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Premier bilan du plan Climat : Nicolas Hulot appelle à un changement d'échelle

"Changer d'échelle est plus que jamais d'actualité" pour lutter contre le réchauffement climatique, a plaidé ce 6 juillet Nicolas Hulot, alors que les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse en France en 2017.

"Les nouvelles ne sont pas bonnes à l'échelle de la planète : les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse", a rappelé Nicolas Hulot ce 6 juillet, en dressant un premier bilan du plan Climat qu'il avait lancé en juillet 2017 et qui vise à faire de la France un pays "neutre" en carbone à l'horizon 2050. "Elles ne sont pas bonnes non plus en France", a poursuivi le ministre de la Transition écologique, en estimant que "changer d'échelle est plus que jamais d'actualité".

Hausse des émissions de gaz à effet de serre

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont en effet progressé l'an dernier, avec 466 millions de tonnes équivalent de CO2 alors qu'elles étaient restées stables en 2016 à 458 millions de tonnes. "C'est le signe que notre logiciel économique n'a pas tout à fait changé", a observé Nicolas Hulot. "C'est pour ça qu'on a passé une année à faire des plans très concrets", dans les domaines du logement et des transports, des énergies renouvelables, de l'économie circulaire ou encore de la lutte contre la déforestation importée, a-t-il poursuivi. Il s'est aussi félicité de l'adoption de la loi Hydrocarbures, "loi de cohérence". Il a souligné la fermeture d'ici à 2022 de quatre centrales à charbon et la signature dans les prochains mois des premiers contrats de transition écologique.
Parmi les dispositions mesurables un an après, le ministre s'est félicité du "véritable succès" de la prime à la conversion pour acheter une voiture moins polluante. Entre janvier et juin 2018, 75.000 personnes ont bénéficié de cette prime dont le montant est de 1.000 euros pour les ménages imposables et de 2.000 euros pour les ménages non imposables. Le ministère a aussi initié une prime pour changer les chaudières au fioul et a notamment décidé de relever le montant du chèque énergie à 200 euros en 2019.

Des efforts à faire sur le bâtiment et les transports

"On a avancé, on a accéléré", mais "il y a des domaines où on n'a pas assez fait", a estimé le ministre, qui a annoncé qu'un bilan d'étape serait fait chaque année. Il s'agit ainsi de "réaffirmer notre soutien indéfectible à l'accord de Paris", a-t-il souligné. C'est sur le secteur du bâtiment et des transports que devront désormais porter les efforts du gouvernement car "le compte n'y est pas". Pour le premier, Nicolas Hulot dit "beaucoup compter sur la PPE [programmation pluriannuelle de l'énergie] pour renforcer les politiques" en la matière. Quant au secteur des transports, qui représente 30% des émissions de gaz à effet de serre, des mesures visant à réduire son impact environnemental seront contenues dans le projet de loi d'orientation des mobilités attendu en septembre prochain. Ces mesures de "mobilité propre" seront présentées le 20 juillet prochain par Nicolas Hulot et Élisabeth Borne. La ministre des Transports, qui s'est aussi exprimée ce 6 juillet à l'occasion du premier anniversaire du plan climat, a indiqué que le plan Vélo sera un "contributeur décisif" pour résoudre les problèmes de pollution de l'air, de même que "les zones à faibles émissions dans les villes françaises qui en ont le plus besoin."

Fiscalité écologique : les associations réitèrent leur demande

Plusieurs associations et réseaux représentant municipalités et collectivités (Association des maires de France, Assemblée des communautés de France, Régions de France, Association des petites villes de France, France Urbaine, Villes de France, Amorce, Energy Cities, etc.) ainsi que des ONG (Réseau Action climat France, WWF, Fondation pour la Nature et l'Homme, Cler…) ont profité de la présentation de ce premier bilan du plan climat pour demander une nouvelle fois que "les recettes de la fiscalité écologique soient consacrées à la transition écologique", alors que la taxe carbone doit représenter 15 milliards d'euros de recettes en 2022, selon un communiqué. Pour ces structures, "cette affectation doit se faire au plus près des territoires car c'est à ce niveau-là que se jouera la transition énergétique."
Suite aux annonces faites par le Premier ministre ce 4 juillet lors de la réunion à Matignon de l'instance de dialogue de la Conférence nationale des territoires (lire notre article ci-dessous), les associations affirment se tenir à disposition du gouvernement "pour ouvrir enfin les discussions sur la territorialisation de la contribution climat énergie". "Celles-ci doivent permettre de définir les modalités pour intégrer cette mesure au projet de loi de finances pour 2019 afin de confirmer les ambitions du gouvernement pour le climat et les territoires, soulignent-elles. Sans cela, l'augmentation de la fiscalité environnementale aura pour seul impact d'apporter de nouvelles recettes budgétaires à l'État."