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Qualité de l'air intérieur dans les écoles : des résultats globalement satisfaisants malgré des points d'inquiétude

La première campagne de mesure de la qualité de l'air et du confort réalisée de 2013 à 2017 dans plus de 300 écoles donne de premiers résultats globalement satisfaisants même si des concentrations de particules fines et de composés organiques semi-volatils (COSV) sont détectées dans la quasi-totalité des établissements. L'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (Oqai), qui  les a présentés le 25 juin, appelle à une certaine vigilance et poursuit l'analyse des données récoltées durant cette campagne.

L'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (Oqai) a présenté le 25 juin les premiers résultats d'une campagne nationale de grande ampleur qui mesure la qualité de l'air et du confort dans 301 écoles maternelles et élémentaires. C'est la première étude du genre donnant une vision globale de l'environnement intérieur des écoles en France. "Des études existaient mais restaient limitées à une poignée d'établissements ou d'indicateurs de pollution", indique Claire Dassonville, ingénieure au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

La route pollue les écoles

Comment les écoles ont-elles été choisies ? Par tirage au sort sur l'ensemble du territoire pour constituer un échantillon représentatif du parc. Douze équipes d'opérateurs et six laboratoires ont ensuite enquêté dans les 301 écoles retenues. Chaque école a tiré au sort deux salles de classe qui ont été instrumentées en situation réelle pendant une semaine de cours. En complément, des prélèvements d'air et de poussière déposée au sol ont été effectués. Les écoles sont réparties dans une trentaine de départements. La moitié d'entre elles sont situées en milieu rural, la seconde moitié en milieu urbain ou périurbain.
Près de 70% d'entre elles sont exposées à un trafic routier jugé intense dans un rayon de 500 mètres. Un détail important puisque ce trafic génère des particules fines et qu'il ressort justement de l'étude que cette pollution particulaire se retrouve dans l'air de toutes les salles de classes instrumentées. "Avec une concentration médiane de 18 microgrammes (µg) par m³, la valeur guide de 10 µg/m³ proposée par l'Organisation mondiale de la santé pour certaines particules fines est donc dépassée dans 93% des classes", souligne Claire Dassonville.

Satisfecit global

Sur l'ensemble, les prélèvements des divers polluants effectués montrent que la qualité de l'air dans les écoles françaises est globalement satisfaisante. "Les valeurs limites nécessitant des investigations complémentaires et des travaux ne sont jamais dépassées, sauf pour le plomb. Les écoles apparaissent, selon les composés, plus faiblement polluées ou avec des concentrations équivalentes observées dans les logements", résume-t-on à l'Oqai. Les concentrations en composés organiques volatils (COV) sont significativement inférieures dans les écoles en comparaison des logements, sauf pour le formaldéhyde (concentration équivalente). Treize types de COV sont détectés dans plus des trois quarts des classes, dont le phénol présent dans la moitié des échantillons d'air et le perchloroéthylène ou tétrachloroéthylène dans un tiers d'entre eux. Mais les valeurs guides ici ne sont pas dépassées.

Gare au plomb

Du plomb est détecté dans la quasi-totalité des prélèvements mais sa concentration est loin d'atteindre le niveau à partir duquel le Haut Conseil de la santé publique préconise de déclencher un dépistage du saturnisme. C'est la dégradation des peintures anciennes, surtout sur les portes, fenêtres et volets, qui souvent génère des concentrations de plomb dépassant le seuil réglementaire de 1mg/cm². Au moins un signe d'humidité se retrouve dans 20% des salles de classe. Et 16% des écoles ont au moins une salle de classe présentant une contamination fongique active.

Aérer à l'ancienne

Dans les trois quarts des écoles, les installations de ventilation sont inexistantes. Or l'aération permet d'évacuer rapidement certaines pollutions. "C'est le seul moyen de renouveler l'air de façon significative", souligne l'une des quinze fiches d'informations pratiques que l'Ademe a publiées le 25 juin à l'occasion de cet atelier sur la qualité de l'air dans les écoles. Deux guides réalisés dans le cadre du programme Ecol'air ont été réactualisés (ils ont été édités en 2011) pour l'occasion. L'un permet aux services techniques des communes ou à leurs bureaux d'études de réaliser un diagnostic simplifié des systèmes de ventilation en place et de proposer des actions correctrices, le mieux étant d'installer une ventilation mécanique contrôlée pour évacuer l'air vicié et le renouveler.

L'achat public, ce levier

Le second guide précise les impacts potentiels des produits d'entretien sur la qualité de l'air dans les écoles. Il détaille les leviers existants dans la commande publique et préconise à l'acheteur public de recourir à des produits d'entretien écologiques et de former le personnel de nettoyage à de bonnes pratiques. La partie consacrée au choix du mobilier reste à porter à la connaissance des élus et acteurs du terrain. Tout comme son focus sur la Javel, à bannir car elle altère la qualité de l'air. "Or malgré son interdiction dans un nombre grandissant de collectivités, elle demeure très souvent utilisée pour le nettoyage des sanitaires, voire des sols et du mobilier", conclut ce guide de l'Ademe.