu entendus, d’où l’idée de porter leurs demandes directes", explique son président, Gilles Leproust.
Près d’un an après les émeutes urbaines qui ont suivi le décès du jeune Nahel à Nanterre, l’association Ville & Banlieue organise un "tour de France des quartiers populaires" pour "recueillir le ressenti des habitants". En partenariat avec l’association de maires mais aussi "La Dictée pour tous" et la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF), onze villes, d’Epinay-sous-Senart à Marseille (1), convient leurs habitants (élèves de primaire, collégiens, lycéens, adultes) à participer à une "dictée citoyenne", suivie d’un échange sur une thématique : vivre ensemble, famille, rapport entre population et institutions, sport, école, lutte contre les discriminations, autorité parentale, cultures, liberté et émancipation… Menée "en lien avec les structures associatives locales (centres socioculturels, associations, club de prévention...)", la démarche vise à "donner la parole aux habitants et acteurs" des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), selon le communiqué de Ville & Banlieue. Ces habitants seront invités à "s’exprimer sur leur vie au quotidien, leur ressenti un an après les émeutes et la façon dont ils se sentent aujourd’hui considérés". Les témoignages seront compilés (2) et adressés, fin juin, au président de la République.
"Ces habitants ont été peu entendus, d’où l’idée de porter leurs demandes directes", explique Gilles Leproust, président de Ville & Banlieue, interrogé par Localtis. S’il reconnait que quelques mesures ont été obtenues (dont la reconduction des Colos apprenantes en 2024, voir notre article, ou la hausse du nombre de cités éducatives), le maire d’Allonnes estime qu’"en un an, pas grand-chose a changé". "Hormis les déclarations autoritaristes, on ne voit pas de véritable prise en compte, ce n’est pas à la hauteur des dégradations réelles qui se passent dans nos territoires pour les habitants", déplore-t-il. "Et là c’est complètement au ralenti", ajoute-t-il. Un exemple : annoncée par le chef de l’État à Marseille en juin dernier, juste avant les émeutes, puis confirmée lors du Comité interministériel des villes d’octobre, la mesure visant à "occuper" les collégiens de 8h à 18h n’a pas encore donné lieu à la moindre réunion préparatoire avec les services de l’État dans son territoire… alors que le dispositif doit théoriquement démarrer à la rentrée scolaire 2024. Pas de nouvelle non plus de la commission Mechmache sur la participation des habitants dans les QPV, dont les résultats devaient pourtant influencer l’élaboration des nouveaux contrats de ville. Ces derniers n’ont pas encore été tous signés, mais Gilles Leproust souligne un point positif : la signature d’avenants a permis, dans beaucoup de territoires, de débloquer des financements de l’État nécessaires au bon fonctionnement des associations.
Les onze villes sont Epinay-sous-Senart, Bagneux, Gennevilliers, Allonnes, Colombes, Cachan, Roubaix, Trappes, Rezé, le Kremlin-Bicêtre et Marseille.
"Un livrable final, témoignage de l’expression des citoyens des quartiers populaires sera compilé et remis, fin juin, au président de la République", est-il indiqué dans le communiqué. Ce document s’appuiera sur les comptes rendus de chaque étape de ce tour de France, mais aussi sur le rapport "Paroles d'habitants des quartiers populaires" publié en septembre 2023 par la FCSF et le réseau national des centres de ressources politique de la ville.