Téléphonie mobile - Qualité de services mobiles : en progrès, mais les zones rurales toujours en marge
Pour 2016, l'observatoire sur la couverture et la qualité des services mobiles publié par l'Arcep fait peau neuve et se dote d'un outil cartographique interactif. Côté résultats, on observe toujours, et ce malgré les progrès, de fortes disparités entre les zones rurales et urbaines, ainsi qu'entre les opérateurs. Réalisé chaque année depuis 17 ans, cet observatoire évalue la qualité réelle des services proposés par les quatre opérateurs nationaux (Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR) et vérifie leurs taux de couverture. Un outil puissant mis à disposition du public pour s'informer et comparer des critères bien souvent plus compliqués à appréhender que le prix ou le contenu de l'offre. Le tout sous-tendu par une logique de "régulation par la data" ; autrement dit, faire confiance au pouvoir de l'information pour réguler le marché.
Les zones rurales, ces oubliées de la 4G
Contrairement aux taux de couverture, qui s'appuient sur les simulations réalisées par les opérateurs, les mesures liées à la qualité des services sont réalisés sur le terrain par l'Arcep (voir notre article du 27 juin 2016 ci-contre). Et si des progrès sont à noter dans les zones denses (400.000 habitants) ainsi que dans les zones intermédiaires (10.000 à 400.000 habitants) pour les débits de téléchargements (4G) avec respectivement 30 Mo/s (22 Mo/s en 2015) et 18 Mo/s (12 Mo/s en 2015) en moyenne, les zones rurales restent en marge du mouvement. On n'y observe en effet aucune progression : 6 Mo/s en moyenne en 2015, 6 Mo/s de moyenne en 2016. Une donnée qui fait relativiser les progrès constatés à l'échelle nationale, où l'on est passé de 14 Mo/s en moyenne en 2015 à 18 Mo/s en 2016 (et 6 Mo/s en 2014). Enfin, cette fracture territoriale se perçoit également pour des services essentiels comme la voix et la qualité des appels. 97% sont "parfaits" en zones denses (96% en zones intermédiaires), contre 86% en zones rurales ; soit plus de 10 points de moins.
La couverture 4G progresse… en ville
En termes de couverture, le constat est relativement simple : seule la 4G a progressé, là où la couverture 2G et 3G a au mieux stagné. Si la faible appétence des opérateurs pour les zones rurales a dû contribuer à ce manque de progrès, les difficultés de mise en œuvre des plans de résorption des zones blanches, des zones grises et de couverture des sites d'intérêts, ainsi que la date de publication des données (janvier pour la 2G, avril pour la 3G/4G) peuvent également l'expliquer. A noter que l'Arcep a décidé d'affiner ses résultats en introduisant une décimale. Ce qui donne des légères différences : pour la 2G, Orange ne couvre plus 98% du territoire mais 97,8%, idem pour Bouygues Telecom (90,7% contre 91%). Free et SFR grappillent à l'inverse quelques dixièmes de points (respectivement à 96,6% et 95,8%). Pour la 3G, les résultats sont moins bons, mais Orange montre là encore un meilleur taux de couverture (92,6%), suivi de près par SFR (91,9%). Loin derrière, on retrouve Free (82,6%) et Bouygues Telecom (80%, -2 points par rapport à 2015). Côté 4G, si les progrès sont certes à relativiser, ils sont cependant réels. 40.000 Km2 (7% du territoire) en plus couverts par chaque opérateur entre juillet 2015 et avril 2016. Soit 6.000 antennes déployées en 9 mois. En chiffre, Orange culmine à 36% du territoire couvert, suivi de Bouygues Telecom (31%), Free (26%) et SFR (21%). Mais comme vu précédemment, les zones rurales restent pour l'instant à la marge de ces déploiements selon l'Arcep.
Et le meilleur opérateur est…
Le principal intérêt de cet observatoire est de pouvoir comparer la qualité des services que proposent les opérateurs. On l'a dit, le prix et le contenu de l'offre déterminent bien souvent le choix du consommateur. Du côté de l'Arcep, on espère réduire l'importance de ces deux critères en apportant des informations supplémentaires sur la qualité de services et sur la couverture. L'objectif : que les opérateurs puissent valoriser les investissements consentis dans leurs réseaux auprès des clients finaux. Et si Free propose les tarifs les plus bas, en termes de qualité de services, c'est Orange qui continue d'afficher les meilleurs résultats, devant SFR et Bouygues Telecom (relativement proches). Parfois loin derrière, "sensiblement moins bons sur un grand nombre d'indicateurs", Free ferme la marche. Des différences entre les opérateurs qui s'observent aussi bien dans les zones rurales que les zones denses. Pour les débits de téléchargements par exemple, Orange est aussi bien leader dans les zones denses (43 Mo/s) que dans les zones rurales (9 Mo/s), alors que Free est bon dernier dans les deux cas (19 Mo/s et 4 Mo/s). Mais il existe des exceptions à ce classement, puisque dans les zones intermédiaires, Free se classe 3e (14 Mo/s) devant SFR (11 Mo/s). Pour des services essentiels comme la voix et les SMS, des différences persistent dans les zones rurales. Orange domine là encore, avec 91% (voix) et 88% (SMS) de taux de réussite (5 à 6 points au-dessus des autres opérateurs).
Visualiser la couverture des axes de transport
L'Arcep propose désormais une plateforme pour visualiser les données, grâce à des cartes de couverture interactives. Pour l'instant, seuls les principaux axes de transports, comme les autoroutes, les grandes lignes ferroviaires (ou encore le métro parisien) sont concernés. D'ici 2017, les lieux de vie seront également visualisables. En termes de résultats en matière de transports, on observe que le classement des opérateurs établi pour les lieux de vie est toujours valable. Les taux de réussites pour la voix, les SMS et la navigation web sont cependant globalement plus faibles sur les axes ferrés, voire désastreux pour le métro parisien (moyenne de 16% pour la navigation web). A noter que l'édition 2016 intègre pour la première fois les trains du quotidien, dont la couverture a fait l'objet d'obligations dans le cadre de la procédure d'attribution de la bande 700 MHz. Côté autoroute, les résultats s'améliorent et sont parfois meilleurs que dans les zones rurales, mis à part pour Free. Pour la navigation web par exemple, Orange a un taux de réussite de 89% contre 71% dans les zones rurales, et Bouygues Telecom de 78% contre 69%.