Quand le paysage fonde une identité touristique de territoire (43)

« Nous avons, depuis plusieurs années, travaillé tous ensemble, mais de fait, nous n’avions pas les moyens de notre ambition », explique André Ferret, vice-président de la Communauté de communes Mézenc Loire-Meygal, en charge du Tourisme.

Déjà en 2017, le travail des trois intercommunalités avait débouché sur la labellisation « Territoires de montagne 4 saisons », dans le cadre d’un appel régional à manifestation d’intérêt. Les budgets régionaux avaient ainsi permis d’accompagner les porteurs de projets publics et privés. Dans ce cadre, plusieurs projets avaient pu être engagés : mise en place d’une luge 4 saisons ; réalisation de la passerelle himalayenne (268 mètres qui surplombent des gorges) ouverte au public ce printemps 2022 ; développement d’un parc de vélos à assistance électrique auprès des hébergeurs… Mais, si ces investissements concourent bel et bien à la diversification des activités de montagne, ils restent en deçà de la volonté des trois acteurs : « Nous voulons définir un projet touristique commun qui fasse sens, au-delà des limites administratives que les touristes ne connaissent pas. Élaborer et mettre en œuvre une politique visible et identifiable est beaucoup plus efficace ensemble, mais cela nécessite un temps que nous n’avons pas », expriment d’une même voix Carole Jeanjean, directrice des services de la communauté de communes Mézenc-Loire-Meygal ainsi que Suzon Santiago, chargée de mission tourisme pour Les Sucs, et Nancy Epalle-Saby, directrice du service tourisme Haut Lignon.

Retenue parmi les 32 premiers lauréats sélectionnés en octobre 2021 par l’agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) pour bénéficier d’un accompagnement en ingénierie au titre du programme Avenir Montagnes Ingénierie, Mézenc-Loire-Meygal, chef de file du trio communautaire bénéficie d’un appui de la Banque des Territoires, soit 60 000 € annuels renouvelables une fois. Grâce à cet appui, un chef de projet a été recruté pour 24 mois au sein de la communauté de communes, à compter du 1^er juin 2022. « Ce poste de chef de projet consacré à l’ingénierie est une véritable aubaine pour construire le projet touristique commun que nous pressentions, sans toutefois pouvoir le mettre en œuvre. Nous avons beaucoup de chance, poursuit André Ferret, car cette personne a l’expérience du tourisme et la connaissance de notre territoire. Elle pourra, en partenariat avec les techniciens des trois communautés de communes, construire et mettre en œuvre notre identité touristique. »

De l’ingénierie à l’action

Concrètement, la fiche de poste passe par la rencontre de tous les acteurs, institutionnels aussi bien que touristiques. Il s’agit de dresser l’état des lieux de leur vision du territoire, avant d’élaborer un plan d’actions, au service de la promotion de l’identité « montagnes et volcans ». En effet, au-delà d’Avenir Montagnes Ingénierie, « il s’agit de préparer des opérations concrètes pour lesquelles nous chercherons les financements appropriés », précise Carole Jeanjean.

Côté identité, « Montagnes et Volcans » serait la marque du développement touristique du territoire. Elle s’accroche à ce paysage fait de massifs volcaniques, d’une géologie spécifique et d’une biodiversité riche. Une particularité paysagère commune aux trois communautés de communes.

L’attrait touristique de la destination s’appuiera sur des pistes identifiées lors des travaux précédents. Il s’agit ainsi de mettre en avant cette montagne ouverte à tous, l’accès à la pleine nature, à la qualité de l’air, mais aussi à des hébergements qualitatifs. « Nous inciterons les acteurs locaux à s’engager dans des processus de labellisation pour valoriser les hébergements écotouristiques qui prennent en compte l’environnement. » Pour ce qui concerne la mobilité, les réflexions avec la maison départementale du tourisme ont mis en évidence le potentiel de circuits vélos pour tous les types d’utilisateurs : touristes, sportifs… Des espaces de réparation, de recharge des vélos électriques et des lieux d’hébergement sont envisagés. S’appuyant sur une agriculture encore très vivante, l’agritourisme proposera une autre manière de faire découvrir aux vacanciers les savoir-faire et modes de vie agricoles. Il s’agira aussi d’aménager des espaces de stationnement, car « l’enjeu est d’accueillir des visiteurs, tout en préservant les milieux naturels ».

Du tourisme au retour à la campagne

La crise sanitaire a déclenché de nouveaux comportements : « nous avons observé que les gens sont à la recherche d’authenticité et très curieux à l’égard de la nature. Pour preuve, au moins la moitié des 300 résidences secondaires du Mézenc Loire-Meygal sont devenues des résidences principales. Les Sucs et le Haut-Lignon connaissent aussi ce phénomène », constate André Ferret. La pratique du télétravail a ainsi permis à des familles de vivre à la campagne, tout en poursuivant leur vie professionnelle dans la métropole lyonnaise, à 1 h 30 de route ou à Saint-Etienne à 1 heure de voiture. Si cette évolution n’est pas clairement chiffrée, elle marque une tendance réelle, qui représente un potentiel certain de développement pour l’ensemble du territoire.

Quant au tourisme lui-même, la progression de la fréquentation en 2021 par rapport à 2020 atteste cet engouement pour le territoire : + 3,4 % pour le nombre de touristes à la journée ; + 16,7 % pour les excursionnistes à la journée. Le touriste étant la personne présente sur le territoire en journée et possédant un hébergement touristique sur le territoire ou ailleurs dans le département ; l’excursionniste désignant la personne venant de son domicile pour une présence à la journée sur le territoire.

On le voit, les temps ont changé depuis les premières études qui imaginaient des moyens de poursuivre l’offre de ski alpin. Il s’agit aujourd’hui de valoriser le paysage et les modes de vie, et de proposer aux visiteurs de les partager plutôt que de les consommer. Le soutien de l’État vient à point nommé pour écrire cet avenir commun aux trois communautés de communes.