Publication de la cartographie de déploiement de l'éolien en mer d'ici 2035 et 2050

Le gouvernement a publié ce 18 octobre la cartographie des zones prioritaires de déploiement à horizons 2035 et 2050 de l'éolien en mer au large des différentes façades maritimes permettant d’atteindre à terme une capacité de 45 GW. La définition de ces zones ouvre la voie au lancement dans les prochains mois d'un dixième appel d'offres portant sur l’installation de parcs off shore pour une puissance totale de 8 à 10 GW avec l’objectif d’une attribution à l’automne 2026. Des zones de protection forte pour la biodiversité en mer sont aussi identifiées.

Dans une décision consécutive au débat public "La mer en débat", qui s’est déroulé simultanément sur les quatre façades maritimes de l’Hexagone, entre le 20 novembre 2023 et le 26 avril 2024 et a donné lieu à plus de 20.000 contributions écrites, les ministres Catherine Vautrin (en charge notamment de la mer) et Agnès Pannier-Runacher (en charge notamment de l’énergie) ont publié ce 18 octobre la cartographie des zones prioritaires de développement de l’éolien en mer.

Cette publication réaffirme l'objectif de production de 18 gigawatts (GW) en 2035 et 45 GW en 2050, contre 1,5 GW aujourd'hui. "L'éolien en mer est une pièce maîtresse de notre stratégie énergétique, qui devra apporter 20% de notre production électrique en 2050", a déclaré Olga Givernet, la ministre déléguée à l'Énergie. 

Le débat public était destiné à préciser les zones prioritaires de développement de l'éolien en mer "afin de concilier production énergétique décarbonée, activités de pêche et de transport, et respect des paysages et de la biodiversité des territoires côtiers et de la mer", selon Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique. 

Ces zones sont listées dans les quatre premières annexes de la décision parue 18 octobre au Journal officiel. Elles "pourront être précisées et revues ultérieurement au regard de l’évolution des enjeux et des technologies disponibles, lors de la révision de la cartographie […], à l’issue de nouvelles concertations et consultations avec les instances et les acteurs de la façade et des façades limitrophes le cas échéant", ont précisé les deux ministres signataires.

Nouvel appel d'offres AO10

Elles ont également annoncé qu’une nouvelle procédure de mise en concurrence, dite AO10, sera lancée dans les prochains mois, avec l’objectif d’une attribution à l’automne 2026. Elle devrait déboucher sur l’installation de nouveaux parcs pour une puissance totale de 8 à 10 GW (soit environ 150% des parcs déjà attribués et six fois la puissance des parcs déjà en service), afin d’atteindre un total de 18 GW en service en 2035 :

  • deux projets d’éoliennes posées d’environ 2 gigawatts (GW) chacun sur la façade maritime Manche Est - mer du Nord (annexe 1, zone Fécamp grand large) ;

  • un projet d’éoliennes flottantes d’environ 2 GW sur la façade maritime Nord Atlantique - Manche Ouest (annexe 2, zone Bretagne nord-ouest) ;

  • un projet d’éoliennes flottantes d’environ 1,2 GW sur la façade maritime Sud Atlantique (annexe 3, zone du golfe de Gascogne sud) ;

  • un projet d’éoliennes flottantes d’environ 2 GW sur la façade maritime Méditerranée (annexe 4, zone du golfe du Lion centre).

Autre(s) procédure(s) de mise en concurrence à venir

"Dans un second temps", "une ou plusieurs procédures de mise en concurrence" devraient être lancées pour des projets "mis en service à l’horizon 2040", dans l’objectif d’atteindre 45 GW en 2050, indique la décision :

  • un projet d’environ 2 GW sur la façade Manche Est - mer du Nord (annexe 1, zone Roche-Douvres) ;

  • un projet d’environ 2 GW totalement ou pour partie sur la façade Nord Atlantique - Manche Ouest et, pour la partie restante, le cas échéant, sur la façade Manche Est - mer du Nord sans que cette dernière ne puisse dépasser 1 GW et dans le respect des objectifs assignés à chaque façade (annexes 1 et 2, zones Roches-Douvres et Bretagne nord-est) ;

  • un projet d’environ 1,2 GW sur la façade Sud Atlantique (annexe 3, zone du golfe du Gasgogne nord) ;

  • un projet d’environ 1,1 GW sur la façade maritime Méditerranée (annexe 4, zone du golfe du Lion est).

"Ces initiatives offrent une visibilité précieuse pour la filière des énergies renouvelables et l'ensemble de l'industrie qui l'accompagne, générant ainsi de nombreux emplois locaux", a souligné la ministre déléguée à l'Énergie.

Pour l'heure, trois parcs éoliens en mer sont en service dans l'Hexagone, trois sont en construction, deux ont été attribués et quatre procédures sont en cours, rappelle le ministère de la Transition écologique.

Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) s'est félicité "de la volonté du gouvernement de faire de l'éolien en mer, énergie compétitive et renouvelable, un pilier majeur de la transition énergétique", en rappelant que cette technologie représente aujourd'hui plus de 8.300 emplois en France et devrait représenter plus de 20.000 emplois d'ici 2035.

Zones de protection forte de la biodiversité en mer

La décision (annexes 6 à 9) mentionne en outre les secteurs d’étude pour le développement des zones de protection forte de la biodiversité en mer. "Les préfets coordonnateurs de façade, en lien avec les préfets de département, poursuivront l’organisation de la concertation sur la définition des périmètres à proposer à la reconnaissance en protection forte, de manière à atteindre, conformément à la stratégie nationale pour la mer et le littoral et à la stratégie nationale pour la biodiversité, les objectifs de couverture à l’horizon 2027 de 1% des eaux de la façade Manche Est - mer du Nord, 3% des eaux de la façade Nord-Atlantique - Manche-Ouest, 3% des eaux de la façade Sud Atlantique et 5% des eaux de la façade Méditerranée ; et à contribuer à l’objectif de couverture de 5% des eaux françaises métropolitaines à l’horizon 2030", précise le gouvernement dans sa décision.

Inquiétude de la LPO

La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) se dit inquiète de "l'insuffisante prise en compte des impacts écologiques potentiels" sur les aires marines protégées. "Malgré l’abandon d’un certain nombre de zones problématiques, des aires marines protégées restent désignées comme prioritaires pour l’implantation d’éoliennes, regrette l'association environnementale dans un communiqué. C’est ainsi le cas en Méditerranée où la biodiversité marine est déjà soumise à de très fortes contraintes et menaces. D’autres sites choisis au large de l’île d’Oléron et en Bretagne Nord sont également susceptibles de dégrader les écosystèmes et perturber les déplacements des animaux migrateurs."

Satisfaction prudente du président de la région Bretagne

Le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, s'est réjoui dans un communiqué que "la priorité soit donnée à l’éolien flottant, dont le premier parc commercialisé d’Europe est déjà prévu en Bretagne Sud". "Pour ce qui concerne la Bretagne, de manière générale, je redis que notre priorité est de conserver notre activité de pêche, tout en préservant notre environnement, souligne Loïg Chesnais-Girard. Ce travail nécessite que les parcs soient installés plus loin de nos côtes et respectent, évidemment, les zones dédiées à nos forces armées. Le tout doit être adossé à une politique en faveur de l’hydrogène vert, nécessaire aux usages locaux, ainsi qu’à une politique portuaire ambitieuse." À ce sujet, la concertation entre la région et l’Etat va se poursuivre via la conférence régionale pour la mer et le littoral de Bretagne (CRML) qui fournira ses conclusions dans les prochaines semaines", a-t-il indiqué.

Pour le gouvernement, la décision du 18 octobre marque "une étape importante du cycle de planification maritime, qui se poursuivra par la mise à jour des documents stratégiques de façade, qui feront l’objet de nouvelles concertations locales, avant leur approbation prévue à l’été 2025".