Pour l'AMF, la reconstruction de Mayotte passe par la maîtrise de l'immigration

A l'issue d'un déplacement de David Lisnard à Mayotte, la semaine dernière, l'AMF place la maîtrise de l'immigration comme une des principales questions à résoudre pour espérer reconstruire l'archipel dévasté par le passage du cyclone Chido en décembre.

"La condition première du redressement de Mayotte est la maîtrise de l’immigration", affirme l’Association des maires de France (AMF), dans un communiqué publié le 7 février, au terme d’un déplacement de trois jours de son président David Lisnard. Celui-ci s’est rendu sur place du 3 au 5 février pour "rencontrer les maires et évaluer les besoins" après le passage du cyclone Chido en décembre dernier. Sans la maîtrise de l’immigration, "les efforts financiers consentis ne produiront pas d’effets sur l’amélioration des conditions de vie des habitants de Mayotte. C’est la conviction profonde et partagée des maires de Mayotte qui sont en première ligne face à cette réalité", poursuit l’association, un jour après l’adoption par l’Assemblée, le 6 février, d’une proposition de loi LR visant une nouvelle fois à durcir les conditions d'accès à la nationalité française pour les enfants nés sur l’archipel (en 2018, des restrictions avaient déjà été apportées par la loi).

Immigration incontrôlée

"Le cyclone Chido a exacerbé les difficultés déjà très présentes dans l’archipel, que ce soit pour l’accès à l’eau, aux soins, à l’éducation, le traitement des déchets, l’assainissement, ou encore la sécurité", souligne l’AMF pour qui  "toutes les politiques publiques essentielles à la vie quotidienne des habitants subissent les effets massifs, et sans équivalent sur le territoire national, d’un flux d’immigration incontrôlé".

Pour l’AMF "la maitrise de l’immigration à Mayotte exige une action forte, constante et cohérente de l’Etat, tant sur le plan diplomatique qu’en matière d’environnement juridique et de moyens d’intervention en mer des forces de sécurité". Conditions qui, selon elle, ne sont "pas remplies" aujourd’hui.  

Lors de ce déplacement, David Lisnard a constaté les dégâts et recueilli les propositions des maires de Pamandzi, Dzaoudzi, Dembeni, Kani-Kéli, Tsingoni, Sada, Acoua, Bandraboua et Mamoudzou. Alors qu'un accord a été trouvé en commission mixte paritaire ce lundi autour du projet de loi d’urgence pour Mayotte, l’AMF estime que la reconstruction ne pourra se faire que si quatre impératifs sont respectés. Elle demande que "les soutiens financiers annoncés" s’inscrivent dans "une vraie loi de programmation avec un calendrier et des objectifs précis à court et moyen termes" et que les dépenses occasionnées pour les collectivités, notamment pour la réparation des écoles, puissent faire l’objet d’un "fonds d’aide spécial". 

Associer pleinement les élus

Elle exige aussi que les élus locaux soit "pleinement associés" aux décisions sur la reconstruction. A cet égard, la participation du président de l’Association des maires de Mayotte au conseil d’administration de l’établissement public prévu pour coordonner les travaux est perçue comme un "signal positif". Enfin, l’AMF demande que "le recensement soit enfin effectué pour avoir une connaissance réelle de la démographie" et "pour ajuster les dotations des communes et intercommunalités en conséquence". Car la "sous-estimation de la population réelle" conduit à la saturation des services publics. "On ne peut pas mentir sur la démographie. Les maires la connaissent : ils la voient dans les rues, dans les logements, dans les besoins de scolarisation, dans la saturation des services de soins. Elle conditionne les moyens des communes qui sont donc structurellement sous dotées", souligne David Lisnard, cité dans le communiqué.

A noter que la proposition de loi LR adoptée par 162 voix contre 93 lors d'une séance houleuse avait été préparée avant le passage du cyclone, mais ce dernier a ravivé les débats. Initialement, elle prévoyait que l’obtention de la nationalité française pour les enfants nés à Mayotte soit conditionnée à la résidence régulière sur le sol français des deux parents (et non plus d'un seul), au moment de la naissance, et ce depuis un an (et non plus trois mois). Mais un amendement UDR a porté cette condition à trois ans. Le texte est à présent entre les mains des sénateurs. "La population de Mayotte a quadruplé de 1985 à 2017", a argué, lors des débats, l'auteur de la proposition de loi Philippe Gosselin, du fait, essentiellement, de l'immigration en provenance des Comores. Le député a également indiqué que 40% de l'habitat y était "informel".

 

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