Près d'un usager sur deux se sent en insécurité dans les transports
45% des usagers des transports en commun se sentent en insécurité, selon une note de l’ONDRP (Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales) publiée ce mardi 30 janvier. Parmi eux, 16% se sentent en permanence dans cette situation. Chez les femmes, ce sentiment est encore plus répandu : 54% d’entre elles se sentent en insécurité contre 39% chez les hommes, selon cette note réalisée à partir des "enquêtes de victimation" baptisées "Cadre de vie et sécurité" menées depuis une dizaine d’années par l’ONDRP sur la base d’un très large panel de 15.000 personnes interrogées. "Certains comportement qui peuvent a priori être considérés comme anodins ou inoffensifs sont perçus par les femmes comme insultants voire agressifs", indique l’ONDRP pour expliquer cet écart, citant par exemple les "tentatives de drague". L’insécurité est également très présente chez les jeunes (48%) alors que, paradoxalement, les personnes âgées se sentent moins exposées : plus des deux tiers des personnes de plus de 65 ans se sentent toujours en sécurité dans les transports.
Le principal facteur anxiogène des usagers provient des incivilités (citées dans 8 cas sur 10 comme facteur anxiogène). L’absence d’autres personnes à bord d’une rame ou dans une station est également citée dans 58% des cas. A noter que 32% des usagers estiment les gares et stations peu rassurantes.
"Stratégies d'évitement"
L’ONDRP a poussé plus loin son analyse selon le type d’usage, l’heure, le lieu... Il en a déduit quatre types d’usagers, ce qui pourra s’avérer utile pour les opérateurs de transport : les usagers du quotidien en activité ou bien étudiant, les inactifs (le plus souvent des personnes âgées) et les usagers occasionnels. Les usagers du quotidien actifs qui doivent emprunter le train, le métro ou le bus chaque jour pour aller travailler (ce sont généralement des Franciliens) se sentent plus en sécurité que la moyenne (40% d’entre eux se sentent la plupart du temps en insécurité, contre 29%). Mais c'est lorsqu'ils sont seuls (la nuit ou en soirée) qu'ils se sentent le plus vulnérables, alors que les inactifs sont au contraire plus sensibles aux rames bondées et les usagers occasionnels aux dégradations ou au manque d’éclairage.
Face à cette situation, tout le monde n’a pas les mêmes moyens de se prémunir. 26% des usagers mettent en place ce que l’ONDRP appelle des "stratégies d’évitement" : changement d’horaire, de ligne, voire carrément de moyen de transport. Mais tous n’ont pas cette possibilité. Certains sont "captifs des transports". C’est particulièrement vrai des usagers du quotidien qui, pour un tiers d’entre eux, n’ont aucune autre solution.
"Les opérateurs de transport ont pris conscience de l’intérêt à se préoccuper de la question du sentiment d’insécurité dans les transports en commun", se félicite l’ONDRD, à l’appui de nombreuses initiatives comme l’arrêt à la demande dans les bus de nuit expérimenté à Nantes, ou des campagnes contre le harcèlement des femmes… Un intérêt économique autant que sécuritaire, puisque de ce sentiment dépend la fréquentation des lignes. L'observatoire leur suggère cependant quelques mesures : rendre la présence des agents plus visible plutôt que de miser exclusivement sur les caméras, améliorer l’éclairage… Avec toutefois cette mise en garde : des arrêts de bus éclairés dans un environnement sombre exposent au contraire les usagers à la vue d’éventuels agresseurs, comme l’ont montré certaines études.