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Crise financière et économique - Prudence ou volontarisme : les maires européens à l'heure des choix

Réunis à Paris les 11 et 12 décembre pour leurs premières Rencontres europénnes, les présidents des associations nationales d'élus locaux ont rappelé que les collectivités étaient en première ligne pour la relance de l'économie. Ils ont aussi mis en avant leur expérience dans la lutte contre le changement climatique.

200 milliards d'euros : le plan de relance de l'Union européenne a été adopté par les  Vingt-Sept à Bruxelles, vendredi 12 décembre. Un plan qui, comme la plupart des plans de relance nationaux, va impliquer les collectivités plus ou moins directement. D'abord parce qu'il prévoit une simplification des aides européennes et une accélération de leurs versements. De quoi faciliter les investissements. Or en France, les collectivités locales représentent 73% de l'investissement public (trois fois plus que l'Etat). On retrouve à peu près le même taux ailleurs en Europe. Et l'on compte bien sur elles pour faire redémarrer l'activité. Mais les maires européens, qui sont en première ligne, regrettent de n'avoir pas été associés à ces décisions. Réunis à l'initiative de l'Association des maires de France (AMF) dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne, ils ont arrêté une déclaration commune dans laquelle ils réclament un véritable "volet territorial" à ce plan de relance et "une plus grande concertation pour coordonner et combiner les initiatives de tous les acteurs impliqués dans le développement local".
L'amertume est d'autant plus lisible chez les élus français que le plan de relance de 26 milliards d'euros présenté la semaine dernière par Nicolas Sarkozy se veut résolument volontariste... et risque de mettre entre parenthèses les critères de Maastricht. Lignes TGV, routes, crèches, etc. : la liste est longue des projets où les collectivités vont être mises à contribution.

 

"Les collectivités n'ont pas un problème de trésorerie"

"Nos associations demandent que les Etats ne puissent pas engager les collectivités locales au niveau européen sans un débat préalable avec leurs représentants", a déclaré Jacques Pélissard, le président de l'AMF.
Avec des marges de manoeuvre restreintes, les collectivités vont-elles être prêtes à répondre à l'effort financier qu'on leur demande ? C'est la question qui taraude en haut lieu. Car elles vont être confrontées à un dilemme, a souligné Dominique Hoorens, directeur des études chez Dexia : "Retarder l'investissement ou au contraire investir pour relancer l'activité économique, préserver leur santé financière ou participer aux plans de relance ?" Philippe Laurent, le vice-président de l'AMF, se dit "convaincu que certaines communes ont déjà décidé de reporter leurs projets". D'où les diverses mesures prises pour éviter l'assèchement du crédit. La Banque centrale européenne a déjà fortement baissé ses taux (moins 0,75 point), ramenant ainsi le taux principal à 2,5%. De son côté, la Banque européenne d'investissement (BEI) est en discussion avec toutes les banques françaises, dont Oséo, la banque publique des PME, pour financer les investissements des collectivités et des PME. Des mesures qui s'ajoutent au 5 milliards débloqués en octobre dernier par le gouvernement pour le refinancement des collectivités. Mais pour Philippe Laurent, "les collectivités n'ont pas un problème de trésorerie mais de visibilité à long terme". "Ce qu'elles veulent, c'est de la stabilité sur les règles !", explique-t-il. En attendant, les collectivités doivent retrouver le Premier ministre mardi prochain pour une conférence où il sera principalement question du FCTVA (fonds de compensation de TVA) anticipé, prévu par le plan de relance français.

 

Michel Tendil

Les maires européens unis dans la lutte contre le changement climatique

Les  Rencontres européennes des présidents des associations nationales d'élus locaux se sont ouvertes le 11 décembre par un débat sur la responsabilité des maires dans la mise en oeuvre des politiques publiques en matière de développement durable. Jacques Pélissard, président de l'AMF, a rappelé en introduction le rôle essentiel des collectivités dans la lutte contre le changement climatique qui nécessite de "fédérer les énergies" à tous les niveaux. Prenant l'exemple de la Charte des maires pour l'environnement  élaborée en 2007 par l'AMF et du Grenelle de l'environnement, il a souhaité faire de ces premières rencontres un "Grenelle des maires européens". Les échanges d'expériences en matière de réduction de la consommation énergétique dans le bâtiment, de gestion des déchets et de management des politiques locales de développement durable ont été au coeur des débats et Christophe Rouillon, responsable de la commission Europe de l'AMF, a plaidé pour la réalisation d'un guide européen du maire en la matière. Une étude sur l'état de l'environnement et des politiques de développement durable menée dans 32 villes européennes a été présentée. Ses résultats, fondés sur 25 indicateurs à la fois environnementaux et sociaux (qualité de l'air, consommation d'eau, modes de déplacements, quantité de déchets municipaux, pistes cyclables, espaces verts, niveau d'emploi des femmes, mise en place des Agenda 21, etc.) permettent de repérer les collectivités les plus vertueuses et en agrégeant le tout, d'esquisser le portrait d'une ville durable idéale. Ainsi, Göteborg et Helsinki arrivent en tête pour la qualité de l'air, Dresde, Saragosse et Heidelberg pour la faible consommation d'eau. Dresde se distingue encore pour la production de déchets, inférieure à 334 kg/hab./an, Munich et Anvers par la faible part de déchets non triés (250 kg/hab./an), Aalborg, Hanovre et Helsinki par l'importance du tri sélectif (entre 62% et 50%). Copenhague détient la palme du "verdissement" des marchés publics. Prague, Stockholm et Vienne sont les villes où les transports publics sont les plus utilisés pour les trajets domicile-travail, Barcelone et Madrid celles où la voiture est moins utilisée que tous les autres moyens de transport et Copenhague et Riga celles où le nombre de voitures par habitant est le plus faible (20%). Copenhague arrive en tête pour les déplacements à vélo (36%) et Helsinki par l'importance du réseau de pistes cyclables (1.500 kilomètres). Oslo et Göteborg possèdent le plus d'espaces verts (plus de 200 m2 par habitant). Vienne, Munich et Barcelone ont le plus recours à l'énergie solaire pour le chauffage et l'alimentation électrique de leurs bâtiments publics tandis que l'énergie verte représente 25% de la consommation totale d'énergie de Heidelberg. Les Agenda 21 sont particulièrement développés à Aalborg, Hanovre, Munich et Stockholm. Dans les villes nordiques et allemandes étudiées, le taux d'activité des femmes est supérieur à 70%. C'est à Stockholm qu'elles sont le plus représentées au niveau politique (plus de 50% d'élues). Copenhague, Munich et Berlin sont les villes les plus agréables pour les enfants et les jeunes. Les villes allemandes et Prague sont celles où le niveau d'éducation de la population est le plus élevé. Enfin, la plus forte participation des citoyens aux élections locales est enregistrée à Riga ainsi que dans toutes les villes danoises, belges et italiennes.

Anne Lenormand