Rénovation énergétique - Programme "Habiter mieux" : les facteurs s'y mettent aussi
Pressée par le gouvernement d'améliorer l'efficacité du programme de rénovation énergétique "Habiter mieux" (voir notre article ci-dessous du 5 mars 2018), l'Anah (Agence nationale de l'habitat) fait feu de tout bois pour atteindre l'objectif de 75.000 logements rénovés en 2018, contre 52.266 l'an dernier. Cet objectif, fixé par le plan Climat, entend accélérer la transition énergétique et climatique. La mobilisation de l'Anah pour l'atteindre s'est d'ores et déjà traduite par plusieurs initiatives depuis quelques semaines.
Plus d'agilité pour "Habiter mieux"
Depuis le début de cette année, l'Anah propose ainsi une nouvelle aide dans le cadre du dispositif "Habiter mieux", baptisée curieusement "Habiter mieux agilité". Cette aide permet aux propriétaires occupants à revenus modestes de bénéficier d'un financement de 7.000 à 10.000 euros pour faire réaliser, par une entreprise RGE (reconnue garante de l'environnement), l'une des trois catégories de travaux suivantes : le changement d'une chaudière ou du mode de chauffage, l'isolation de combles aménagés ou aménageables, ou l'isolation des murs.
L'aide peut représenter jusqu'à 50% du coût des travaux HT et un maximum de 10.000 euros pour les propriétaires relevant de la catégorie "ressources très modestes" (plafond annuel, par exemple, de 29.479 euros pour un ménage de deux personnes en Ile-de-France et de 21.217 euros dans le reste de la France). Elle peut aller jusqu'à 35% du coût des travaux HT et un maximum de 7.000 euros pour les propriétaires relevant de la catégorie "ressources modestes" (plafond annuel, par exemple, de 35.875 euros pour un ménage de deux personnes en Ile-de-France et de 27.200 euros dans le reste de la France).
Cette aide simplifiée complète "Habiter mieux sérénité", qui propose les mêmes montants, mais pour un panel de travaux plus large et complétés par un accompagnement-conseil et une prime "Habiter mieux" de 1.600 ou 2.000 euros.
Une expérimentation avec la Poste dans le Maine-et-Loire
Mais plusieurs rapports - dont celui du CGEDD et de l'Inspection générale des finances (voir notre article ci-dessous du 3 novembre 2017) - ont pointé le manque de lisibilité des dispositifs en faveur de la rénovation énergétique, qui nuit à l'information du public et à la diffusion des aides.
L'Anah cherche donc à "diversifier ses partenariats, afin de rentrer en contact avec les ménages pour promouvoir son offre 'Habiter mieux'". Durant le premier trimestre 2018, l'Anah mène ainsi une expérimentation inédite avec la Poste. A Vihiers (2.300 habitants), dans le Maine-et-Loire, les facteurs se chargent en effet de prospecter les bénéficiaires potentiels d'"Habiter mieux". Dans le cadre d'un partenariat avec la Poste - toujours à la recherche de diversifications pour ses salariés -, ceux-ci assurent une "mission de prospection et de sensibilisation aux enjeux et aux dispositifs de rénovation énergétique".
En pratique, après l'envoi d'un courrier d'information, le facteur réalise une visite à domicile des ménages ciblés et leur présente le programme "Habiter mieux." Le facteur présente le grand avantage de bénéficier de la confiance de la population, dans un domaine où les arnaques ne sont pas rares. Il connaît également bien les habitants et peut repérer ceux qui souffrent de précarité énergétique. Les premiers résultats de l'expérimentation, rapportés par l'Anah sur son site, semblent encourageants. Pour Gilles Leroy, secrétaire départemental en charge de l'habitat, "ce partenariat a permis un apport significatif de nouveaux dossiers qui nous rapproche de nos objectifs". Reste à savoir si l'expérience a vocation à être démultipliée, voire généralisée.