Près de la moitié des festivals de musiques actuelles en déficit
Les festivals de musiques actuelles ont connu un été difficile en termes financiers, selon un bilan de leur syndicat. Et la saison 2024, marquée par la tenue des Jeux olympiques, ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices.
Pour les festivals de musiques actuelles, le contexte général et l'avenir s'annoncent complexes. Voilà résumé le bilan de la saison 2023 récemment publié par le Syndicat des musiques actuelles (SMA). Un bilan qui s'appuie sur les données issues de plus de 170 festivals et, surtout, sur un exercice qui, après plusieurs années bouleversées par la crise du Covid, permet "d'avoir une meilleure visibilité sur la situation des festivals".
Première conséquence de la sortie de crise sanitaire : la fin des aides exceptionnelles pour un secteur "aujourd'hui confronté à une inflation extrêmement forte". On note ainsi une hausse du budget artistique de 20% en moyenne entre 2022 et 2023 pour plus de 70% des festivals, une hausse des coûts d'assurance de 56% entre 2019 et 2022 et une hausse des frais de sécurité privée de 26% sur la même période.
Financements publics en berne
À cela, il convient d'ajouter d'autres difficultés pesant sur les finances des festivals : des réglementations qui "se multiplient et se durcissent", à l'exemple des études d'impact sur les nuisances sonores, en augmentation, ou des incidents météorologiques extrêmes, également en hausse, qui ont touché en 2023 un tiers des festivals interrogés et entraîné annulations ou réorganisations. Face à ces coûts en hausse, "les évènements déplorent des financements publics en berne, qui ne leur permettent pas d'être soutenus pour leur fonctionnement".
Résultat : malgré le retour du public – 55% des festivals adhérents au SMA ont été complets sur au moins une journée – 43% des festivals présentent en 2023 un déficit, lequel atteint en moyenne 115.400 euros. "Le modèle économique de festivals financés à plus de 85% par leurs recettes propres atteint ses limites", ajoute le SMA, avant d'en appeler aux institutions : "Nous avons besoin de l'aide de l'État et des collectivités locales, d'un accompagnement et d'un cadre protecteur."
L'été olympique en ligne de mire
À côté de tous ces problèmes structurels, la question de l'organisation des festivals durant l'été 2024, alors que les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) se tiendront en France, occupe également les esprits du secteur des musiques actuelles. Après qu'une menace d'annulations ou de reports a plané en raison des exigences de sécurité de Paris 2024, une circulaire de décembre 2022 est venue clarifier la situation à propos du maintien des festivals. "Il reste quelques incertitudes sur les autorisations préfectorales", précise toutefois le SMA. Surtout, le syndicat regrette que "plus de 20% des festivals interrogés dans une enquête ne sont toujours pas certains de la bonne tenue de leur édition 2024, alors même que d'autres ont déjà dû soit renoncer, soit s'adapter sous la contrainte avec par exemple des changements de dates". Pour les festivals qui se tiendront bien à l'été 2024, "la mobilisation de matériels et équipes techniques, de sécurité, etc. par les JOP vient tendre fortement le marché des prestataires et des recrutements", conclut le syndicat.