Pour la surveillance des baignades, les titulaires du BNSSA deviennent des MNS comme les autres

Un décret du ministère des Sports met sur un pied d'égalité les titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique et les maîtres-nageurs sauveteurs pour la surveillance des baignades. Les élus au sport se félicitent de cette mesure qui devrait aider à lutter contre la pénurie de personnel.

C'est une demande des collectivités locales, et plus largement des gestionnaires de piscines, à laquelle le ministère des Sports vient d'accéder par le biais d'un décret du 3 juin : les titulaires du brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) peuvent désormais exercer leur mission de surveillant-sauveteur en autonomie et sans caractère dérogatoire dans tous les contextes de baignade, gratuite comme payante.

Les titulaires du BNSSA ne pouvaient jusqu'à présent exercer de surveillance en autonomie, hors du cadre de l'assistance à un maître-nageur sauveteur (MNS), que dans certaines conditions – accroissement saisonnier de l'activité et impossibilité de recruter des MNS – et sur dérogation préfectorale d'une durée limitée à quatre mois au maximum. Les MNS restent, de leur côté, seuls compétents pour exercer à la fois des missions de surveillance et d'enseignement de la natation.

Cette évolution réglementaire vise un double objectif, selon un communiqué du ministère des Sports : d'une part, "enrayer le fléau des noyades", responsables en France d'environ mille décès chaque année, dont près de la moitié pendant la période estivale, et 4% dans des espaces de baignades surveillées publics ou privés ; d'autre part, "renforcer la capacité à recruter des personnels de surveillance et la sécurité des baignades dès cet été" dans un contexte de baisse du nombre de détenteurs du titre de MNS observée depuis plusieurs années. D'après une enquête menée en 2022, 10% des postes de surveillants saisonniers étaient en effet restés vacants dans le courant de l'été 2021 et plus d'un tiers des exploitants interrogés exprimaient des difficultés à fidéliser leurs MNS.

Un "acte fondateur"

La FNMNS (Fédération nationale des maîtres-nageurs-sauveteurs) a réagi en évoquant  un "virage à 90°, attendu par un bon nombre de collectivités et de gestionnaires de piscines". Le syndicat s'est dit "attentif quant à l'évolution future de ce BNSSA, qui ne doit pas venir se substituer au MNS, mais dont la complémentarité est certes nécessaire". Depuis plusieurs années, de nombreux MNS, dont le parcours de formation complet totalise 1.165 heures, expriment leur réticence face au recours aux titulaires du BNSSA, dont la formation ne dure que 60 à 70 heures (lire notre article du 22 avril 2022).

Dans un communiqué du 3 juin, Patrick Appéré, président de l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport), s'est au contraire "félicité de cette décision qui va permettre de soutenir les collectivités locales en première ligne face à la pénurie de surveillants, contraignant régulièrement à fermer leur complexe aquatique ou leur base de loisir alors qu'ils représentent un fort enjeu d'animation de leur territoire". Pour l'Andes, "cet acte fondateur engage tous les acteurs sur l'amélioration de l'attractivité des métiers de la filière aquatique, et notamment des maîtres-nageurs sauveteurs".

Le ministère des Sports annonce à ce propos le lancement, avant l'été, d'une grande campagne de communication autour du métier de MNS et d'un plan média pour augmenter les vocations dans la filière aquatique. Un volet d'offre de formation continue et d'accompagnement de la carrière de MNS fera l'objet d'une convention signée entre le ministère et le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) d'ici la fin de l'année.