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Social / Citoyenneté - Pour ATD Quart Monde, la refondation du travail social passe par une réelle participation des personnes

Le 23 février 2015, soit peu de jours après la publication des rapports thématiques des Etats généraux du travail social (EGTS) (voir notre article ci-contre), ATD Quart Monde a publié sur son site un manifeste "pour une véritable refondation du travail social". A travers un plaidoyer au contenu assez opérationnel, cette contribution vient notamment compléter le rapport "Développement social et travail social collectif" des EGTS.
Revenant sur les origines du mouvement ATD Quart Monde - créé à la fin des années 1950 avec l'idée de "faire alliance avec les personnes les plus pauvres" pour lutter contre la pauvreté elle-même -, ce manifeste invite à repositionner le travail social sur "l'accès de tous à l'ensemble des droits fondamentaux et à une pleine citoyenneté, par la reconnaissance des personnes dans leur rôle d'acteurs de la vie sociale".

Etre dans une "relation de partenariat" avec les personnes en difficulté

A partir de différentes ressources – rapports émanant de plusieurs sources, expérimentations menées, travaux des "universités populaires Quart Monde", etc. -, ATD Quart Monde propose "trois points d'appui" destinés à faciliter la mise en œuvre d'un tel repositionnement. Le premier : faire en sorte que "tous les acteurs ayant une responsabilité concourant à la réalisation des droits fondamentaux (logement, travail, santé, famille, culture, justice, revenus d'existence)" nouent "une relation de partenariat avec les personnes en situation de pauvreté". Et cela à l'occasion de "l'élaboration d'actions, de recherches-actions, de programmes plus ambitieux, ou de contenus de formation".
Deuxième axe proposé : "construire des dynamiques, des espaces collectifs impliquant des acteurs divers sur un territoire". Pour lutter contre l'isolement des personnes démunies, ATD Quart Monde demande que les EGTS aboutissent à un réel développement de cette approche collective du travail social, "avec des règles, une éthique forte et des conditions de réussite".
A partir de l'exemple d'une démarche de recherche-action menée à Lille avec de nombreux partenaires, dont des familles en grande difficulté, le manifeste cherche à montrer comment ces dernières peuvent être "actrices de l'évolution de [leur] quartier". Et fournit, de façon assez pédagogique, des pistes pour expliquer comment, au départ, "rejoindre" ces personnes très pauvres – avec des actions de type "colportage culturel à domicile" permettant de créer progressivement un lien de confiance -, puis "comprendre (…) ce qui peut faire avancer dans ces projets ou ce qui au contraire les bloque" et favoriser le partage de connaissances et d'expériences.

Croisement des savoirs : développer les "co-formations"

Dans son troisième "point d'appui", ATD Quart Monde revient sur la nécessité de solliciter et de s'appuyer sur le "savoir de vie des personnes concernées". L'occasion de réaffirmer l'un des fondements de ce mouvement : la recherche d'"une réciprocité entre les savoirs universitaires, les savoirs d'action des professionnels, et les savoirs de vie des personnes en grande pauvreté", tant pour améliorer la connaissance des problématiques sociales - et la pertinence de l'action qui en découle - que pour renforcer la dignité des personnes et leurs chances de s'en sortir.
Là encore, le manifeste fait référence à des travaux, à une "charte du croisement des savoirs", à un réseau national et à des expérimentations. "Plus de 70 'co-formations'" impliquant professionnels et personnes en situation de précarité ont ainsi été "réalisées depuis 2002" dans les domaines social, sanitaire, éducatif, etc.
Cette approche, conclut ATD Quart Monde, "génère des transformations" aussi bien "dans l'attitude et les capacités des personnes en difficulté que dans celles des autres acteurs ; autant dans les milieux de vie que dans les institutions".