Programme Life 2025 : à vos marques !
Les appels à projets 2025 du programme européen de financement Life, dédié à l’environnement et au climat, vont être lancés sous peu. Une opportunité de financement à ne pas négliger en ces temps de disette budgétaire, même si la lourdeur du dispositif peut rebuter. Le ministère met toutefois plusieurs outils à disposition afin d’aider les porteurs de projet à sauter le pas… sans tomber dans le vide.

© Manon T CC BY 4.0/ Le marais poitevin
"Vous connaissez tous le contexte de nos finances publiques. Les programmes de financement européen, c’est vraiment une opportunité. On souhaite qu’il y ait un maximum de candidats". En ouvrant ce 27 février le webinaire annuel de présentation du programme européen de financement Life, dont les appels à projets 2025 vont être lancés sous peu, Benjamin Fouchard, chef du bureau Partenariats, opérateurs, projets au sein de la direction de l’action européenne et internationale du ministère de la Transition écologique, n’a pas manqué de relayer l’appel à la mobilisation générale récemment lancé par le Premier ministre (voir notre article du 13 février dernier) pour mieux capter les fonds européens.
Qualité à défaut de quantité
Un appel lancinant, mais jusqu’ici guère porteur. En matière de consommation des fonds européens en général, la France est loin de faire la course en tête. Et le programme Life ne fait pas exception : "On a un souci avec le nombre de candidatures sur ce programme par rapport à nos voisins européens", concède le fonctionnaire. En 2023, il indique que seuls "10 projets français ont été lauréats, bénéficiant de 31 millions d’euros de subventions UE" (voir notre article du 5 novembre dernier). Cinea, l’agence européenne chargée de la gestion du programme, en recense elle 14… sur un total de 204 (moins de 7%). Autant que les Pays-Bas, et loin derrière la Belgique (31), l’Italie (30) ou l’Espagne (24). "Moins de 10% alors que nous pesons grosso modo 15% de l'Europe", recensait naguère Agnès Pannier-Runacher d’une manière générale (voir notre article précité), en déplorant que l’on ne soit "pas assez offensif pour obtenir ces crédits".
Seul motif de consolation, pointé par Benjamin Fouchard : "Les projets [français] sont en général de bonne qualité". Le fonctionnaire ne vise pas là l’efficacité de ces derniers, mais leur capacité à passer sous les fourches caudines de l’administration bruxelloise : "Sur l’ensemble des projets déposés [dans le cadre du programme Life], le taux de succès est d’environ 20%. Pour les projets français, il est d’environ 32%. Et de 50% pour les projets accompagnés par le ministère".
La moitié des crédits de la programmation 2021-2027 encore à mobiliser
Car ce dernier ne ménage pas ses efforts pour aider les porteurs de projet à se lancer… sans tomber dans le vide. Séance de décryptage (et traduction) des appels à projets ("Infoday" à venir), webinaires d’aide au montage de projet (le 18 mars pour la France métropolitaine, les 19 et 20 mars pour l’océan Pacifique/Indien, les 25 et 26 mars pour l’océan Atlantique/Indien), appui des points de contacts nationaux, assistance personnalisée… Il faut dire que sur les 5,43 milliards d’euros affectés au programme Life pour l’actuelle programmation 2021-2027, "la moitié reste encore à mobiliser sur 2025-2027". La France est loin d’être la seule à ne pas prendre sa part du gâteau...
Comme les autres fonds, qui souffrent d’une "complexité" et d’une "rigidité" de leurs règles de mise en œuvre récemment dénoncées par la Commission européenne elle-même (voir notre article du 17 février dernier), Life a de quoi rebuter plus d’un candidat. "Le programme Life est exigeant. Les porteurs de projets ne doivent pas être surpris d’avoir trois mois d’équivalent temps plein à consacrer pour le montage et la rédaction du dossier", prévient le ministère. Il souligne que le "niveau de détail sur l’état des lieux initial, les actions et sous-actions envisagées et budgétées, les impacts, chiffrés, attendus du projet" est très élevé.
Du côté d’Enviropea, l’association missionnée par le ministère pour aider les porteurs de projet à constituer leur dossier, on confirme : "Life demande beaucoup de travail, énormément de détails. On est sur du 60-65 pages", voire "du 120 pages pour [certains] sous-programmes". Et c’est un travail de longue haleine : ouverture des appels à projets en avril ; soumission courant septembre ; communication des résultats et préparation des conventions au printemps prochain, signature au début de l’été suivant pour un démarrage conseillé des projets en septembre 2026. Sachant que le projet en lui-même dure en général "entre 2 et 5 ans". Un investissement qui implique des projets d’une certaine taille : "On n’a jamais de projets financés s’ils sont à moins de 500.000 euros", avertit le ministère. Et d’ajouter : "Le budget moyen, pour les projets Life standards, c’est entre 2 et 5 millions d’euros".
Rentabiliser l’investissement
Outre les opportunités de financement apportées par le programme, le ministère s’emploie à souligner que cet investissement initial peut être rentabilisé en développant "une stratégie de captation des subventions européennes", comme le suggère Fabien Delafalize, "point de contact" au ministère pour le sous-programme Transition vers l’énergie propre. "Il faut aller chercher un effet d’entraînement pour capitaliser sur cette première expérience, en candidatant à d’autres dispositifs européens, et en s’appuyant sur la crédibilité et la robustesse acquises". L’expert suggère même de "ne pas hésiter à recycler cette charge de travail en remodelant le projet pour l’adapter à un autre guichet : le volet recherche & développement pourra être soutenu par le dispositif Horizon Europe, le déploiement d’une technologie innovante pourra être soutenu par le Fonds pour l’innovation, je pense aussi au Feder", précise-t-il.
Pas d’emballement toutefois, car il est utilement rappelé que "les double financements sont bien sûrs interdits". Il s’agit plutôt de solliciter plusieurs fonds pour les "différentes briques" du projet. Une voie qui n’est toutefois pas sans embûche, chaque fonds ayant ses propres règles. "On a l’habitude de déposer des dossiers Horizon Europe, donc on avait tourné notre projet Life un peu de cette manière. Cela n’allait pas du tout", témoigne un porteur de projets Life venu faire part de son expérience, néanmoins positive grâce au concours du ministère. Vivement le fonds "chef de file" ! (voir notre article du 25 février dernier), et son élargissement à tous les programmes…